Comme les cinq doigts de la main, Alexandre Aracdy, 2009
Sorti en avril 2010, Comme les cinq doigts de la main est l'œuvre du réalisateur français Alexandre Arcady, connu pour son film Le Grand Pardon(1981). Pied-noir, il nous livre dans ce long-métrage un nouvel hymne à ses origines juives mais aussi à la Méditerranée.
Dan, Jonathan, Michael, Julien et David et leur mère Suzie forment la famille Hayoun, famille de la communauté juive parisienne autant marquée par le succès que par la mort une trentaine d'années auparavant du père de famille dans un accident devoiture. Lorsque les quatre aînés découvrent un jour que leur frère David, qu’ils n'ont pas vu depuis plusieurs années, est recherché par la police marseillaise pour acte de banditisme et le retrouvent blessé à la sortie de Yom Kippour (fête juive marquant lesommet de l'année religieuse), c'est tout une construction sociale et affective qui est ébranlée. Menacés par les anciens associés de David, toute la famille doit se réunifier pour affronter ensemble cette nouvelle épreuve, quitte à tout sacrifier. Entre colère et pleurs, les cinq doigts de la main se retrouvent.
Un tel scénario et une telle pléiade d'acteurs (Patrick Bruel, Vincent Elbaz, Pascal Elbé, Michel Aumont entre autres) auraient pu faire de Comme les cinq doigts de la main un film commercial parmi des centaines qui sortent sur nos écrans chaque année, mais Alexandre Arcady s'en est tenu à un film simple, presque sobre, plutôt inspiré parle film d'auteur que le blockbuster à l'américaine.
En effet, le réalisateur a choisi de plonger le spectateur dans un univers simple et sans fioriture injustifiée. La distribution se réduit au nécessaire et ne s'embarrasse pas de personnages secondaires inutiles : chaque personnage trouve sa juste place et s'épanouità l'écran, on développe donc très vite une profonde tendresse mêlée de respect pour cette famille Hayoun qui se livre à nous dans toute sa beauté mais aussi dans ses faiblesses. Tout comme les personnages, chaque scène participe d'une composition harmonieuse qui donne un équilibre très plaisant au film. Les dialogues sonnent vrais et simples ; chaque sourire, chaque larme a un sens et, à l'heure de l'industrie du romantique, ce genre de détails touche particulièrement le spectateur et lui rappelle un temps où le cinéma n'était qu'un art. Alexandre Arcady, qui signe ici une œuvre de la maturité, séduit donc son spectateur par la beauté de la simplicité.
Enfin, Comme les cinq doigts de la main est un film qui touche le spectateur en plein cœur. Et ceci premièrement car le réalisateur prend le soin de placer au centre de son film une famille, touchante et unie. Cette famille juive que sont les Hayoun, nous touche par ses faiblesses avouées, ses blessures mais aussi ses traditions. En tant que non-juif, je me suis laissé happé par ces traditions belles et douces avec une merveilleuse délectation, porté par des acteurs dont plusieurs vivent au quotidien ce straditions car eux-mêmes juifs. De plus, chacun souhaiterait faire partie de cette famille,sous le regard tendre de Suzie, incarnée par Françoise Fabien, et entouré de ces cinqfrères aussi différents qu'attachants.
Ensuite, Comme les cinq doigts de la main est encore une fois un éloge de la simplicité et ces cinq frères sans histoire, en tous en ce qui concerne les quatre aînés, de leurs professions de restaurateur, pharmacien ou professeur, se transforment en vrais héros. Chacun trouvera son alter ego en l'un de ces cinq car Alexandre Arcady a pris soin d'élaborer cinq personnages différents, cinq caractères différents, cinq réalités différentes tout en respectant à merveille la vraisemblance de leur fraternité. Enfin, la scène finale apparait comme le sommet de cette construction, faisant naitre dans la violence une vraie douceur, dans la douleur une vraie beauté...
Comme les cinq doigts de la main est donc un véritable feu d'artifice qui, d'une simple mèche éclairée de quelques étincelles, crée un spectacle merveilleux et fascinant, devant lequel l'on ne peut que fondre de plaisir.