Un arc-en-ciel d'émotions

ven, 01/29/2016 - 13:27 - julie.destombes


Le BLANC de la pureté enfantine

Marjane Satrapi est connue pour avoir écrit une série de bandes dessinées auto-biographiques intitulée Persépolis. Elle y dessine en noir et blanc. Le blanc fait directement référence à la pureté de l’enfance. Dans le premier tome, elle nous fait part de son témoignage grâce à sa voix de petite fille emplie de rêves, d’innocence et de passion pour ses héros.

Le NOIR du désastre

Si elle utilise un support et un style accessibles, ce n’est que pour mieux nous parler de sujets politiques qui ont marqué l’histoire de son pays – l’Iran. Le noir fait ici écho à la révolution iranienne, au régime islamique et à son exil en Europe qu’elle nous conte. Elle met en scène le chaos de façon habile et pédagogique. 

Le TRANSPARENT du dessin

Si Marjane Satrapi utilise le noir et blanc pour mettre en avant les contrastes, cela lui permet aussi de faire primer le texte sur le dessin. Ainsi, l’illustration s’efface pour laisser plus de place aux propos écrits. Elle explique : « […] je choisis le noir et blanc : parce que mes histoires sont souvent très bavardes, et si le dessin est lui aussi très bavard, cela peut devenir excessif. J’essaie d’obtenir une harmonie […] ».

Le GRIS d’un monde non manichéen

Bien que Persépolis retrace les affres de la guerre, il s’agit aussi de faire un pied de nez aux préjugés des Européens sur l’Iran et l’Islam. Elle y fait d’ailleurs dire à Marji « Dès que je dis d’où je viens on me regarde comme si j’étais une sauvage. Pour eux nous sommes tous des cinglés fanatiques qui passent leur temps à hurler en se tapant dessus », «  Tu penses que c’est une raison pour renier tes origines ? » répond sa grand-mère. Non, ça ne l’est pas. Alors, elle nous montre une société éduquée et des femmes affirmées, comme sa mère et sa grand-mère – bien loin des stéréotypes.

Le ROUGE du communisme

Issue d’une famille de gauche progressiste, Marjane Satrapi est marquée dès l’enfance par les convictions de son grand-père. Celui-ci, communiste, est mort pour ses idées. Par ailleurs, le frère du personnage principal de Poulet aux prunes est lui aussi communiste. C’est ainsi que sur les seuls plans en couleurs du film Persépolis adapté des bandes dessinées, Marjane porte un manteau rouge.

Le PRUNE de l’amour

Mourir d’amour c’est possible. Dans Poulet aux prunes Marjane Satrapi dessine le portrait d’un homme qui refuse de travailler et qui n’a que faire de sa famille. A priori détestable, cet homme semble ne pas avoir de cœur. En réalité, ce dernier, après avoir été brisé, a noirci jusqu’à prendre une couleur prune. Une fois cela compris, l’homme nous devient sympathique, émouvant même, à mesure que nous découvrons ses sentiments et ses blessures qui l’ont poussé au suicide.

Le ROSE d’un film décalé

Dans The Voices, c’est un tout autre ton qu’utilise Marjane Satrapi. Il s’agit d’une histoire de sérial killer entremêlée d’une pointe de surréalisme et d’un brin de folie. La vie du héros, employé d’une usine à l’enseigne couleur malabar, n’est pas rose. Ses animaux de compagnie, à la fois anges et démons, le poussent à tuer et le blâment ensuite. Le rose omniprésent dans ce film loufoque permet une plongée attendrissante dans l’intimité d’un psychopathe.

Noémie Soyez