L'arbitrage vidéo, ses défauts (2/3)
La vidéo dans l’arbitrage, certains sont pour, d’autres sont contre, mais tous sont unanimes sur un point : les arbitres ont besoin d’aide. A chaque journée de championnat, trop de cœur blessés, trop d’arbitres conspués et trop de résultats faussés. Dans ce contexte où une réforme semble nécessaire, comment s’opposer à la vidéo sans perdre tout crédit ? Celle-ci doit pourtant comporter quelques désavantages, présenter certains défauts. Dans le cas contraire, comment les professionnels que sont Michel Platini ou Jean-Michel Larqué pourraient-ils bien s’opposer à sa mise en place? A-t-on réellement besoin de rappeler le palmarès de ces deux anciens meneurs de l’équipe de France pour prouver qu’ils savent de quoi ils parlent quand ils parlent football ?
L’utilisation de la vidéo soulève en effet bien des questions. Comment s’en servir ? A quel moment ? A l’initiative de qui ? Permet-elle toujours de prendre une décision indiscutable? Autant de questions aujourd’hui sans réponses. Sous ces interrogations, nous décelons une crainte : entrer dans un engrenage qui, à terme, mènerait au remplacement de l’arbitre par la vidéo, de l’homme par la machine, et ferait du football un sport systématique et sans âme. En ce sens, nous comprenons les réticences de ceux qui ont peur que le foot perde de son essence. L’argent « pourrit » déjà ce sport ; si nous rajoutons la technologie, nous ne sommes pas sortis de ce marasme…
Une autre question se pose : que faudrait-il vérifier à l’aide de la vidéo ? Prenons une situations concrète : un arbitre hésite, il ne sait pas si la balle a franchi ou non la ligne de but. Il fait donc appel à la vidéo et s’assure de la validité du but qu’il accorde. Imaginons à présent que le buteur ait, quelques minutes auparavant, commis une faute qui lui aurait valu l’expulsion si l’arbitre l’avait remarquée. Faut-il alors annuler le but ? Jusqu’où remonter pour prendre une décision valable? Poussée à l’extrême, l’analyse rétrrospective de ce genre de situations ne permettrait de donner le résultat d’un match que plusieurs heures après son terme, et enlèverait de sa spontanéité au football, lui arracherait son âme.
Les arbitres sont de moins en moins aimés par des supporters et des joueurs qui ne retiennent que leurs erreurs. Certains s’excusent presque d’être humains, de commettre des erreurs; d’autres préfèrent ne plus communiquer. Si personne ne fait rien, l’arbitrage s’en va connaître un funeste destin.
Mathieu Hemono (L2)