Le premier volet du septième film de la saga, sorti en France le 24 novembre, met en scène les trois héros dans une quête où se succèdent paysages et saisons. Une réalisation originale qui se démarque des épisodes précédents.

 L’opposition des espaces comme cadre de l’histoire

 « Transplaner ». Voici un terme sans lequel J. K. Rowling n’aurait pu écrire le dernier tome d’Harry Potter. Il s’agit de la téléportation d’un point de départ à un autre. Et c’est bien ce principe qui est majoritairement employé dans Les reliques de la mort. L’occasion pour David Yates, le réalisateur, de varier les paysages durant le film entier. Il joue d’abord de l’opposition entre les lieux habités et ceux naturels, vierges de toute action humaine. Les habitats se succèdent, comme si nous visitions plusieurs maisons pour les comparer les unes aux autres. L’habituel Privet Drive où réside la famille moldue (humaine) d’Harry Potter ; l’éternel Terrier de Ron ; et quelques surprises, comme la maison froide et sinistre des Malefoy, le quartier bourgeois où vivent les parents d’Hermione, ou l’étrange maison des Lovegood, si fragile qu’elle s’effondre sous un seul coup de baguette magique.

Le passage d’un intérieur à l’autre donne nécessairement une impression de mouvement. Les espaces symboliques se multiplient au cours du film. Un clin d’œil au premier épisode quand Harry retourne visiter le cagibi qui lui faisait office de chambre avant Poudlard. Plus loin, il observe la maison en ruines dans laquelle il est né et où ses parents ont été tués dix-sept ans plus tôt. Le fil conducteur est bien l’idée qu’il n’y a plus de lieux où l’on se sente en sécurité. Même le 12 square Grimmaurd, quartier général de l’Ordre du Phénix, a été investi par les forces du mal. Les trois héros passent dans un espace où des dizaines de caravanes ont été abandonnées. Il ne reste guère qu’une tente de camping améliorée qu’il faut entourer de sortilèges de protection. Et, quand bien même, il ne fait pas bon rester trop longtemps au même endroit.

 Des paysages éblouissants, symboles de l’inconnu

 Comme il faut plier bagage constamment, les trois jeunes sorciers visitent plus d’une dizaine de lieux, dont certains sont d’une beauté éblouissante. Les héros transplanent de la Forêt de Dean aux teintes grisâtres à des champs vert vif qu’ils traversent. Le ciel est scintillant, sans nuages. Puis ils s’installent dans une série d’espaces géographiques plus variés les uns que les autres. Un lac proche des paysages de Brokeback Mountain (Ang Lee). Des montagnes aux roches plates qui pourraient s’apparenter aux lieux bizarres des Orphelins Baudelaire (Brad Silberling). On s’éloigne déjà des deux films précédents, réalisés eux aussi par David Yates, qui jouaient essentiellement sur le rapport à l’obscurité et aux effets spéciaux. Là, on sent bien que l’intérêt est ailleurs, que le réalisateur s’est fait plaisir en variant la géographie. Ce n’est plus Poudlard mais bien l’extérieur, le monde inconnu : une métaphore du monde adulte dans toute sa puissance. Harry a 17 ans, il a perdu la Trace qui l’empêchait d’employer sa magie hors de l’école. Le symbole est bien celui donc de la maturité.

Le réalisateur s’est littéralement dépassé. Les paysages avec vue sur la mer sont à couper le souffle, comme la chaumière aux coquillages – où sera enterré Dobby, l’elfe de maison. Le plus impressionnant reste sans doute le lieu de la dernière scène du film : la tombe de Dumbledore est protégée par les arbres et donne sur une vue en contre-plongée des eaux déchaînées. Magnifique.

 Un voyage initiatique dans le temps : la quête des Horcruxes

 La succession des lieux sert le déroulement du film. Le jeu des couleurs est essentiel. On passe des paysages obscurs aux champs verdoyants, des forêts enneigées aux espaces ensoleillés. On comprend bien ainsi le déroulement des saisons, du temps qui passe tout simplement, qui n’est jamais mentionné dans le film. À un seul moment, Harry et Hermione (quittés par Ron au cours de l’histoire) s’aperçoivent que c’est la veillée de Noël. Dans un Godric’s Hollow enneigé, le jeune sorcier dit à son amie, devant la tombe de ses parents : « Joyeux Noël, Hermione ».

La finalité de cette série de paysages est d’illustrer le voyage initiatique, la quête des cinq Horcruxes qu’il faut détruire pour venir à bout de Voldemort – deux ont déjà été démolis dans les épisodes précédents. Les trois protagonistes n’en trouvent finalement qu’un au cours de l’épisode. Et à la fin du film on devine que la recherche des Horcruxes se substituera à celle des reliques de la mort. Cette première partie reprend presque les deux premiers tiers du livre et se concentre donc réellement sur cette quête de l’inconnu. Le second volet couvrira beaucoup moins de texte et sera l’occasion de revenir complètement dans l’action. Et de représenter longuement les scènes centrales des Reliques de la mort, dont la bataille finale qu’on devine facilement. Il faudra encore attendre le 13 juillet prochain pour fermer l’aventure Harry Potter. À moins d’un miracle ou d’un sortilège magique, qui sait ?


Gwendal Fossois

  Harry Potter et les Reliques de la mort, réalisé par David Yates, sortie française le 24 novembre 2010.

 

 

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