Un "bond" en avant

Costume ajusté, nœud papillon sanglé et pistolet chargé, le personnage de Ian Fleming est de retour sur les écrans avec un casting tiré à quatre épingles et un réalisateur oscarisé aux commandes ; Sam Mendes est le maître d’œuvre de Skyfall.

Générique léché (le titre phare, interprété par Adele, colle au genre), un méchant à la caractéristique physique effrayante, des voitures qui sautent, des motos déambulant sur le grand bazar d’Istanbul et des coups de feu dans tous les sens, pas d’erreur possible, on ne s’est pas trompé de salle. 

Le film s’ouvre sur un pré-générique durant lequel l’espion est projeté du haut d’un pont. Mais voilà, deux balles dans le torse ne suffisent pas à abattre cet espion britannique longue durée. Tout au plus est-il contraint à quelques mois de vacances. C’est affichant une barbe de trois jours que le héros renaît de ses cendres. Retour aux fondamentaux, il doit désormais prouver qu’il est toujours apte : pompes, abdos, séances de tire, Bond n’est plus le même agent fringant. Mais patrie en danger oblige (le MI6 a été directement attaqué), il reprend du service aux trousses d’un ancien agent qui en veut à M.

Méchant non inconnu des films américains, le hacker a cela d’intéressant qu’il sait tout et prévoit tout. Ennemi redoutable et redouté à l’heure de l’informatisation totale des données, il est l’adversaire de Bond dans Skyfall, interprété par un Javier Bardem inquiétant, occasionnellement blond platine. Arrestation, évasion (il prévoit tout, vous étiez prévenus) et fusillade avortée. L’action se téléporte alors et le film prend un tournant imprévu. James Bond remise son costume trois-pièces, pour un barbour plus adapté à la lande écossaise. On s’éloigne alors de « l’empreinte James Bond », pour un retour à l’origine du personnage : travail sur le deuil du père et psychologisme maximal. Mais le héros ne perd rien de son professionnalisme, transformant l’ancien manoir familial en terrain de jeu : munitions improvisées, bombes artisanales et vieux fusil paternel feront bien l’affaire face à une armée de méchants. Plus seul au monde que jamais, le nouveau Bond a bel et bien entériné la période faste des gadgets pour un retour explosif (et efficace) aux bonnes vieilles méthodes. 

Si ce nouvel opus marque une renaissance (physique et symbolique) du héros britannique, c’est aussi un retour aux sources de l’agent 007 : Miss Moneypenny retrouve son bureau et la célèbre Aston Martin est de sortie. Autant de clins d’œil pour un espion qui fête cette année ses cinquante ans de règne sur nos écrans. Et foi de Bond, ce n’est pas encore cette fois que le ciel nous tombera sur la tête.

Constance D.

Skyfall, un film de Sam Mendes, avec J. Bardem, D. Craig, J. Dench, R. Fiennes, N. Harris, B. Marlohe, B. Whishaw. Sortie en salles le 26 octobre 2012. 2h23.