Coup de ballet

ven, 02/03/2012 - 13:47

20h30, Casino de Paris, les rideaux s’ouvrent sur un spectacle inattendu. « Tonight’s gonna be a good night ! », hurlent les gigantesques enceintes entourant une scène sans décor.  

Sur cette scène, sept danseurs. Six hommes et une femme, dont l’énergie et le dynamisme débordent, et dont l’un deux, Rasta Thomas, est à la fois fondateur de la compagnie, metteur en scène et danseur principal du spectacle. Prodige de la danse classique dès son plus jeune âge, vu sur les scènes d’Espagne et de Chine, mais surtout à Broadway ou Harlem, le chorégraphe américain revient en France après une tournée mondiale pour nous offrir un spectacle d’une qualité rare à l’enthousiasme communicatif.                                                                                                                 

La représentation se déroule en deux temps. La première partie, « Beautiful day », raconte une histoire d’amour : la rencontre et le coup de foudre de Rasta Thomas avec la danseuse de la troupe (interprétée par sa propre femme !), leur séparation et leurs retrouvailles, le tout dynamité par les morceaux des Black Eyed Peas, de Coldplay, U2, Prince, Lenny Kravitz ou Prince. Ludique et espiègle, ce premier acte alterne entre prouesses chorégraphiques, jeux de scènes (on n’oubliera pas de si tôt le pas de deux des danseurs avec des poupées gonflables !) et partitions plus douces, notamment l’intemporel « Ne me quitte pas » de Jacques Brel. Pas de recherche particulière au niveau des costumes ou du décor : Rasta Thomas laisse toute la place à la danse. Les artistes sont tous habillés de la même façon pour renforcer un effet d’ensemble, de groupe, et un simple écran projette quelques images colorées, parfois illustratrices des situations chorégraphiques, pour laisser toute la place à la chorégraphie. Seules les lumières jouent un véritable rôle, tantôt projecteurs, tantôt pénombres ou ombres chinoises.                                                                                                                           

« Rock you », la seconde partie, porte bien son nom. La musique alterne entre Queen et Michael Jackson, véritables modèle pour Rasta Thomas, et nous en fait voir de tous les styles : danse classique, moderne, jazz, contemporaine, acrobatique, hip-hop, voire arts martiaux et claquettes. On est porté  par le talent de ces jeunes danseurs, qui effleurent plus qu’ils ne touchent le sol entre deux pirouettes. Quant à la danseuse, elle est véritablement mise en valeur, sublimée, portée par ses partenaires masculins, chacune de ses entrées suscitant leur émoi dans un jeu de scène toujours plus drôle et théâtral. Plus virtuose et moins narrée que la première, cette deuxième partie fait la part belle aux performances artistiques, depuis la reprise de la gestuelle spectaculaire de Michael Jackson sur « Billy Jean » jusqu’à la danse chorale en play-back sur « Bohemian Rahpsody » de Queen. L’envie de rire, de taper des mains ou des pieds devient irrésistible.                                                                                      

A mi-chemin entre un music-hall de Broadway et un ballet classique, Rock the Ballet ! est un véritable hybride chorégraphique. Ni moderne, ni classique, la danse mélange les genres et les mouvements dans un show rempli d’originalité et dopé à l’adrénaline. Sur des musiques populaires qui nous font fredonner en cœur en nous rappelant moult souvenirs, Rasta Thomas met au point un nouveau style de ballet qui bouscule les conventions,  dépoussière les mouvements classiques et casse l’image de la danseuse femme avec la troupe des Bad Boys of dance. Des danseurs survoltés, concentrés et pourtant souriants dans l’effort, semblant défier les lois de la gravité.                                                                                           

Au programme : rythme, humour, énergie contagieuse, technique impeccable, deux heures de partage à découvrir d’urgence ! Car definetely, « tonight was a great night » !   

 
Rock the Ballet !
, du 13 décembre 2011 au 1er avril 2012 au Casino de Paris.


Anaïs Pournin

 

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