Wildstreet - S/T

Style : Glam / Hard FM

Formé en : 2006

Origine : New York (USA)

Web : http://www.myspace.com/wildstreet

Wildstreet – 01.05.2009 – EP

85/100

Tracklist :
1.    Wanna Get It On
2.    Hard On You
3.    For So Long
4.     Soldier Of Love
5.    Midnight Gypsy
6.    Open Up Your Eyes
7.    The Fist Of Fury
8.    All The Young Dudes
9.    Soldier Of Love (acoustic)


Musiciens :

Eric Jayk (chant / guitare)
Jimmie Marlowe (guitare)
Keith Robert (guitare)
Ali Hassan (basse)
Beck (batterie)


« Let’s take a ride on the wildstreet ! »

Ayant la chance de pouvoir m’approvisionner très régulièrement en nouveautés ou antiquités musicales, je ne me prive guère ; et il ya des jours où je m’en félicite.
Comme le jour où j’ai trouvé cet EP d’un groupe new-yorkais, qui a abattu mes préjugés visuels dès les premières notes. Je m’explique : en regardant la pochette, je me suis dit « Encore des poseurs de pop-metal à peine plus testostéronés que Tokio Hotel ou Avril Lavigne, bons à faire de la soupe commerciale pour midinettes pré pubères… ». Oui, je peux être très dure dans mes préjugés… Mais je ne recule devant rien, pas même devant des post-ados rebelles apparemment en crise (quand ils sont catalogués comme ‘glam’). Fort heureusement pour mes oreilles, aucune de mes craintes ne se trouve confirmée dans les 33 minutes de cet EP !
J’ai même l’immense plaisir d’y trouver un univers ‘Def Leppard-esque’, depuis le son caractéristique de la batterie, jusqu’aux mélodies implacables, en passant par une production qu’on jurerait signée Robert ‘Mutt’ Lange (bien qu’elle soit absolument home made).
« Damned, me dis-je, j’ai l’impression d’avoir été aspirée par un rayon intersidéral qui m’a ramenée à la grande époque de Def Lep’ ! »
Les yeux et les oreilles écarquillés, je relance ce petit bijou – aussi parce que dans mon « incurable souci du parfait ¹ », je ne peux pas m’empêcher de me dire qu’il doit y avoir une faille que je n’ai pas décelée à la première écoute. Mais il est assez difficile de rester manichéen à propos d’un ensemble aussi cohérent.

On commence par une attaque massive de Beck derrière ses fûts (dont le son est ouvertement copié sur l’instrument semi électronique de Rick Allen, le seul batteur manchot de l’histoire), sur « Wanna Get It On » qui sonne comme un « Poor Some Sugar On Me », depuis le rythme jusqu’aux riffs hachés et aux chœurs sur les refrains. Ce clin d’œil appuyé et audacieux ne tombe cependant pas dans la pâle copie, ce qui est rare, croyez-moi. On se surprend à taper du pied et à chantonner en même temps qu’Eric Jayk, phénomène qui prend une proportion quasi euphorique au deuxième morceau, « Hard On You ». Je sacre ce morceau ‘tube interplanétaire’, au cas où les radios se décideraient à passer du rock un jour. C’est une claque, de celles qui vous font un bien fou. Une intro caisse claire-grosse caisse à la batterie, doublée au bout de quelques secondes par les guitares et les handclaps (une des caractéristiques de tout l’album) annoncent très bien le morceau. La bouffée d’adrénaline qui se libère aux refrains avec les chœurs et pendant les soli qui restent pertinents à tout moment, ainsi qu’une voix maîtrisée juste ce qu’il faut, font de « Hard On You » un morceau à l’énergie communicative. Presqu’essoufflé dès la deuxième chanson, on entame une power ballade digne d’un stade, « For So Long ». Guitare électro acoustique, handclaps puis chant, rejoints en douceur par une basse ronde d’abord, et par la batterie qu’on ne voit pas venir du fait des handclaps avec les chœurs massifs cependant qu’aériens ensuite ; on cherche son Zippo sans s’en rendre compte tout le long de cette magnifique chanson. Et là, re-méga tube : « Soldier Of Love ». C’est la métempsycose de Joe Elliot dans la voix d’Eric Jayk, sur un morceau qu’on croirait sorti des archives secrètes de la session Pyromania. Un pur moment de bonheur sur un rythme imitant parfaitement les battements du cœur, avec une petite suée pendant le solo et le couplet qui suit. Le chef d’œuvre se clôt, on tombe alors sur un instrumental, fait devenu rarissime dans la musique de nos jours. Et fait d’autant plus rarissime, ce « Midnight Gypsy » est un véritable morceau de bravoure, intelligemment structuré, solidement charpenté, brillamment architecturé. Interlude avec « Open Up Your Eyes », une vraie ballade rock en mid-tempo, que toute une salle de concert reprendrait en chœur sans peine, briquet ou téléphone brandis comme il se doit. A la suite de quoi nous avons droit à un morceau certes efficace mais moins bon que les six premiers, « The Fist Of Fury ». Il me semble beaucoup moins ambitieux et accrocheur que les hymnes précédents, ce qui n’empêche pas qu’il soit tout de même bien fait. Malheureusement, la faille que je cherchais après la première écoute se trouve sur la fin de l’EP, dans les trois derniers morceaux. Après « The Fist Of Fury » qui laisse une impression de légère insatisfaction,  « All The Young Dudes » est en fait une reprise de Mott the Hoople, reprise certes correcte mais vaguement insipide, qui n’apporte pas grand-chose à la version originale. Enfin le morceau qui, à bien l’écouter, est celui que j’aime le moins : la version acoustique (et sans batterie) de « Soldier Of Love », certainement parce que j’adore la version électrique où rien n’est de trop, mais aussi, plus objectivement parce que la voix d’Eric Jayk manque de puissance dans les aigus alors qu’elle est parfaite dans les médiums.
Dommage de terminer cet EP sur une note si décevante : je m’empresse donc de le remettre à tourner.

Si les Wildstreet étaient nés 20 ans plus tôt, ils auraient pu faire de l’ombre à Def Leppard et autres Bon Jovi dans les charts, mais aujourd’hui leur survie (ou leur naufrage) dépend entièrement de cet EP, qui, je me répète, est une des meilleures surprises du premier semestre 2009. Non seulement c’est un régal pour les fans du genre, mais aussi un très bon moyen pour l’aborder.
Jetez-vous dessus !


¹ : Saint-John Perse

Raphaelle Chaize (L2)