Consacré par la critique internationale avec l’intéressant Incendies en 2010 et récompensé d’un Oscar du meilleur film étranger, le réalisateur québécois Denis Villeneuve revient avec le thriller Prisoners, récemment présenté au Toronto International Film Festival, plus que réussi avec, en tête d’affiche, Hugh Jackman et Jake Gyllenhaal.

L’intrigue se déroule dans la banlieue de Boston où deux fillettes de 6 ans, Anna et Joy, ont disparu pendant Thanksgiving. Le détective Loki (Jake Gyllenhaal) privilégie la thèse du kidnapping suite au témoignage de Keller (Hugh Jackman), le père d’Anna. Le suspect numéro un est rapidement arrêté mais est relâché quelques jours plus tard faute de preuve, entrainant la fureur de Keller. Aveuglé par sa douleur, le père dévasté se lance alors dans une course contre la montre pour retrouver les enfants disparus. De son côté, Loki essaie de trouver des indices pour arrêter le coupable avant que Keller ne commette l’irréparable… Les jours passent et les chances de retrouver les fillettes s’amenuisent…

Le film est une pure réussite : un scénario malin qui offre un véritable jeu de piste aussi bien aux spectateurs qu’aux acteurs pour retrouver le responsable de l’enlèvement des deux jeunes filles, des péripéties et des rebondissements qui s’enchaînent avec brio à travers un double point de vue : celui d’un père qui se fait auto-justice en tentant de retrouver sa fille et celui d’un détective qui mène une enquête policière intense pour retrouver le criminel. L’attente est interminable, à la limite du supportable. Le titre Prisoners s’applique alors à tout le monde : aux deux petites filles qui sont prisonnières de leur kidnappeur et à leurs familles enfermées dans leur tristesse et leur trouble. Le père d’Anna, tiraillé par ses valeurs chrétiennes et sa douleur, s’enferme dans une spirale infernale de violence en enlevant et torturant le jeune Alex Jones (Paul Dano). Le détective, quant à lui, est sous pression face à cette enquête difficile qui semble sans fin avec comme réputation celle d’un flic qui a résolu toutes ses affaires. Denis Villeneuve signe une mise en scène totalement maîtrisée où la tension est palpable. Il nous livre un thriller psychologique viscéral.             

Seuls regrets, les interrogations qui s'installent autour du personnage du détective, avec sa chevalière de franc-maçon et ses tatouages sur les phalanges montrés avec insistance et à plusieurs reprise par le réalisateur. Quel est son passé ? Son enquête est-elle liée à sa croyance ? Et un happy-end un peu prévisible et de ce fait décevant qui fait perdre de la saveur à un scénario jusque-là bien ficelé.

Quoi qu’il en soit, on sort de la salle avec une boule au ventre. L’un des coups de cœur de l’année !

 

Elizabeth.M