Cinquante ans après la fin de la guerre d’Algérie et pour la première fois en France, la Cité nationale de l’histoire de l’immigration propose jusqu'au 19 mai 2013, « Vies d’exil », une exposition qui nous plonge dans le quotidien des travailleurs algériens en métropole entre 1954 et 1962.

Cette exposition qualifiée par Benjamin Stora de « pan de l'histoire de France » est un autre pas pour franchir les tabous associés à la mémoire de la guerre d'Algérie. Une guerre, longtemps dénommée « Les événements d’Algérie », refoulée dans l'inconscient collectif des deux pays, exhumée lors des festivités le temps d'une célébration vite oubliée.

C'est dire l'importance d'une telle exposition, qui s'apparente à un petit pas d'une longue histoire faite d'occupation, de déracinement, d’occultation et d'exil. Le mérite de cette exposition, est de mettre des mots sur les choses, de montrer, par l'image et le son, la vérité de l'exil forcé de ces travailleurs algériens vivotant dans des conditions humiliantes, en marge d'une métropole prospère. C'est ce que l'exposition se propose de montrer à travers les premiers reportages TV, relatant des tranches de vie dans des bidonvilles principalement à Nanterre et à Gennevilliers. On y découvre ainsi les témoignages d'hommes, femmes et enfants, sur la dure réalité des migrants: le travail, l'école, l’hébergement mais aussi l'exclusion socioprofessionnelle dont ils sont victimes. 

De vives émotions accaparent le visiteur : des endroits quotidiennement fréquentés, tel que Montparnasse, dans un état lamentable, qui servait de refuge pour les Algériens. Benjamin Stora n'hésite pas à rappeler à quelle période remonte l'arrivée des Algériens en France : « En 1905 on comptait déjà près de cinq mille Algériens installés en France ». Malgré les circonstances connues, parmi les deux cent mille Algériens de France, nous comptons près de dix mille militants dans Le Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques. Nous trouvons de ce fait des affiches, des sons radiophoniques, et des images émis dans une volonté de liberté.

L'attrait de cette exposition réside aussi dans les rencontres de visiteurs dont les parents ont connu les bidonvilles. Un vif échange avec eux éveille notre curiosité pour mieux connaître cette période de l’Histoire. Je vous rassure ! Il n’y a pas que des images tristes, nous voyons aussi le rire innocent des enfants, le joli décor à l'Oriental qui vient orner la salle, les tableaux qui représentent, entre autres, les grandes figures de la culture maghrébine. Le tout se rejoint pour donner à cette exposition une harmonie chaleureuse.

 H.LAGUER

Commissaires de l’exposition : Linda Amiri et Benjamin Stora/Directeur de l’établissement public du Palais de la porte doére : Luc Grusson/ Directrice du musée : Aude Pessey-Lux/ Chef de projet : Hédia Yelles assistée par Marie Caquel et Morgane Barbot/ Iconographe : Fabienne Muddu/ Production Raphaël Lamiral/ Régie de collections : Virginie Keller/Scénographie : Atelier Caravane.