Un flash sur cinquante ans d'histoire
mer, 01/09/2013 - 10:06 | Ajouter un commentaire
À la Maison européenne de la Photographie sont exposées les images marquantes de notre demi-siècle, de 1950 à 2000.
La rétrospective commence avec la photographie d’un Paris pluvieux, dans les années cinquante. L’artiste Izis représente une femme et un enfant, tentant de vendre dans la rue des bouquets de muguet. On peut lire l’attente et l’ennui dans la posture de la femme, debout, s’appuyant sur une jambe et regardant ailleurs. On la devine coincée là dans le mauvais temps, forcée de se tenir derrière sa table tandis que le client ne vient pas. Derrière elle, les deux-chevaux circulent, signes d’une autre époque.
Plus loin d’autres clichés, familiers ou non, nous ramènent à ce Paris ancien : « Le Baiser de l’hôtel de ville » de Doisneau, « Jardin du Luxembourg » de Boubat, « Boulevard Rochechouart » d’Izis. On se sent ému et un peu nostalgique, alors que l’on n’a pas connu cette époque. Peut-être le noir et blanc y est-il pour quelque chose.
Ce qui nous séduit aussi, c’est la variété des œuvres. À côté des « Abattoirs de la Villette » représentés dans une coupure de journal, on trouve une réclame pour une voiture Citroën, datant de 1963. Les publicités côtoient les images de mode, de décoration, de presse. On sourit en croisant Hitchcock, Brassens, Bardot, Claude François et ses « Claudettes ». Polnareff, de dos et les fesses nues, se tourne pour nous lancer un regard provocateur.
C’est avec pédagogie que l’on nous invite à cheminer dans l’histoire. Chacune des cinq salles retrace une décennie, et sous les photographies présentées chronologiquement, une frise offre quelques repères. Les manifestations pacifistes contre la guerre au Viêt Nam, immortalisées par Riboud en 1967 ; l’homme assis sur une chaise en mai 1968, de Dityvon ; le début du conflit iranien en 1980, par Bureau.
C’est également l’histoire de la photographie qui se donne à voir. On apprend comment cet art, qualifié de « moyen » par Bourdieu dans les années cinquante, s’est petit à petit imposé jusqu’à obtenir la consécration sous Mitterrand, dans les années quatre-vingts. Aujourd’hui, la photographie est bel et bien considérée comme une pratique artistique. Pourtant, avec l’arrivée du numérique, on dit son apogée passée. Parvenu à la fin de la dernière salle, ayant descendu des yeux les escaliers parisiens de Konopka, on espère que de nombreux clichés sont encore à venir.
La photographie en France, 1950-2000, Maison européenne de la photographie, 14 novembre 2012 – 13 janvier 2013.
Valentine Camus