La vie filmique des marionnettes

LA VIE FILMIQUE DES MARIONNETTES

 

La marionnette est une figure importante dans l’histoire du cinéma. Souvent exclue de ce domaine, elle est pourtant un art à part entière dans celui-ci, peut être plus sublimée encore par ces rares « moments de grâce » qui lui sont accordés. 

Souvent restreinte à de brèves apparitions,  la marionnette fait son retour au cinéma de façon inattendue. De l’originelle figurine de bois au personnage virtuel de science-fiction actuel, la marionnette subit diverses transformations au fil du temps. Il ne s’agit pas ici de définir la marionnette ni de faire l’inventaire de toutes les formes qu’elle emprunte dans l’histoire du cinéma, encore moins d’essayer de lui attribuer une forme qui lui serait propre. La marionnette se définissant par sa polymorphie, il serait vain de tenter une telle étude. D’une approche plus symbolique, l’enjeu de ce livre est de « mettre en lumière les valeurs dont elle est porteuse, et que révèle le cinéma ».

La marionnette suscite diverses émotions, se révélant tantôt sublime, tantôt grotesque. Elle est merveilleuse et inquiétante, « ironique, obscène, comique, diabolique ». Symbole de mutation, elle est aussi figure de l’altérité, qu’il s’agisse de l’autre comme l’autre être humain ou de l’autre comme figure de l’inconnu. Elle est tout à la fois l’intime, l’autre soi, et le lointain, l’étrangeté. Elle est « figure d’altérité et de contradiction ».

Dans une époque où les frontières entre corps humain et corps artificiel, animé et inanimé, entre réel et virtuel sont plus que jamais instables et mobiles, la marionnette se présente comme « créature de l’entre-deux, du passage ». Elle résulte et représente à la fois une mutation. Son rôle dépasse l’héritage populaire de la marionnette comme artefact et où souvent elle est utilisée afin de dénoncer les mécanismes asservissants des sociétés établies.

Corps articulé, symbole de liberté, la marionnette soulève également d’autres questions, notamment celle du corps vivant et de l’homme-machine. Qu’est ce qui qualifie l’un ou l’autre ? A partir de quoi un corps est-il vivant ? Brouillant les frontières entre mécanique et vivant, entre rêve et réel, la marionnette conserve son étrangeté et sa beauté. Elle reste tout à la fois sublime et monstrueuse.

S’intéressant à diverses représentations de la marionnette, comme la danseuse mécanique ou le ventriloque, ou encore à Pinocchio et aux films de Renoir ou de Tim Burton, La vie filmique des marionnettes sort de l’ombre cette créature discrète, double et subversive qu’est la marionnette depuis toujours dans l’histoire du cinéma.