À la rencontre du cirque contemporain
ven, 10/16/2015 - 22:43
Le festival Village de Cirque plante ses chapiteaux pour la onzième fois sur la pelouse de Reuilly. Une initiative de la coopérative De Cirque et de Rue (2C2R) qui encourage la création circassienne et promeut sa diffusion auprès du public francilien.
En arrivant sur la vaste esplanade du 12ème arrondissement parisien, on passe devant l'imposant et silencieux chapiteau du Cirque Bouglione. On suit le chemin tracé par des lampadaires qui semblent avoir été tordus par des mains gargantuesques. Un peu plus loin, on aperçoit le hameau du Village de Cirque, baigné par la douce lumière rouge de lampes à abat-jour géants. À la roulotte de l'accueil, on nous indique une vaste yourte éclairée, où il est possible de se restaurer en attendant le début du spectacle. Ambiance chaleureuse, et un peu hors du temps.
Depuis 2005, la coopérative de Cirque et de Rue (2C2R) propose un lieu de rendez-vous pour l'actualité circassienne. Cette structure soutient la création des arts du cirque par la diffusion et l'accompagnement logistique et financier de spectacles. Prévu au départ pour une durée d'un mois, le festival a fait les frais des réductions budgétaires du secteur culturel, et se déroule maintenant sur deux semaines. Pourtant les engagements d'origine n'ont pas été reniés, et les organisateurs continuent de proposer, en marge des spectacles, des expositions, des conférences, des résidences et des laboratoires de création. Le reste de l'année, 2C2R s'est engagé dans une action culturelle locale qui touche les proches arrondissements et les communes du sud de Paris (Gentilly, Ivry, le Kremlin-Bicêtre) : intervention dans les écoles, dans les espaces publics, formations pour amateurs, etc.
Ce vendredi 16 octobre au soir, les trois artistes catalans de la compagnie Pojecto Otradnoie évoluent à l'intérieur d'une piste de cirque délimitée par un simple traits de craie blanche. A l'intérieur de cet espace, trois personnages semblent retrouver une liberté perdue grâce à la musique. On assiste en direct à l'élaboration d'une création sonore qui oscille entre musique électronique, chants et instruments bricolés. La performance physique n'est pas en reste, avec des numéros de cerceau, de sangles, et, plutôt inédit, de suspension capillaire. Si l'entrée dans cet univers étrange est parfois rendu difficile par l'absence de narration, on assiste néanmoins à des moments de grâce, comme cet étrange duo entre danse et acrobatie, pendant lequel chaque mouvement est illustré par un son. Otradnoie.1 nous donne finalement un bon exemple de ce qu'est le cirque aujourd'hui : un entre-deux entre le spectacle populaire sous chapiteau et une forme d'art contemporain, qui cherche moins à nous ébahir par une surenchère de prouesses physiques, qu'à nous entraîner dans une histoire singulière et esthétique.
Mathilde Fouillet et Juliette Pacalet
Festival Village de Cirque, du 8 au 18 octobre.
Pelouse de Reuilly, Paris, 12ème arrondissement.