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Décès de José Saramago

C’est avec une grande tristesse que le Portugal a appris le décès de son premier prix Nobel de littérature, Monsieur José Saramago, mort ce 18 juin à l’âge de 87 ans. L’écrivain laisse également un grand vide dans le Parti Communiste auquel il sera resté fidèle plus de quarante ans. Retour sur la vie d’un écrivain engagé.

José de Sousa Saramago naît à Azinhaga, au Portugal le 16 novembre 1922, bien que le registre officiel mentionne le 18 novembre. Il n’a pas encore trois ans lorsque ses parents déménagent pour Lisbonne. Dans sa jeunesse, il  retourne fréquemment dans sa région natale mais il vivra presque toute sa vie dans la capitale. José Saramago commence des études secondaires  mais issu d’une famille modeste de paysans, il se voit contraint d’abandonner celles-ci pour une école professionnelle où il obtient le diplôme de serrurier. Parallèlement à sa formation, il étudie et montre un intérêt particulier pour la langue et la littérature françaises. Il devient tout d’abord serrurier mécanique avant d’exercer diverses professions comme dessinateur, fonctionnaire de la santé et de la prévoyance sociale, éditeur, traducteur ou encore journaliste.  

En 1944, il épouse Ilda Reis qui lui donnera une fille, Violante.

En 1947, il publie son premier roman, Terra do pecado (Terre du péché).  Il travaille ensuite pour plusieurs journaux portugais, dont le célèbre Diário de Notícias  pour lequel il écrit des chroniques et des poèmes. Il écrit également des essais.

 

Plus de quinze ans s’écouleront avant qu’il ne se fasse une réelle place dans la littérature et avant la publication de son second livre, Os Poemas possíveis, (Les poèmes possibles), recueil de poèmes qui paraît en 1966. En 1977 paraît Manual de Pintura e Caligrafía, Manuel de Peinture et de calligraphie. Son second roman, O ano 1993, (L’année 1993) est publié en 1975. Ce long silence, José Saramago l’expliquera par un grand manque de confiance en lui-même. Sa production devient ensuite foisonnante et continue.

Il adhère au Parti communiste en 1969. En 1970, il divorce de sa première épouse.

En 1980, il publie Levantado do Chão puis, deux ans plus tard, le roman qui lui donnera une renommée internationale : Memorial do convento (Le Dieu manchot).

O ano da morte de Ricardo Reis, (L’année de la mort de Ricardo Reis), est publié en 1984.

En 1988, il se marie avec la journaliste espagnole Pilar del Río.

 

Auteur de romans, de poèmes, d’essais et de chroniques, José Saramago est avant tout reconnu au niveau international pour ses romans et son style particulier. Son écriture est dense, les phrases sont longues et ponctuées par des virgules qui remplacent des points. Il joue avec les mots. Images, métaphores, paraboles, absence de point, vérité et mensonge  baladent le lecteur et donnent à l’écriture de Saramago toute sa singularité. Il y mêle la plupart du temps des faits historiques et la fiction et revisite les faits sous l’angle des relations humaines, donnant ainsi sa conception de l’histoire. Ce style d’écriture prédominera dans son œuvre de 1984 à 1995. S’ensuivent des écrits où le cadre historique n’est plus au centre de l’œuvre mais laisse place à une écriture plus axée sur la société contemporaine et sur le rôle et la raison d’être de l’homme, condamné à mort.  José Saramago s’est toujours dit extrêmement pessimiste. Ce trait de personnalité se ressent davantage dans la seconde partie de ses œuvres, après 1995 : Ensaio Sobre a Cegueira, (1995), L’Aveuglement,  Todos os Nomes (1997), Tous les Noms, A caverna (2001), La Caverne, O Homem duplicado (2002), L’Autre comme moi, Ensaio Sobre a Lucidez (2004), La Lucidité et As Intermitências da Morte (2005), Les Intermittences de la Mort. Il reçoit le Prix Nobel en 1998.

En 1991, O Evangelho Segundo Jesus Cristo, L’Évangile selon Jésus-Christ est publié et il est fustigé par l’Osservatore Romano, journal officiel du Vatican qui juge sa vision antireligieuse.

José Saramago a souvent créé la polémique, aussi bien par la nature de ses romans que par ses positions politiques et engagées. Dans ses romans comme dans la vie, il affirme ses idées et bien souvent, il ne mâche pas ses mots. Ainsi, il n’hésite pas à proclamer son soutien au peuple palestinien lors des conflits ou encore à qualifier Berlusconi de « délinquant » devant les journalistes.

Dans L’Évangile selon Jésus-Christ, il présente un Dieu qui serait un dieu frustré de ne posséder que le peuple hébreu et qui ne souhaite qu’étendre son empire au monde entier. Jésus ne serait qu’un jouet pour lui. Le scandale fut tel qu’un ministre proclama au sujet de l’œuvre qu’elle portait atteinte au patrimoine religieux national portugais.

Lassé de se trouver au centre d’une telle polémique, José Saramago quitte Lisbonne et s’installe avec sa femme sur l’île de Lanzarote, dans l’archipel espagnol des Canaries. Il y trouve la mort le 18 juin 2010.