Mariah Carey
H.A.T.E. U
C'est avec fougue que les fans de Mariah Carey ont accueilli le dernier album : Memoirs of an Imperfect Angel, douzième opus de la chanteuse, sorti le 5 octobre dernier en France, le 29 septembre 2009 aux Etats-Unis sous le label Island Def Jam, vendu alors à 223330 exemplaires en deux semaines. Dix-sept titres le composent parmi lesquels "H.A.T.E. U" ou "Angels cry" semblent se détacher pour former une saillie à ce matériau jugé plutôt "lisse", sans véritable rupture avec ce qui a été proposé précédemment à savoir : E= MC² ( onzième album de Mariah Carey) où l'on fait usage de la même "recette" : un piano réservé aux ballades et une production studio qui favorise la basse et la batterie.
Ainsi H.A.T.E. U, chanson motrice des " Mémoires d'un ange imparfait" , est l'évocation de l'ensemble des forces que l'on est amené à mobiliser en vue de se défaire d'un sentiment amoureux, l'expression d'un désenchantement, d'une dissolution. C'est également le récit d'une prise de conscience : la vanité des efforts, les réminiscences, les bribes enfin d'une relation passée mais que l'on voudrait voir perdurer. Il s'agit d'éclats d'amour qui incisent l'esprit et le coeur.
Mariah se fait par ce biais, la traductrice d'un sentiment flottant, fluctuant qui peine à être décrit. Il est question d'irrésolution, d'une oscillation continuelle entre le fait d'aimer et le fervent désir de haïr : " Love is a phenomenon no one could explain and I wish I could press reset and feel that feeling again". De ce fait, la voix se fait solennelle dans les bridges (autrement dit les ponts qui mènent au refrain) comme pour refléter un semblant de résolution et accompagner la métaphore du combat : " We went round for round 'til we knocked love out, we were laying in the ring" . Le rythme s'accélère alors, comme pour mimer l'échange de coups. Cette gravité dans la voix est promptement supplantée dans les couplets et les refrains par une tessiture aux abords plus fragiles ; une forme de vulnérabilité qui conforte l'acte de résignation. S'ajoute à cela les high notes comme marque suprême de la douleur.
Nul doute que les fans en mal de "fracas" apprécieront cette sorte de ballade que l'on peut assimiler à Angels cry, qui fait par ailleurs office de wink ( clin d'œil) au titre de l'album. L'utilisation d'images y est cette fois plus récurrente, avec notamment la figure de la route étroite : " Walking on this narrow road, wobbling but won't let go", faisant écho aux oscillations entre aimer et haïr dans H.A.T.E. U, ainsi que la thématique de la violence : " the final blow hit so low I'm still on the ground".
En cela, la première écoute est pour le moins déroutante : inflexion somatique dès les premières notes, sens sollicités de toutes parts, soumission aux élans de la mélodie, battements de cœur plus vigoureux. L'expérience est saisissante.
Les "Mémoires", montrent donc les différentes déclinaisons de l'amour selon les chansons : H.A.T.E. U, Angels cry mais également Inseperable, More than Just Friends, en continuité avec We belong together au succès retentissant en 2005, tiré de l'album The Emancipation of Mimi. Néanmoins, Memories of an Imperfect Angel ne semble pas contenter les fans des débuts ( années 1990) et séduit plus les jeunes actuels, davantage portés sur ce type de propositions auxquelles répond H.A.T.E. U, à savoir le R'N'B.
A mon sens, les choix thématiques et musicaux de la Carey, sa polyvalence et sans conteste sa voix irisée, agrémentent ses travaux. La longévité de sa carrière l'atteste. Ayant été attentive à son parcours ( près de dix ans de suivi), je peux affirmer que nous n'en finirons pas d'être surpris.
Murielle Samba, L1 Humanités
H.A.T.E. U, Memoirs of an Imperfect Angel, Island Def Jam, 2009.
Murielle Samba