L'affaire Mirrasierra, ou un manque criant de coeur et de raison

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Indignation, frustration, déception : aucun de ces mots ne saurait décrire le sentiment de tout être humain normalement constitué qui a pris connaissance de la tragique  histoire du supporter Santos Mirasierra.

Leader d''un groupe de supporters marseillais, décrit par ses proches comme un passionné de foot, un amoureux du club phocéen, un gentil, un pacifiste, Santos Mirassiera à été condamné le 3 décembre à trois ans et demi de prison ferme, peine qu''il doit purger en Espagne, loin de ses proches, loin de sa famille et de ses amis. Et pourquoi ? Pour avoir poussé un policier qui assénait des coups de matraque à une femme. Aberration : un homme est condamné pour avoir tenté de protéger une personne en danger!

Rappelons les faits. Mercredi premier octobre 2008, à Madrid, l''Atletico  affronte  l''Olympique de Marseille pour le compte de la deuxième journée de la Ligue des champions. Match décisif pour chacune  des deux formations. Toutes les conditions semblent donc réunies pour vivre une belle soirée de football. Mais soudain, c''est le drame : les forces de police interviennent pour calmer des supporters marseillais plutôt agités, l''intervention est musclée. Les policiers espagnols chargent, les matraques fendent l’air et les têtes, le sang coule... Santos Mierassirra, un des supporters marseillais se protège, pousse un policier qui violentait une femme et en ceinture un autre, qui  frappait au visage un de ses amis.

Suite à ces événements sur lesquels nous n''avons pas plus d''informations, les supporters marseillais rentrent tous chez eux après quelques heures de garde à vue tout au plus - tous, sauf un, Santos, accusé d''avoir porté des coups à un fonctionnaire de police. C''est la surprise générale et l'' écoeurement, quand tout d''abord on apprend que contre lui,  huit ans de prison sont requis. Le procès suit sont cours, mais aucune preuve ne peut être apportée pour confirmer les faits qui lui sont reprochés (il aurait jeté un siège sur un policier, selon le policier lui-même). Le juge ne peut donc retenir les huit ans et condamne tant bien que mal  le supporter marseillais à trois ans et demi de prison ferme.

Alors, faux témoignage, délit de sale gueule , affaire grossie pour passer sous silence l''inexplicable violence des policiers madrilènes, bouc-émissaire d''une justice qui veut montrer qu''elle applique à la lettre ses nouvelles mesures concernant la violence dans les stades ? Les hypothèses sont nombreuses, aussi nombreuses que les victimes que cette affaire risque de faire. Car en plus d''avoir condamné Santos Mirrassiera à trois ans et demi de prison ferme, la justice a rendu son verdict, quelques jours seulement avant le match retour, Marseille/ Atletico, qui sonne comme une affiche, mais qui  risque plutôt d''être la peinture d''un bien triste spectacle. On a beau appeler au calme, dire que la meilleur réponse à donner est sur le terrain, vouloir montrer, du coté des supporter marseillais, qu''on n''est pas des sauvages, on ne sait jamais ce que peut provoquer la rancoeur et le malheur d''une foule. L''incompétence assortie de la bêtise : la justice espagnole fait montre de tout son savoir-faire.

Il ne nous reste qu’à espérer que tout se passe bien. Si la raison ne suffit pas, peut-être, tout de même, celle du coeur triomphera-t-elle.

 

Mathieu Hemono (L2)

Le 7 décembre 2008.

Pour en savoir plus sur cette affaire:

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