Mes larmes viennent juste de sécher...


quentin.revert - Posted on 20 juillet 2010


Opération Delta Force 5 :

Objectif Ben Laden (oui !!!!)

Opération Delta Force 5 : Objectif Ben Laden, c’est avant tout une découverte fabuleuse. Alors que je me promenais dans une librairie de Courchevel avec mon ami Pierre, à la recherche d’un cadeau, je tombai sur un étalage rempli de coffrets DVD. Entre deux films de Chuck Norris et un autre sur la vie de Paris Hilton (non je n’invente rien), je me retrouvai devant un pack deux DVD aux noms ô combien évocateurs : Opération Delta Force. On pouvait même lire sur l’emballage une faute d’orthographe. Avec elle la promesse d’assister à du grand n’importe quoi ! Je préfère vous prévenir tout de suite, ce film envoie du lourd, du très très très lourd. Il s’agit sans doute du meilleur DTV que j’aie pu voir à l’heure actuelle. Il y a absolument tous les ingrédients dans ce long métrage pour concocter un nanar de haute volée ! Léviathan était vraiment très drôle aussi, mais la production avait au moins l’excuse de posséder un budget minimaliste. Ici ce n’est pas le cas et pourtant le résultat est grandiose…
 
Commençons par le titre. Et quel titre : « Objectif Ben Laden » ! Quand je vous disais que les producteurs de DTV sont prêts à tout pour attirer le spectateur, on en a ici la preuve. La récupération est incroyable, à la limite de l’indécence même. On est totalement dans la veine des films d’action américains qui désireux de (re)gagner une guerre qu’ils ont perdue dans la réalité. D’entrée, on sait que le méchant barbu va en prendre pour son grade, et pourtant… Il n’y a pas de méchant qui s’appelle Ben Laden dans ce film, tout juste un acteur vaguement basané avec un petit bouc qui se prénomme : Jafara Bin Kasim. Et pour cause, ce film a été tourné en 2000, et renommé ainsi après les attentats du 11 septembre !
 
L’histoire est comme d’habitude classique, un terroriste organise des attentats. Le dernier en date a visé l’ambassadeur des Etats-Unis au Kenya. Un nouveau diplomate est donc envoyé là-bas, afin de palier le décès de son prédécesseur. Alors qu’il traverse le pays africain en train avec sa famille et des gardes du corps (pourquoi le train et ne pas atterrir directement en avion ???), il se fait percuter par un avion de la presse, le seul accrédité, qui devait suivre son déplacement. Il s’avère que le journaliste est manipulé par Jafari. Pendant ce temps, la delta force est aux prises avec l’armée de révolution du Kenya, dirigée par notre ami Ben Laden, enfin Bin Kasim comme vous l’aurez compris.
 
Ils sont encerclés dans un village, après être tombés dans un guet-apens. Et donc pendant une bonne quinzaine de minutes, nous avons droit à une superbe scène de siège, avec tous les clichés imaginables sur les films de guerre. C’est tout simplement sublime. Le capitaine de Delta Force, Brad Kennedy, et ses hommes se sont retranchés dans une maison et tentent de repousser les assauts ennemis. Ils doivent être une dizaine de GI face à une centaine d’hommes, armés de mortiers et accompagnés de blindés, dont des tanks. On assiste à un superbe feu d’artifice : à coups de lance grenade les gentils dézinguent les tanks (et tout ce qui roule en général), pourtant censés résister à ce genre d’armes. Le tout dans un joyeux n’importe quoi. À noter que les tanks, eux, visent toujours à côté. Ils tirent pourtant une trentaine d’obus en moins de dix minutes. Mais je vous l’ai déjà dit, seuls les marines sont capables de toucher leurs adversaires.
 
Idem pour les sbires ennemis (qui sont franchement blancs pour des soldats de l’armée de libération kényane) ils sont ici dégommés par paquets de douze. C’est alors qu’on a droit à des saltos, des pirouettes et des roulades de la part des terroristes, afin de bien montrer qu’ils sont morts et aussi, disons-le, pour rester le plus longtemps possible à l’écran… Néanmoins lorsqu’un des soldats de la Delta Force est touché, on assiste alors à du grand actor’s studio, avec des clichés que n’aurait pas renié Rambo lui-même. J’en veux pour preuve cette scène où David est touché et que Skip tente de le sauver- j’insiste sur le verbe, tant sa façon de s’y prendre est criminelle :
 
-       Skip : Tiens bon, accroche-toi David ! Dis rien parle pas ! Je vais m’occuper de toi !
-       David (agonisant) : Skip [il tient son matricule dans la main et le tend vers son acolyte] donne ça à mon frère !
-       Skip : Non ne parle pas ! Ne me laisse pas David, ta mère ne me le pardonnera jamais ! Crève pas mon vieux, ne me fais pas ça ! Meurs pas David ! Déconne pas !
 
Tout en prononçant ces paroles, le dénommé Skip saisit la tête de David et la secoue dans tous les sens, alors que celui-ci est encore en vie ! On est à la limite de l’euthanasie. Ce dernier d’ajouter en tirant dans tous les sens : « Ah les enfoirés, ah les salopards ! » non pas une fois, ni deux fois, mais trois fois ! Sincèrement cette scène est hilarante, tant les deux acteurs surjouent à fond et nous gratifient de dialogues pourtant éculés !
 
Toujours au début du film (cette partie est vraiment riche), l’un des soldats, Cédric, regarde tranquillement par la fenêtre avant d’être touché - il l’a bien cherché - par une balle ennemie. Le sergent Johnson lui demande alors s’il peut encore bouger son bras, ce à quoi le première classe lui répond par l’affirmative. Le scénariste ayant sans doute aucun voulu rajouter un peu d’humour, nous offre alors une phrase d’une rare poésie : « T’es un sacré veinard toi, tu pourras encore te toucher ! » Bouleversifiant.
 
Je poursuis brièvement sur leur fuite : ceux qui sont encore vivants et en bonne santé s’échappent par un tunnel miraculeusement relié à la maison, pendant que les blessés restent sur place, avec le capitaine, afin de retenir les assaillants. Au dernier moment, le sergent Johnson, ce héros, force le capitaine à s’enfuir et reste à sa place avec Skip (l’infirmier maladroit) et Cédric (celui qui « peut encore se toucher »). Cet acte vaudra à Kennedy d’être mis à l’épreuve une fois revenu, pour avoir laissé des camarades derrière. Dans la Delta Force : « soit on rentre tous ensemble, soit on meurt tous ensemble ! » Pas de place pour la retraite, on laisse ça aux communistes.
 
Alors, certes, on pourra dire que cette sanction de la part du général Taylor, le commandant de l’unité Delta Force, est un peu excessive, mais on peut la comprendre. En effet, Kennedy ce héros, parce qu’il s’agit du héros, est d’une mollesse infinie, et ne semble à aucun moment (à l’inverse de son second resté sur place) avoir la maîtrise des événements. Il est bouleversé, incapable de prendre des décisions en moins de vingt secondes. Et que dire de ses hommes, qui pour la plupart font une crise de nerfs devant l’assaut de bédouins (armés certes) alors qu’ils sont censés représenter l’élite de l’armée américaine. Je ne sais pas si le scénariste a voulu insister sur l’aspect humain des soldats, mais on a davantage l’impression d’assister à la lecture de Psychologie Magazine plutôt qu’à la vision d’un film de guerre bourré de testostérone.
 
Autre scène « cliché » (en réalité elles le sont toutes), celle où Kennedy va rendre visite aux parents du défunt David, afin de leur afficher son soutien et de faire durer le film un peu plus longtemps avec un dialogue débile. « Il est mort en héros, c’était un de mes meilleurs hommes ». Et le père de renchérir « Il voulait devenir architecte, mais avant ça il avait décidé d’honorer son drapeau en faisant son service militaire. Regardez, voilà une photo de mon père, dans l’armée, tout comme moi plus tard ! » ; « Oh il ressemble à David !» « Je sais que ce n’est pas de votre faute si notre David n’est pas rentré…»! Il faut les voir s’échanger de telles banalités pour le croire.
 
À partir de ce passage, Jafari refait surface et commandite l’explosion d’un bâtiment des Nations Unies, à New York, lors d’une conférence sur le développement africain. Il s’agit d’un attentat kamikaze, réalisé par… Cédric (qui cette fois-ci ne pourra plus se toucher) ! On apprend assez rapidement qu’il a été hypnotisé par un des assistants de Jafari, spécialisé dans la manipulation mentale, afin de le faire obéir au doigt et à l’œil. Kennedy et son équipe sont rappelés afin de répondre à la grande question : Si Cédric (qui est éparpillé un peu partout) était envoyé par le Ben Laden du pauvre, qu’en est-il de Skip et Johnson ? Et que signifie ce message de détresse provenant de la base de Jafari au Kenya ? Enfin, comment les producteurs vont-ils justifier la nanardise de ce DTV ?
 
Pour avoir les réponses à ces questions, il vous faudra regarder ce film dans son intégralité, sans perdre une miette du spectacle affligeant auquel vous assisterez ! Parce que Opération Delta Force 5 : Objectif Ben Laden (je ne me lasse pas de ce titre), est un grand nanar. J’ai volontairement passé sous silence « l’histoire d’amour » entre notre capitaine [nounours] Kennedy et une femme officier, tant leur romance est pathétique et absolument pas crédible. Chuck Norris, tu peux être fière de tes successeurs…