Y&T + Tigertailz @ Le Forum (Vauréal, 95) : 06.17.2009
Today feels like Yesterday
Y&T [wouaillenneti] : http://www.myspace.com/yandtrocks
Tigertailz [taillegueurtèlz] : http://www.myspace.com/tigertailzcouk
Dès que l’information a commencé à circuler, je n’ai pas perdu une seule seconde : Y&T en concert à deux pas de chez moi (Vauréal, dans l’agglomération de Cergy-Pontoise) avec Tigertailz en première partie, et pour un prix défiant toute concurrence. Il fallait être fou pour résister ; d’ailleurs il faut croire que la folie n’est pas si répandue puisque le concert a très vite été complet.
Me voici donc le 17 juin 2009 devant le Forum et derrière une queue monstre. Estimation de l’âge moyen : 35 / 40 ans (plus 40 en y réfléchissant bien). Et pour cause, nos amis de Y&T venus d’outre-Atlantique fêtent cette année leurs 35 ans d’existence ! Peu de groupes peuvent se vanter d’en faire autant. L’impatience n’est pas vraiment de mise, on piétine un peu par cette chaude fin de journée, le flux d’arrivants ne se tarit pas, mais l’ambiance dans les rangs est à la bonhommie, avec un brin d’excitation. En plus de fêter leurs 35 ans, les Y&T ont boudé la région parisienne depuis 1983 (et continuent à bouder Paris-même depuis 1982), les voir ici est donc un événement. Après une attente relativement courte (15 minutes de retard à l’ouverture pour une salle, c’est presque trop beau pour être vrai) et quelques retrouvailles parfois inattendues, la masse humaine disciplinée fait connaissance avec l’intérieur du Forum, une salle municipale sans prétention (capacité de 200 / 250 personnes) mais tenue par des passionnés, ce qui rend le cadre fort sympathique. Une bonne partie se dirige vers le bar, l’autre vers la scène. « Enfer et damnation, l’endroit est assez mal ventilé – espérons que la climatisation sera mise en marche bientôt… », me dis-je.
Espoir déçu, car Tigertailz faisait à peine son entrée (pour le moins fracassante) sur scène que la sueur perlait déjà à tous les fronts. Les Anglais un poil déjantés entament « Sick Sex » et je prends la résolution de tenir stoïquement au moins jusqu’à la fin de leur set. Ce que je fais, malgré la chaleur de plus en plus étouffante. Sans grande surprise, les Tigertailz portent les stigmates des 15 ou 20 ans qui se sont écoulés depuis leur heure de gloire, abus compris (surtout les abus, rétrospectivement), mais ont toujours leur côté festif et quelque peu je-m’en-foutiste qui ont fait la réputation de pas mal de groupes dans les années 80 / début 90. Même si l’écrasante majorité du public a fait le déplacement jusque dans ma banlieue pour Y&T, quelques fans (« coiffés comme des dessous de bras » selon une personne que je ne citerai pas…) sont là et reprennent en chœur les refrains glam vaguement mâtinés de punk de Tigertailz. J’en aurai bien fait autant dès le début si le son n’avait pas été aussi fort et aussi saturé dans les aigus (à tel point que j’ai eu du mal à reconnaître les premières notes du premier morceau). Cela n’entame en rien la bonne humeur des quadras sur scène, même s’ils nous livrent un show assez prévisible, dans le sens où la majorité des titres appartenaient à leur album phare, Bezerk (sorti en 1990), et que le tube, « Love Bomb Baby », était à la fin du set, juste avant une reprise en rappel, reprise (agréablement) étonnante de « Creeping Death » de Metallica (Ride the Lightning, 1984). Après trois quarts d’heure / une heure de scène et quelques « Merci ! » et « Vive la France ! » (en français dans le texte), les joyeux drilles de Tigertailz me permettent d’aller respirer un air moins chargé en CO2.
Une petite demi-heure plus tard, je regagne la salle qui me semble de plus en plus surchauffée, et comme le reste du public, mes yeux sont rivés sur la scène, attendant fiévreusement Y&T. Les dynamiques Américains arrivent tout sourire, échangent des politesses et des excuses pour leur longue absence et commencent leur show. C’est parti pour 2h10 non-stop. Non, vous ne rêvez pas, ils ont 60 ans et quittent la scène à reculons au bout de 2h10 de show ! Et là, pour les fans que nous étions, c’est le paradis (avec la même température qu’en enfer, mais le paradis tout de même). Le son est toujours très fort (pas un seul de la trentaine de concerts que j’ai vu cette année n’était pas fort, cela dit), mais mieux réglé, Dieu merci. Très professionnels, les Y&T embarquent le public dans un show propre et carré, ponctué de soli des différents instruments et quelques interpellations amicales et humoristiques du public (pour le plus grand malheur des non-anglophones ou des très mauvais anglophones présents). Malgré la chaleur de moins en moins soutenable, y compris pour les musiciens malgré les ventilateurs sur scène, le public est enthousiaste et réagit avec beaucoup moins de tiédeur que pour Tigertailz, n’hésitant pas à faire part de ses propres suggestions auxquelles Dave Meniketti se prête élégamment (un bout de « Lipstick and Leather » interprété inopinément à la demande d’un illustre inconnu). Les tubes s’enchaînent et je ne peux pas m’empêcher de m’époumoner sur « Summertime Girls », le clip vidéo (et tube) grâce auquel j’ai découvert Y&T. A bout de souffle, je fait un petit break à l’extérieur, guettant les morceaux suivants tout en échangeant quelques civilités avec mes camarades de concert – occasion que je saisis pour demander un peu d’air à l’intérieur, ce à quoi on me répond que la climatisation est déjà en marche… Gloups, j’aurais juré que non. Je fais donc le plein d’air frais et je retourne admirer le phénomène Y&T, mais j’entrecoupe mon plaisir visuel par une excursion oxygène. Ce besoin physiologique me permet de discuter un peu avec les Tigertailz qui sortent de leurs loges, des gens tout à fait charmants et proches de leur public. Je rentre à temps pour le dernier quart d’heure de Y&T, qui quittent la scène à regret.
Je quitte moi-même la salle avec un pincement au cœur, comme à chaque fois, comme si le fait de rester allait prolonger le moment éphémère mais si magique d’un concert. Après m’être assurée qu’une affiche m’attendrait jusqu’à ma prochaine visite, je sors enfin pour de bon, les yeux dans le vague et les oreilles résonnant encore. Sourires déjà nostalgiques avec d’autres personnes à la sortie, je finis par rentrer, les pieds et le dos vaguement meurtris d’être restée debout pendant des heures. Impossible de décrocher mon sourire béat de l’illuminé touché par la grâce divine avant que je m’endorme en pensant : « Encore un concert que je ne regrette pas… Vivement le prochain… Où est-ce que je vais mettre cette affiche ? …»
Ca, c’était un must have seen.
Raphaelle Chaize (L2)