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Chaos brûlant

Mais le fleuve tuera l'homme blanc. Patrick Besson. Fayard.

Christophe Parmentier est cadre dans une grande compagnie pétrolière. Dans l'avion qui l'emmène à Brazzaville, il reconnaît Blandine de Kergalec, une ancienne agent des services secrets français qui avait été mêlée à un scandale vingt ans plus tôt. A l'heure arrivée en Afrique, Christophe décide de la suivre. Il ne connaît rien à l'espionnage, mais il se prend vite au jeu dangereux. Bientôt, il se retrouve au centre d'un règlement de comptes aux enjeux multiples, un poker menteur où chacun ne joue que pour soi.
L'écriture virtuose de Patrick Besson, constituée de dialogues énergiques, de traits d'esprit et d'images qui font mouche, promène alors le lecteur dans un labyrinthe romanesque complexe et passionnant. Flash-backs, déplacements de point de vue, scènes répétées : le narrateur n'est jamais là où on l'attend. Les destins se croisent, s'emmêlent. L'action s'emballe, ralentit, revient en arrière, s'emballe à nouveau. Le lecteur est quelque peu désorienté, au coeur de ce désordre subtil, mais il tourne les pages avec un plaisir impatient.
Mais le fleuve tuera l'homme blanc, dont le beau titre provient d'une chanson populaire congolaise, est un roman d'amour et d'espionnage, un récit historique et un thriller politique. Le personnage principal du livre, c'est finalement cette Afrique étouffante et dangereuse où l'on n'a plus "ni le même visage ni le même corps". Cette Afrique brûlante aux destins brisés, où le présent ardu ne vaut pas mieux que le passé sanglant.

Richard Huitorel