Une envolée hors du temps
mer, 02/01/2012 - 14:32 | Ajouter un commentaire
Vous cherchez une idée de sortie ? Vous aimez la danse ? Alors vos recherches vous mèneront nécessairement jusqu’au spectacle « Rock the Ballet ». A cet instant, vous vous demandez si ce nom est la promesse d’un moment inoubliable. L’instinct vous guide vers internet pour y dénicher des critiques ; vous tombez sur le site billetreduc.com et là, les commentaires ne manquent pas ! Notons simplement quelques titres de ces avis à savoir « fabuleux », « génial », « extra », « un moment magique », « waouuuuhhhh », « allez-y » ou encore « euphorisant ». En somme, de quoi se laisser convaincre facilement. Pourtant, ces critiques dithyrambiques laissent entrevoir des « décevant », «pas mal », « moyen », « ennuyeux » sans oublier les « terriblement kitch et sans peps » et les « trop court et lassant ». Et voilà que la perplexité vous gagne…
En un sens, ces avis contraires ont exacerbé ma curiosité et m’ont incitée à me diriger vers le Casino de Paris en ce 31 décembre 2011. Début du spectacle prévu pour 20h30, les lieux ouvrent dès 19h15. A 20h35, les portes ferment, les lumières s’éteignent, l’excitation monte : l’heure du verdict approche ! The Black Eyed Peas et leur célèbre « Gotta feeling » résonnent ; l’ambiance est assurée quand les danseurs entrent en scène. Nous voilà d’ores et déjà conquis par une chorégraphie d’une rare légèreté durant laquelle les artistes sont extrêmement synchronisés et respirent la bonne humeur. En réalité, l’excellence de cette entrée en matière nous fait redouter quelques secondes que le second tableau ne soit pas à la hauteur.
Rassurez-vous : il n’en est rien ! Tout s’enchaîne à une folle vitesse ; le spectateur est transporté, comme en apesanteur face à la virtuosité de ces six hommes accompagnés par une jeune femme dont la technique est tout aussi irréprochable. Au fil des musiques, ces sept jeunes gens incarnent la vie par les sourires que leurs visages affichent et par la complicité indéniable qui existe entre eux. La grâce s’invite sur scène mais l’humour n’est jamais bien loin non plus. Ainsi, lorsque « Carmen » retentit, des poupées gonflables viennent doubler les effectifs pour une danse sensuelle, séductrice et drôle.
La première partie du spectacle est placée sous le signe de l’éclectisme. La musique est une des inspirations premières de cette danse à laquelle on rend ici hommage ; elle est celle sur laquelle naissent les mouvements. Leur diversité est donc essentielle car elle participe à la variété des émotions éprouvées. Coldplay laisse ainsi place à Lenny Kravitz ou encore à Jacques Brel. « Ne me quitte pas » ! Une surprise, une des pépites de cette soirée, un instant intense. La douceur et la délicatesse qui s’en dégagent sollicitent pleinement notre sensibilité et sont le fruit d’une chorégraphie qui fait du corps des danseurs un langage à part entière. En somme, ce tableau met en scène une langue des signes particulière. Un moment d’une beauté émouvante, humaine et sincère durant lequel des frissons envahissent tout notre corps!
La seconde partie, elle, est beaucoup plus rock avec une prédominance des chansons de Mickaël Jackson, Prince et Queen. L’énergie et la vitalité sont au rendez-vous et, si les bases classiques côtoyaient jusqu’à présent le modern jazz, le hip-hop, le tap dance et les acrobaties s’en mêlent aussi à présent. Chaque genre est revisité à la lumière de son voisin, tous se tiennent la main pour donner naissance à cette œuvre composite. A ceux qui pensent que chaque danse est cloisonnée et qu’elles n’ont rien en commun les unes avec les autres alors, n’hésitez plus, prenez vos places et venez constater par vous-mêmes que vous vous trompiez !
Je ne vous mentirai cependant pas alors oui, je vous l’accorde, tout n’est pas parfait ! Oui, certains pas reviennent régulièrement mais l’excellence de leur exécution permet de ne pas s’en lasser. Oui, le décor est bien souvent épuré et les costumes sont presque inexistants mais cette simplicité ne fait que renforcer le charme de la danse, elle est l’essentielle et notre attention n’est pas distraite. Oui, la danseuse semble parfois n’être qu’un accessoire, une touche de féminité mal intégrée à la mise en scène et donc superflue mais son talent nous éblouit tout de même, tout comme les nombreux portés permis par sa présence. Oui, le fil narratif, s’il existe, est difficilement compréhensible et les tableaux se succèdent sans rapport apparent les uns avec les autres mais cela n’enlève rien à la virtuosité de chaque chorégraphie qui nous est présentée ; un spectacle de danse n’est pas une comédie musicale et ne requiertdonc pas nécessairement une cohérence. Et enfin, oui, le tout est trop court car, ainsi que le dit le proverbe, « quand on aime on ne compte pas » et nous aurions aimé que ces sept danseurs nous emmènent au bout de la nuit, nous tiennent loin de la réalité quelques heures de plus !
En définitive, « Rock the Ballet » est un émerveillement pour tous vos sens, il n’est pas simplement question du plaisir des yeux. Plus encore, un message d’espoir se dégage de ces corps. Ils sont portés par leur passion, ils vivent de leur rêve et leur plaisir d’être sur scène est une évidence. Ils sont la preuve incarnée qu’il nous est encore possible de bâtir notre vie autour de ce que nous aimons, de ce qui nous fait vibrer… « Suivre ses envies est permis ! » : tel est le message que cette troupe délivre à travers toute la France en ce moment mais aussi à travers tous les pays dans lesquels elle s’est déjà illustrée. Mon conseil ? Ne vous privez pas de cette évasion !
Amandine Le Goff
En tournée dans toute la France à partir du 6 mars 2012. La troupe « Rock The Ballet » passera par Toulouse, Biarritz, Pau, Bordeaux, Nantes, Clermont-Ferrand, Grenoble, Lyon, Annecy, Cannes, Montpellier, Marseille, Roanne, Poitiers, Tours, Rennes, Caen, Amneville, Enghien ou encore Lille.
Pour toute information, rendez-vous sur leur site : http://www.rock-the-ballet.fr!