janv.
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Soumis par Anonyme le lun, 01/02/2012 - 11:43
Réécriture d'un mythe (extrait)
David Gibert
--- Atelier d'écriture ---
I
Max regardait d’un œil morne la pauvre jeune fille, recroquevillée à ses pieds dans une posture d’agonie. Sa chemise de nuit entrouverte révélait les fragments d’un corps élancé aux formes généreuses. La blancheur de la peau contrastait avec le rouge sang du déshabillé. Ses yeux, deux fenêtres ouvertes sur un ciel d’azur, étaient écarquillés. Ils avaient contemplé pour la dernière fois les rivages mystiques et hallucinants d’un havre de brume et de folie, une terre d’asile que les drogués, fuyant la cruauté du monde réel, s’imaginent paradisiaque. Près d’une seringue, ses poignets criblés de sombres hématomes témoignaient de son asservissement à Dame Héroïne, ou Dieu sait quel autre démon au service de la Faucheuse. Il regarda son visage angélique et caressa sa chevelure. Curieusement, ce sinistre spectacle le laissait presque indifférent.
— Bienvenue en enfer, Maryline…
Après un bref apitoiement de façade, il laissa éclater sa colère.
— Bordel, mais quelle conne ! À cause de toi, je risque gros !
Les nerfs à vifs, il arpenta le studio de sa protégée, aussi exigu et morne que l’avait été sa courte vie. Ses pensées fusaient en tous sens et ricochaient sur les murs de la fatalité. Il suffisait d’un rien pour qu’on remonte jusqu’à lui. Il entendait déjà les rumeurs qui ne tarderaient pas à entacher sa renommée de dealer de quartier. « Hé, les mecs, Max fourgue de la camebon marché, tellement trafiquée qu’il suffit d’un shoot pour une mise en orbite immédiate ! » De rage, il donna un violent coup de pied dans le cadavre. Puis il prit une longue inspiration et réfléchit à voix haute, comme il avait coutume de le faire quand il était stressé.
— Bon, restons calme. Il faut d’abord, récupérer le magot qu’elle a récolté. Ensuite, je fais disparaître le corps, je prends le large et je me fais oublier un moment en prenant du bon temps avec le fric. Dealer, proxénète, ça use à la longue. Un break me ferait le plus grand bien…
Machinalement, il ajusta le col de sa veste en cuir, comme s’il pouvait par ce simple geste retrouver son sang-froid. Il se dirigea vers la commode, où il savait que Maryline cachait le fruit de son labeur. Lorsque sa main se referma sur une liasse de billets assez épaisse, un sourire carnassier lézarda son visage anguleux. Mais quand il se retourna, son rictus disparut. Les yeux de Maryline étaient fixés sur lui. Il aurait juré qu’ils étaient auparavant pointés dans une autre direction. Il se figea, empalé par ce regard bleu et vitreux, véritable miroir de l’effroi. Puis il s’arracha à cette vision troublante, qui lui ouvrait les portes de sentiers occultes. Il fit un effort surhumain pour s’accrocher à la réalité. Il regarda autour de lui, comme s’il venait de prendre conscience de l’endroit où il se trouvait. Il devait passer à l’action, maintenant, avant que le courage ne lui manque. Il enfouit l’argent dans la poche de son jean et se dirigea vers le tapis du salon qu’il comptait rouler autour du corps de la jeune fille. Alors qu’il poussait le canapé défraîchi, il entendit une voix féminine résonner dans le hall de son esprit.
Pitoyable !
Il cessa de respirer et s’immobilisa, les sens aux aguets. Des flots d’adrénaline déclenchèrent des signaux d’alarme au sein de son système nerveux. Ils se déversaient dans son corps, à la vitesse d’un torrent qui renversait les digues de sa raison. Quand la voix retentit à nouveau en lui, son cœur se mit à battre avec frénésie, se jetant contre ses côtes, tel un animal sauvage enfermé dans une cage.
Ce n’est pas la peine de te fatiguer, tu sais. Même en effaçant les traces écarlates que tu laisses derrière toi, tu ne pourras échapper à mon bras vengeur.
Max déglutit pour chasser le nœud qui se lovait dans sa gorge.
— C’est toi, Maryline ?
Maryline, ou peut-être Susanne, ou bien Emilie ? Cela a-t-il de l’importance pour toi ?
Les silhouettes de belles jeunes filles dansèrent sous ses paupières, telles les figurines en porcelaine, gracieuses et fragiles, d’une boîte à musique. Elles étaient les autres victimes de son petit commerce. Max se demanda ce qui lui arrivait. La culpabilité et le remords se mélangeaient peut-être dans le creuset de son esprit, selon une mystérieuse alchimie qui provoquait des hallucinations… Soudain, la voix brisa sa tentative d’interprétation rationnelle :
Non, tu n’es pas fou, Max. Du moins pas encore…
Cette fois, il décida de réagir. Il ne supportait pas de se sentir manipulé. D’habitude, c’était lui qui se trouvait du côté des tourmenteurs. La colère prenant le dessus sur la peur, il s’écria :
— Ça suffit ! Montre-toi, salope de télépathe… Sors de ta cachette et parle-moi face à face.
Je ne me cache pas. Regarde-moi, ne suis-je pas jolie dans mon linceul de soie ?
Submergé par une vague de frissons qui s’échouaient sur sa peau et s’entrechoquaient, tels des galets balayés par l’écume, il se tourna vers Maryline. Les yeux de la jeune femme étaient toujours fixés sur lui : deux fenêtres ouvertes sur la mort…
Regarde-moi. Contemple ma beauté fanée. Sens le parfum délicat de la Faucheuse sur moi. Cueille la rose fraîchement coupée et embrasse la Mort que tu sers avec tant d’ardeur.
Max était pétrifié. Et pourtant, malgré le carcan de terreur qui l’oppressait, le désir commença à s’insinuer en lui comme un poison subtil. Le corps de Maryline, qui de son vivant n’avait été pour lui qu’un instrument de richesse et de pouvoir, devenait soudain dans la mort un objet de fantasme extraordinaire. Poussé par l’irrépressible besoin d’assouvir un appétit surgi des profondeurs les plus ténébreuses de son inconscient, il s’approcha du cadavre.
Tu ne m’as jamais trouvée aussi sexy, n’est-ce pas ? ça t’excite de me savoir soumise à toi, mon meurtrier, comme ça t’a toujours fait bander de fouler du pied des âmes innocentes que les aléas de la vie ont jetées à terre. Ça te donne l’impression d’être fort, d’être un dieu immortel… Viens à moi, je vais réaliser ton rêve.
Il tomba à genoux près de la jeune femme. Hypnotisé par son regard, il laissa courir ses mains sur son corps déjà froid. Puis il goûta ses lèvres glacées, en fermant les yeux d’extase.
II
Dans son bureau plongé dans la pénombre, Virgile Morgen relisait son rapport d’enquête pour la troisième fois. L’écran de son ordinateur portable baignait son visage d’une lumière blafarde qui révélait son front dégarni barré de rides soucieuses et rehaussait son nez épaté digne d’un boxeur. Ses yeux bruns disparaissaient sous ses sourcils broussailleux, arc-boutés sous l’effet d’une réflexion intense. L’enquête qu’il menait aujourd’hui avait un goût de déjà-vu. À commencer par le profil de la victime : Maxime Dornier, un dealer et proxénète qui ne reculait devant rien pour gérer ses affaires. Un an plus tôt, il avait été suspecté du meurtre de deux prostituées. Mais il n’avait pu être inquiété, faute de preuves. Aujourd’hui, on l’avait retrouvé dans l’appartement d’une dénommée Maryline Nansol, l’une des esclaves de son petit commerce. Celle-ci était morte d’une overdose. Certaines affaires que l’inspecteur avait eues entre les mains ressemblaient beaucoup à celle-ci. Les victimes avaient toutes un passé judiciaire lourd à porter. Et leur mort était entourée d’une aura de mystère que nul n’avait pu dissiper. La mise en scène des meurtres, orchestrée d’une main de maître, semblait être l’œuvre d’un détraqué, peut-être un malade mental qui voulait jouer le rôle d’un justicier. Le plus troublant était la façon dont les victimes avaient trouvé la mort. Elles avaient toutes été vidées de leur sang. D’après le rapport d’autopsie, la morsure à l’origine du décès de Maxime Dornier avait été faite par des canines humaines. Virgile était sûr que cette mort était l’œuvre du tueur en série qu’il traquait depuis des années. Il ouvrit le tiroir de son bureau et en sortit une photographie qu’il détailla pour la énième fois. C’était un cliché de la victime, prise en gros plan. Ses yeux écarquillés reflétaient une frayeur intense, comme s’il avait regardé la Mort en personne. Après avoir fourragé dans sa courte barbe poivre et sel, Virgile sortit du tiroir de son secrétaire une enveloppe dont il vida le contenu. Il aligna devant lui cinq photos, en les classant par ordre chronologique. Les clichés post-mortem représentaient les visages de cinq hommes d’âge mûr, qui portaient tous le même masque d’effroi : yeux écarquillés, grimace figée, peau d’une pâleur ivoirine… Ils étaient tous décédés suite à une hémorragie. Mais à chaque fois, l’assassin n’avait laissé que quelques traces de sang sur les lieux du crime. Il avait soigneusement recueilli l’essence vitale de ses victimes, peut-être pour faire croire à l’attaque d’un vampire. Ce fou était peut-être persuadé d’en être un, allant jusqu’à se repaître d’hémoglobine. Virgile enrageait de ne pas avoir réussi à arrêter ce détraqué. Il n’avait découvert aucun lien entre les hommes assassinés, hormis le fait qu’ils étaient loin d’être des enfants de cœur. Leur casier judiciaire était rempli d’affaires où ils avaient été condamnés pour crimes ou agressions sexuelles. Deux d’entre eux avaient été innocentés : le premier par manque de preuves, le second après la défection d’un témoin. Parmi les trois autres, qui avaient été reconnus coupables de meurtres, deux avaient bénéficié d’une remise de peine après avoir séjourné moins de dix ans en prison. Excepté le dernier, qui avait trépassé derrière les barreaux, ils avaient tous trouvé la mort quelques semaines après avoir été acquittés ou libérés pour bonne conduite. Celui qui les avait tués avait peut-être voulu se venger. Les ennemis potentiels de Maxime Dornier étaient légion : dealers concurrents, receleurs, créanciers, acheteurs, blanchisseurs d’argent, juges corrompus, hommes de mains, prostituées… Tout ce petit monde devait aujourd’hui se réjouir de sa mort. Les recherches que l’inspecteur allait devoir mener dans ce milieu allaient l’occuper un bon moment. Il poussa un long soupir, gratta son crâne, rasé de près pour dissimuler le fait qu’il perdait ses cheveux, et marmonna : « je suis devenu trop vieux pour ce job ! » Il posa ses grosses mains sur le bureau et leva sa lourde carcasse en grognant. Il déambula dans son appartement désert, à travers le chaos qui y régnait en maître absolu. Il progressa dans cette jungle primitive en slalomant entre des cartons de pizzas, des bouteilles vides et des assiettes assiégées par des hordes de cafards.
« Quand j’aurai à nouveau quelqu’un dans ma vie, il faudra que je range tout ce bordel ! » lança-t-il à la cantonade. Se moquant de lui-même et de sa situation de célibataire endurci qui lui permettait de tout négliger au profit de sa carrière, il poussa d’un coup de pied la porte de la cuisine. Il ouvrit le réfrigérateur et marqua une pause respectueuse devant ce véritable temple dédié à la bière, baigné d’une lumière divine. Il s’agenouilla, tel un pénitent devant son idole, et prit une canette. La chaleur de cette nuit d’été et son enquête lui donnaient des maux de tête. Il fit rouler la bouteille glacée sur son front et poussa un soupir d’impuissance. Le meurtrier qu’il recherchait ne laissait rien derrière lui. Les chances qu’il mette un jour le grappin dessus étaient infimes. Mais même le plus grand criminel peut parfois commettre une erreur…
III
Bâti au cœur d’une forêt domaniale, le manoir de Lise en imposait par sa taille et son architecture audacieuse. Le portail en fer forgé de la propriété, flanqué de piliers massifs coiffés de gargouilles, s’ouvrait sur une allée gravillonnée, cernée de fossés profonds qui contournaient l’ensemble de l’édifice. Quatre tourelles d’une vingtaine de mètres de haut, percées de fenêtres aussi étroites que des meurtrières, soutenaient un balcon au parapet crénelé qui faisait le tour du bâtiment, tel un chemin de ronde. La toiture d’ardoise de la bâtisse et le sommet de ses flèches flamboyaient sous les rayons du soleil levant. Le castel ressemblait plus à un avant-poste fortifié qu’à une résidence bourgeoise. C’était une construction hors du temps où les douves, remparts et beffrois d’autrefois se devinaient, mélangés à l’architecture moderne. La propriétaire, une femme aussi discrète que sa demeure était voyante, éveillait la curiosité du voisinage. De nombreux habitants du quartier s’interrogeaient sur ses motivations et échafaudaient des hypothèses sur sa vie afin de dissiper le mystère autour d’elle. Cette demeure était-elle le fruit d’une lubie de millionnaire excentrique ? Emportée par sa passion pour le Moyen-Âge, elle s’était peut-être emmurée dans une bâtisse aux allures de château fort, à moins qu’elle n’ait souhaité se protéger des assauts de quelques armées imaginaires surgies du passé… Sa beauté était le seul élément sur lequel tout le monde semblait d’accord. Elle attirait le regard de nombreux hommes et rendait certaines femmes folles de jalousie.
La belle dormait, blottie dans une suite somptueuse, à l’étage de sa forteresse. Pendant que son esprit chevauchait dans le monde des rêves, le soleil, filtré par des vitraux peints comme des enluminures, déposait sur son corps nu une parure dorée. Drapée dans cette soyeuse lumière du jour, sa silhouette élancée aux courbes harmonieuses brillait d’une aura féerique. Ses longs cheveux d’ébène contrastaient avec la blancheur immaculée des draps. Au rythme de sa respiration, le tissu satiné de sa couche glissait le long de sa poitrine bourgeonnante de beauté. Son visage était d’une finesse angélique. Soudain, ses yeux clos ourlés de velours s’ouvrirent. Son regard bleu acier balaya la chambre comme si elle s’éveillait dans un lieu inconnu. Puis la compréhension souffla sur son esprit, arrachant le linceul qui recouvrait sa conscience. Sous l’action d’un invisible pinceau, ses traits se durcirent. Prise de nausées, elle porta la main à sa bouche. Elle tenta de se lever, mais ses jambes vacillantes ne purent la porter. Elle dut se rasseoir sur son lit, le cœur au bord des lèvres. Elle se sentait faible et fiévreuse. Des images de son rêve dansèrent sur les parois voûtées de sa mémoire. Telles les flammes d’un feu illuminant une caverne de reflets inquiétants, elles redonnèrent vie aux fantômes qui hantaient si souvent ses nuits. Caressée par la main froide de l’angoisse, elle frissonna. Elle aurait voulu se convaincre qu’il ne s’agissait que d’un songe. Mais elle savait qu’elle ne pouvait se mentir à elle-même. Une certitude gangrenait son esprit : dans le drame sanglant qui s’était noué lors de cette scène onirique, elle avait endossé le premier rôle.
Elle trouva la force de s’extirper de son lit en poussant un gémissement rauque, tel un mort-vivant au sortir de son cercueil. Puis elle marcha d’un pas traînant vers la salle de bains attenante à sa chambre. Le parquet froid sous ses pieds nus dissipa sa torpeur. Elle espérait qu’une douche salvatrice aurait le pouvoir de chasser les ombres tapies dans son cœur. Après être entrée dans la cabine, elle ouvrit les robinets et se concentra sur l’eau qui massait sa peau pour éviter de réfléchir. Mais nul stratagème n’était assez puissant pour empêcher ses pensées de vagabonder sur les terres de ses cauchemars. Elle écourta sa toilette, enfila un peignoir blanc et entrouvrit une fenêtre. Elle attendit devant le grand miroir ovale, suspendu au-dessus d’une vasque en forme de coquillage nacré, que la buée disparaisse. À mesure que celle-ci s’estompait, sa silhouette apparut lentement, telle la substance éthérée d’un spectre. Quand elle vit son reflet, elle sut qu’elle avait une fois de plus défié les lois du temps. Les rides, qui lézardaient la veille encore son visage, s’étaient effacées. Il fut une époque où on l’aurait jetée sur le bûcher pour un tel maléfice. Une peau parcheminée, marquée par les griffes du temps, ne pouvait retrouver sa virginité, à moins de passer une sorte de pacte avec le diable ou quelque autre puissance occulte. Le pouvoir de réécrire sans cesse son destin ne pouvait être accordé à un mortel. Elle était une aberration de la nature, un affront craché à la face du Créateur. Pourtant, elle était si belle que plus d’un homme se serait damné pour elle. Son parfum irrésistible flottait dans le sillage de nombreuses légendes… Marquant les esprits, elle avait été tour à tour une figure féérique transcrite dans maintes enluminures sur des manuscrits, une dame noire dont les charmes envoûtants étaient loués par le chant des bardes, une muse démoniaque qui marchait aux côtés des poètes maudits… Aujourd’hui encore, sa silhouette parfaite semblait irréelle. Et pourtant, elle se dressait, debout et débordante de vie, tel un fantasme incarné. Elle savait que sa beauté n’était qu’apparat. Et elle sentait qu’à l’intérieur de ce corps parfait, logeait une âme maudite. Dans son dernier rêve, elle avait à nouveau revêtu son armure de prédatrice. Le vampire avait planté ses crocs dans la gorge de sa victime et avait absorbé son sang jusqu’à la dernière goutte. Elle aurait aimé pouvoir se convaincre que ses visions oniriques n’aient été que les fruits d’un délire psychique. Elle aurait préféré succomber à la folie plutôt que vivre cette malédiction qui faisait d’elle une créature infernale. Si elle pouvait encore supporter son reflet dans ce miroir, c’était parce qu’elle avait fait le serment de choisir ses victimes parmi les pires représentants de l’humanité, des individus dépourvus de sens moral et dont la conduite était un fléau pour leurs semblables. Elle s’était imposé une sorte de mission purificatrice qu’elle assumait avec ni plus ni moins de cruauté qu’un ange exterminateur. Son pouvoir ne se résumait pas à une décorporation et une chasse aveugle jusqu’à ses proies qu’elle dépeçait de leur âme. Elle trouvait d’autres criminels, dont elle avait pu sonder la conscience. Elle pouvait même capter, par-delà le monde des vivants, les lamentations des victimes innocentes que ces assassins avaient laissées derrière eux. Elle devenait alors le bras vengeur de ces fantômes et traquait leurs meurtriers en projetant son esprit vers eux, telle une lance de justice. Dans cet état de transe, elle était un vampire errant sur la terre pour faucher les âmes damnées. Elle savait qu’elle ne valait pas mieux que ceux qui tombaient sous sa coupe. Buveuse d’âmes corrompues, elle devenait chaque jour un peu plus cruelle. En même temps que leur sang, elle absorbait leurs souvenirs, leurs émotions et même leurs aspirations. Grisée par ce nectar psychique aux propriétés alchimiques, elle ne pouvait plus se contrôler. Sa soif était devenue intarissable.
A suivre...