Zoltan, un mythomane en pleine guerre !
ven, 04/19/2013 - 18:04
S’impliquer corps et âme pour transcender l’impossible destin nécessiterait parfois un cheminement singulier…
Zoltan, pièce de théâtre traduit merveilleusement l’inspiration dramaturgique de la guerre des Balkans. Entre ce qui est et ce qui pourrait être, entre la réalité amère et le rêve prometteur, Zoltan incarne le personnage principal de cette pièce réalisée par Aziz Chouaki. Mythomane, il berne tout le monde dans l’espoir d’une résolution. La scénographie rejoint le thème dans tous ses sens : la pièce se joue dans un bar à ciel ouvert qui se trouve sur une terre aride et où nous entendons des déflagrations de bombes. Mais qui est ce Chouaki et pourquoi la guerre des Balkans ?
Aziz Chouaki est un dramaturge, romancier et musicien algérien qui vit en France depuis 1991. Il est connu pour l’authenticité de son écriture dans une langue qu’il qualifie de « hybride, violente, mosaïque » « J'essaie de me rapprocher des mécanismes inconscients de la parole », dit-il. Il est aussi un fan de jazz depuis l'adolescence. Il joue de la guitare dans des groupes de rock algérois. C’est ce qui lui permet, par la suite, d’assurer la direction artistique de la salle de jazz du Triangle ; lieu musical à Alger. Son penchant pour la musique nous le retrouvons dans ces pièces de théâtre où le son vient accompagner le texte. Connu en France pour son théâtre qui lui assure une place remarquable auprès de son public, Aziz Chouaki est également renommé pour sa production littéraire. Parmi ces ouvrages les plus célèbres : Chez Mimi (livre de littérature jeunesse) et Aigle (un roman qui traite des problèmes sociopolitiques de l’Algérie). C’est grâce au metteur en scène Jean-Pierre Vincent qui est aussi directeur du théâtre Nanterre-Amandiers qu’Aziz y occupe la place d’auteur de théâtre. Touché par la guerre civile d'Algérie, d’ailleurs c’est l’une des raisons importantes de son départ pour la France, il choisit de s’exprimer au travers de sa pièce pour traduire un vécu à la fois déterminé et universel.
L’ouverture et la fin de la pièce reflètent parfaitement le dédale de la guerre, celle des Balkans mais aussi celle de la guerre civile de l’Algérie. En effet, la pièce s’ouvre sur un tableau de désordre où la terre est métamorphosée par les bombes. Tout est obscur sauf ce bar au milieu de nulle part tenu par une femme Jessie. Dans ce bar quelques habitués pour lui tenir compagnie parlent de la guerre qui les martyrise. Dans ce décor apparaît Zoltan, une personnalité fière et mystérieuse qui ne cesse de se vanter. Il prétend connaître les grandes stars mondiales : Elton John, Zinedine Zidane, Georges Bush… Pour conquérir le cœur de la belle Pluvia, il va jusqu'à enregistrer des voix pour simuler des conversations avec elles. Charmée par le prestige de ce Zoltan, Pluvia en tombe amoureuse jusqu’au jour où ce dernier se trouve dans une situation qui met en évidence sa personnalité.
En tant que spectateur on pourrait poser la question sur ce que veut transmettre Chouaki à son public à travers cette pièce et spécialement le personnage Zoltan. La réponse pourrait-elle se trouver dans les propos même du personnage ? « La guerre c’est un aphrodisiaque, ça fait compter les nations les mentalités et moi dans tout ça j’ai certains... disons, clés à mon trousseau. »
Texte : Aziz Chouaki / Mise en scène : Véronique Bellegarde / Création musicale : Médéric Collignon / Costumes : Laurianne Scimemi assistée de Marta Rossi / Photographies : Philippe Delacrois / chansons originales de Aziz Chouaki / Coproduction : Théâtre Nanterre Amendiers / Compagnie : Le Zéphyr / Publication : Les Cygnes.
L.H