L'oreille musicienne
Soumis par bortolussi le dim, 01/17/2010 - 01:00
Claude-Henri Chouard, L'OREILLE MUSICIENNE :
Les chemins de la musique de l'oreille au cerveau, nouvelle édition revue et augmentée. Folio essais. 406 pages.
Claude-Henri Chouard, ancien Chef du Service d'Oto-Rhino-Laryngologie de l'Hôpital Saint-Antoine, Membre de l'Académie nationale de médecine, s'est intéressé à la musique et son audition après avoir longuement travaillé avec des sourds. Il fait appel à son savoir médical et aux dernières découvertes neuro-scientifiques pour expliquer les voies particulières que la musique emprunte, de l'entrée dans l'oreille jusqu'à son arrivée dans la sphère du conscient. Un essai très pratique pour les grands amateurs de la théorie de la musique qui se verront comblés par cette justification du phénomène musical comme phénomène caractéristique de l'humanité.
Les premières pages plongent directement le lecteur dans les planches anatomiques de la sphère ORL et des graphiques de physique accoustique qui seront primordiaux pour la compréhension de l'essai. La présentation cependant et déstabilisante et certains chapitres trop denses de connaissances dans des domaines divers et variés perturbe la bonne compréhension du point abordé. Mais Claude Henri Chouard rend l'expression medical et scientifique de son discours relativement accessible. L'introduction est une série d'entretiens avec les coqueluches de la musique classique occidentale contemporaine. Ils ont chacun, par leurs fonctions, un rapport et une écoute particulière de la musique. L'auteur tente avec leurs expériences de confirmer les faits observés dans la recherche neuro-cognitive de l'audition musicale. Ceux-ci confirment un des paradoxes qui perturbent le monde musical, Claude Henri Chouard ne cessera d'y revenir: ce qui différencie la musique, de la parole ou des bruits.
Un bref résumé explique la nature physique de la musique et du chant ainsi que leur parcours du tympan au cerveau. C'est dans l'oreille que l'on comprend la prédilection ancestrale pour l'octave et la quinte et ainsi la discrimination de l'intensité des fréquences et hauteurs sonores qui n'ont cessées de bouleverser notre diapason. Notre chemin se poursuit dans la sphère nerveuse et cérébrale, nous apprenons que ces sonorités sont influencées par une quantité d'autres parvenant au centre nerveux et agissant presque à notre insu sur tous les centres cérébraux, notamment la mémoire et l'affectivité avant d'être perçues par la conscience. C'est avec cette observation que l'auteur nous offre une explication sur l'oreille musicale, en effet l'étude prouve que des caractéristiques physiques et psychologiques influencent particulièrement l'audition, mais aussi que le nourrisson possèderait une sphère du cerveau prêt à la musique. Le tout et encore de trouver ce qui la sépare de la sphère auditive du langage qui sera tout au long de l'essai comparée à la musique et au chant.
Ainsi s'éclaire la part prépondérante que la musique prend dans le quotidien de notre civilisation : loin d'être un phénomène culturel, que faciliterait le développement technologique, la musique est l'expression d'un besoin physiologique, dont l'humanité commence aujourd'hui seulement à prendre conscience, ce qui est un fait tout à fait nouveau.
Madeline Tamari
