Quel dommage, on va devoir prendre la Jag...


quentin.revert - Posted on 07 juin 2010


 

Ed : « Les mots avec un Z on les zévite !!! »
 
 
 
 
 
Ah «Shaun of the Dead (2003)  en voilà un film qu’il est bien ! Autant le dire tout de suite, cet article s’inscrit en totale contradiction avec le précédent, le seul point commun que l’on puisse trouver entre Vampire Assassin et Shaun of the Dead c’est le rire qu’ils déclenchent, mais pas pour les mêmes raisons ! Nous sommes ici en plein dans le nanar volontaire dont je vous avais parlé dans mon article introductif. Ce genre n’est pas aussi facile qu’il peut y paraître, beaucoup de réalisateurs s’y sont cassés les dents ! J’en veux pour preuve les nauséabonds Big movie et autre Super héro movie pour ne citer qu’eux (à part Scary movie, pas grand chose à tirer des ces navets). Tout simplement parce que faire rire avec ce qui a déjà été fait n’est pas chose aisée, bien au contraire, il faut tout le talent d’un acteur, à la Jean Dujardin dans les deux OSS 117, pour caricaturer un archétype de personnage, toute la dextérité et l’amour du cinéma d’un Edgar Wright pour mettre en scène une parodie hilarante.
 
Pour apprécier pleinement le travail de ce dernier, il faut le remettre dans un contexte, avec une genèse et un nouveau testament si je puis m’exprimer ainsi. En effet Shaun of Dead c’est avant tout trois hommes : Edgar Wright donc, le réalisateur ainsi que le coscénariste avec Simon Pegg, l’acteur principal et enfin Nick Frost le « side kick » du héros, c’est-à-dire le meilleur ami qui prend les coups à sa place et n’en retire qu’une gloire très relative. Ces trois hommes sont amis dans la vie et cela crève l’écran et rend le métrage encore plus sympathique puisque la complicité entre eux décuple leurs performances et de ce fait le plaisir du spectateur. Ce film n’est pas leur premier coup d’essai, en effet ils ont d’abord sévi avec une série anglaise prénommée Spaced dans les mêmes rôles ou presque, sauf que cette dite série traitait, plutôt que de zombies, de la difficulté pour les jeunes adultes (les « youth » en anglais) de s’insérer dans une société lorsque l’on sort de l’enfance et que l’on doit se confronter au « vrai monde ». On retrouve dans ces épisodes des esquisses thématiques et artistiques de ce que seront Shaun Of the Dead ou encore Hot Fuzz, le deuxième métrage de la bande. Une série trop courte malheureusement mais que je conseille à tous ceux qui aiment ce film.
 
Mais revenons-en justement à notre métrage, la situation initiale est assez simple et en même temps remarquablement profonde. Je vais m’expliquer : nous retrouvons deux jeunes hommes Simon Pegg (Shaun) et Nick Frost (Ed) dans un pub londonien (le Winchester), avec la copine du premier (Elizabeth, Lizzie ou Liz selon les humeurs) et ses colocataires. Cette dernière a envie de changement, de ne plus « sortir le soir dans le même bar, voir les mêmes gens, boire les mêmes bières » elle veut sortir, innover et ne plus se retrouver dans cette situation casanière qui plait tant à Shaun. Il est une sorte de Tanguy britannique, sans la réussite universitaire. De fait il travaille comme vendeur dans un magasin d’électroménager et vit en colocation avec Ed, dilettant notoire, et un autre jeune homme beaucoup plus sérieux qu’eux. Tout en étant extrêmement drôle, la première partie nous fait ressentir toute la difficulté de grandir, de s’affirmer, de trouver un travail dans lequel on puisse s’accomplir ; ce qui doit être la préoccupation de la majorité de ces jeunes adultes pas entièrement sortis de l’adolescence, dont je fais assurément partie.
 
Et puis arrive l’événement perturbateur, de plus en plus de personnes se comportent bizarrement, marchent lentement, l’air hagard et surtout tentent de mordre leur voisin. Le plus étrange dans tous cela réside dans le fait que, contrairement à l’emballement médiatique sur la grippe H1N1, la plupart des personnes ne réagissent pas à ce brusque changement d’attitude. En réalité, de brusque changement comportemental il n’y pas vraiment et c’est là tout le génie du scénario et de la mise en scène, puisque les zombies (car il s’agit de zombies) agissent exactement comme les gens qui vont au travail tout les jours, la mine défaite, le regard vide. L’aliénation du travail dans un film d’horreur avec des monstres, les communistes l’ont rêvé, Edgar Wright et Simon Pegg l’ont fait ! Et surtout avec un humour décapant.
 
En résulte une scène en particulier, où nos deux amis sont confrontés à une caissière complètement lobotomisée, errant dans leur jardin, mais avec exactement la même tête que dans le générique où elle n’est pas encore transformée en mangeuse d’entrailles… Après avoir essayé plusieurs fois de la faire réagir, notamment en l’appelant par son nom ou en lui envoyant des cailloux, ils balancent cette phrase magique  en se regardant morts de rire: « Mais elle est ivre morte ! ». Alors qu’elle se jette sur un Shaun plié en deux pour le mordre, Ed ne trouve rien de mieux à faire que d’aller chercher un appareil photo jetable pour les prendre en photo… Lorsqu’ils comprennent enfin que son comportement n’est pas normal, par un procédé que n’aurait pas renié un catcheur, ils essaient de s’en débarrasser avec… des vinyles qu’ils leur lancent en pleine tête, oui entre temps un deuxième zombie bien plus gros est arrivé ! En résulte une scène où nos amis font le tri dans leur discothèque pour savoir ce qu’ils peuvent ou non jeter: « Hé mais c’était la BO de Batman » ou encore « Dire Straits ? Ohh jette-le !».
 
Vous l’aurez compris ce film, dont je ne raconterai pas la suite tout aussi tordante, est extrêmement intéressant dans l’approche inédite que peut avoir un être humain face à un événement perturbateur. Il ne faut jamais perdre de vue que même s’il parodie un grand nombre des clichés du genre « gore », il n’en reste pas moins un vibrant hommage, emplie de tendresse pour ces films qui ont fait leur adolescence. À noter que tous les acteurs sont excellents, qu’Edgar Wright possède un vrai style de réalisation, avec des plans qui sont enchainés très rapidement et une capacité à faire sursauter le spectateur en même temps qu’il le fait rire. Le pitch du film résume en une phrase la saveur de ce métrage : « une comédie romantique avec des zombies ». Tout est dit.