Eternal sunshine of the spotless mind - Michel Gondry


marine.rossignol - Posted on 15 décembre 2009

Eternal sunshine of the spotless mind, sorti en 2004, est un film du réalisateur français Michel Gondry, d’après un scénario de l’Américain Charlie Kaufman, avec qui il avait déjà travaillé pour le film Human Nature, trois ans plus tôt. Le film, récompensé lors du Festival du Cinéma Américain de Deauville en 2004 pour son scénario original et décalé, permit à Gondry de confirmer son talent.

Eternal sunshine of the spotless mind raconte l’histoire d’amour d’un couple que tout oppose : Joël Barish (Jim Carrey) est timide et peu sûr de lui, tandis que la femme qu’il aime, Clémentine Kruczynski (Kate Winslet), est exubérante et instable. La routine et les disputes perpétuelles auront pourtant raison de leur couple, si bien qu’un jour Clémentine décide d’effacer Joël de sa mémoire. En découvrant cela Joël, dévasté, prend à son tour contact avec l’inventeur du procédé Lacuna, le Dr Howard Mierzwiak (Tom Wilkinson), pour subir le même traitement. Le soir même, deux techniciens, Stan (Mark Ruffalo) et Patrick (Elijah Wood), ainsi que la secrétaire, Mary (Kristen Dunst), viennent à son domicile afin de pratiquer l’effacement de sa mémoire. Mais au fur et à mesure que sont effacés les souvenirs, Joël se retrouve à visiter ses souvenirs antérieurs et redécouvre ainsi ce qui l’a fait tomber amoureux de Clémentine. Il se bat alors pour les préserver, mais ses souvenirs seront tous effacés, jusqu’au dernier dans lequel Clémentine aura le temps de lui susurrer à l’oreille : « Retrouve moi à Montauk ». Le lendemain, Joël ne se souvient plus de rien, mais une force instinctive le pousse à se rendre à Montauk au lieu d’aller travailler. Il y re-rencontre Clémentine. Pendant ce temps, Mary, la secrétaire, découvre qu’elle a eu dans le passé une relation extra-conjugale avec le Dr Mierzwiak et décide alors d’envoyer les dossiers à tout les clients afin de dénoncer le procédé déshumanisant de la filiale Laguna. Joël et Clémentine reçoivent le leur et apprennent la vérité sur leur relation passée. Néanmoins, ils décident de revivre leur idylle avec, désormais, la claire conscience de ce qui les menace.

Ce film nous présente l’histoire belle, mélancolique et pleine de poésie d’un amour qui s’éteint et qui renaît sous nos yeux. Michel Gondry nous décrit la complexité du sentiment amoureux dans un film à l’atmosphère déroutante et loufoque dont lui seul a le secret. Dans son film, Michel Gondry mélange les différents genres (comédie, drame, science-fiction) et réussit l’enjeu difficile de raconter une histoire d’amour à l’envers en donnant aux spectateurs la sensation d’être directement à l’intérieur de la mémoire d’un personnage (Joël). De plus, le jeu des acteurs est surprenant. En effet, Jim Carrey et Kate Winslet sont ici aux antipodes des rôles qu’on leur propose ordinairement et cela leur permet de confirmer leur réel talent d’acteur.

Enfin, ajoutons que la bande-originale est excellente (Everybody’s got to learn sometimes de Beck) et colle totalement avec la tendresse et l’émotion qui se dégagent du film.

Certaines personnes seront peut-être un peu décontenancées par le scénario très original et décalé de Charlie Kaufman. Elles trouveront éventuellement déroutant les nombreux flash-back ainsi que l’alternance entre l’histoire principale (Clémentine et Joël) et les histoires individuelles des quatre personnages secondaires (Mary, Stan, Patrick, Dr Mierzwiak). C'est pourtant ce qui fait la magie de Michel Gondry : on y adhère ou on n'y adhère pas. Mais tous ceux qui ont connu l’indicible douleur d’aimer encore quelqu’un qui est déjà passé à autre chose se reconnaîtront aisément dans le personnage de Joël. La thèse du film redonne également l’espoir à tous ceux qui ne croiraient plus en l’amour puisqu’elle suggère que nous sommes tous destinés à la même personne. D’autre part, le film véhicule une idée à laquelle il est difficile de ne pas adhérer: le bonheur n’est complet que lorsqu’on le partage à deux. Enfin, plus d’un resteront émus (et envieux) face à la force d’un amour qui est capable de se régénérer même une fois tous les souvenirs communs effacés.

Alors, si vous ne craignez pas qu’Eternal sunshine of the spotless mind soit trop compliqué pour vous, laissez-vous emporter dans son univers touchant et magique.

Marine Rossignol (L1 Humanités)