KILLING THEM SOFTLY: UN JOB COMME LES AUTRES


nassim.kezoui - Posted on 13 janvier 2013

Killing Them Softly : 

Un job comme les autres

 

 

 

 

Après L'Assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford, Andrew Dominik ava qui, en réalité, parvenait à trouver sa propre originalité. Brad Pitt et Casey Affleck y livraient des prestations soignées et habitées, et la bande originale de Nick Cave, mémorable, ajustait la musique à la splendeur de la cinématographie. Par la suite, Dominik était donc attendu au tournant ; c'est à Cannes  que Dominik a montré pour la première fois Killing Them Softly : cette fois, après le western, Dominik s'attaque au film de gangster, Brad Pitt fait encore partie du casting, et l'on ne pouvait qu'être curieux du traitement fait au film de gangster par Dominik.

Et en effet, Killing Them Softly est une oeuvre qui brise les codes, tout comme le faisait L'Assassinat de Jesse James, or ici, il n'est pas question d'un film que l'on pourrait dire "atmosphérique" ; au contraire, ici le film est très bavard. Tellement bavard que, lorsque je suis allé le voir, les départs de la salle ont été fréquents tout du long. 

La promotion du film s'étant concentré sur Brad Pitt, une arme à la main, il est vrai que l'on peut être dérouté par la réalité du film ; mais, après tout, le miracle Brad Pitt, en plus d'avoir un bon acteur, est qu'il permet de vendre à peu près tout. Et tant mieux. Souvenez-vous Tree of Life et le flux de spectateurs en colère fuyant les salles. Certains acteurs ont cet effet prodigieux sur les spectateurs, ils les attirent et, ainsi, le ticket se vend. Ce n'est que par la suite qu'ils réalisent qu'on a remplacé les armes et le found footage et les vampires par autre chose ; cet "autre chose" qui de nos jours est si difficile à produire et à vendre n'est plus un obstacle lorsque Brad Pitt est sur l'affiche. Dominik lui-même le confie, il n'aurait jamais pu faire Killing Them Softly sans lui : Brad Pitt étant également producteur du film.

Killing Them Softly offre un portrait de l'Amérique sous fond de la campagne électorale de 2008 et de crise économique, le fond sonore du film est saturé de discours politique, régulièrement d'Obama ; la joie que suscitait le candidat à l'époque est remplacée par un cynisme amer. Le monde des gangsters est en crise. Ils discutent argent. Stratégies. On ne sait plus s'il s'agit de gangsters ou, tout simplement, de discussions d'entreprises lambdas. L'intrigue du film est simple voire banale, mais l'intérêt repose dans la manière dont cette intrigue est traitée ; Dominik dévoile le mécanisme de l'entreprise criminelle. Ce mécanisme s'apparente à celui de n'importe quelle entreprise.

L'intérêt également du film repose également sur sa réalisation inventive et sublime jusqu'aux derniers instants : chaque plan est soigné. De la part du réalisateur de Jesse James, cela n'étonnera personne.

Une autre force du film est le jeu des acteurs : tous sont excellents. Pour un film qui se concentre sur des "duels d'acteurs", le jeu se devait d'être irréprochable, les longues scènes de dialogues sont portées avec force.

En résumé, Killing Them Softly intéresse par le traitement du sujet, Dominik s'approprie le film de gangster et le livre à une époque moderne aux allures peu reluisantes ; et, par la même occasion, il livre par le biais des gangsters une vision de l'Amérique.