Découvertes archéologiques exceptionelles sur le chantier de Notre-Dame de Paris
Découvertes archéologiques à Notre-Dame de Paris
15 avril 2019 : Notre-Dame de Paris brûle
En fin d’après-midi la cathédrale Notre-Dame de Paris, monument le plus visité en France, brûle.
La cathédrale de style gothique, érigée entre le XIIIe et le XIVe siècle, rénovée et réaménagée au XIXe siècle par le célèbre architecte Eugène Viollet-le-Duc, n’avait jamais connu d’incendie au cours de sa longue vie. D'après les pompiers, les flammes sont apparues au niveau des échafaudages installés sur la toiture et se sont propagées extrêmement vite, atteignant l'ensemble du toit et détruisant la charpente la plus vieille de Paris. Composée de 1300 chênes, soit l’équivalent de 21 hectares de forêt on la surnommait « la forêt ».
L’évènement fait le tour des médias internationaux et l’émotion s’empare du monde. A Paris, aux alentours de la cathédrale des milliers de personnes assistent impuissants et désemparés à l’incendie de « Notre-Dame »
Le 16 avril, vers 4 h du matin, le lieutenant-colonel Gabriel Plus, porte-parole de la brigade des sapeurs-pompiers de Paris (BSPP), annonce que l'incendie est maîtrisé et partiellement éteint. À 9 h 50, il indique que le feu est éteint. Au total, l’incendie a duré 15 heures et mobilisé au total plus de six cents pompiers.
Débat autour de la reconstruction de Notre-Dame
Très vite de nombreux débats arrivent autour de la reconstruction de la voûte écroulée et de la charpente brulée, certains veulent une restauration à l’identique contre ceux qui promeuvent l’innovation et la confiance dans les artistes contemporains. Ainsi de nombreux projets et propositions de reconstructions sont présentés au comité chargé de prendre la décision. Ce dernier opte finalement pour la première option.
Le président de la République, Emmanuel Macron, annonce alors que Notre-Dame sera ouverte aux touristes en 2024 pour les Jeux Olympiques de Paris. Cette échéance est particulièrement courte et certains acteurs des chantiers de Notre-Dame, voit cette date comme une épée de Damoclès.
La voûte qui s’est écroulée se trouve au-dessus de la croisée du transept. En effet la cathédrale adopte un plan cruciforme qui se construit autour d’une nef principale accompagnée de deux collatéraux. Cette nef est coupée par le transept ce qui forme une croix. L’endroit de ce croisement est appelé : la croisée du transept. C’est à cet endroit là que se termine la partie de l’église réservée aux fidèles, derrière le transept se trouve le cœur, où se déroule le culte catholique. La flèche de Viollet-le-Duc prenait place au-dessus de ce croisement. Ainsi la reconstruction de cette dernière nécessite la création d’une chape de répartition nécessaire au montage de l’échafaudage de la future flèche, exigeant un terrassement d’une quarantaine de centimètres sous le niveau de dallage actuel. Cette opération va donc changer les sols de la cathédrale et demande donc des travaux. C’est pourquoi dès juin 2021, la question de lancer des fouilles archéologiques préventive à cet endroit-là, est acceptée et mise en place au plus vite par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles) d’Ile-de-France et l’Inrap (Institut national de recherche archéologique préventive)
Lancement d’un chantier archéologique de fouilles préventives
La loi de 2001 sur les fouilles préventives indique que : « l'archéologie préventive consiste à détecter et à sauvegarder les éléments du patrimoine archéologique affectés ou susceptibles d'être affectés et détruits par les travaux d'aménagements publics ou privés. En effet, les vestiges archéologiques sont relativement bien protégés tant qu'ils restent enfouis dans le sol et pour la très grande majorité d'entre eux, on ne dispose d'aucune information, que ce soit par les textes, l'iconographie ancienne ou récente (cartes, plans, photographies aériennes, etc.). Ainsi, de nombreux vestiges recouverts par les sédiments depuis des siècles, voire des millénaires, demeurent inconnus car oubliés. Ces éléments de notre mémoire se trouvent menacés par tout type de travaux de construction et il convient donc de les préserver par des mesures de sauvegarde, comme le diagnostic et éventuellement la fouille. »
Dans un chantier de fouilles préventives, les archéologues doivent respecter un certain nombre de règles permettant à la construction de ne pas être trop retardée par le chantier scientifique. Ils doivent notamment respecter un périmètre de recherches précis et une durée de fouilles définie à l’avance dans le dossier.
A Notre-Dame de Paris, la DRAC d’Ile-de-France prescrit une fouille d’archéologie préventive le 2 octobre 2021, sur une emprise de 120 m2. Ces fouilles ont trois objectifs scientifiques précis et développés :
1 - mise en évidence et caractérisation des éléments antérieurs au niveau de dallage d'Eugène Viollet-le-Duc, et notamment des niveaux de chantier du 19e siècle.
2 - mise en évidence d’éventuels éléments appartenant aux états antérieurs de la cathédrale gothique ou aux différentes étapes de construction de l’édifice.
3 - mise en évidence d’éventuels éléments funéraires.
Ces fouilles sont réalisées par l’Inrap. L’Inrap est un acronyme pour désigner l’institut national de recherche archéologique préventive, il est créé en 2002 en application de la loi de 2001 sur l’archéologie préventive. Selo l’extrait de l'article L523-1 du Code du patrimoine, il « assure l’exploitation scientifique des opérations d’archéologie préventive et la diffusion de leurs résultats. Il concourt à l’enseignement, à la diffusion culturelle et à la valorisation de l’archéologie. »
Récit du chantier et découvertes archéologiques
La fouille préventive est donc menée par l’Inrap du 2 février au 8 avril 2022 et livre d’importantes données sur la construction et l’évolution de la cathédrale, des sépultures ainsi que de très nombreux éléments du jubé médiéval (détruit sous le règne de Louis XIV) dans un exceptionnel état de conservation.
L’édification de la cathédrale débute en 1163. La construction du transept, cette partie coupant perpendiculairement la nef avec laquelle il forme une croix, suit celle de l’abside et du chœur. Ces fouilles sont nécessaires car le monument porte en lui les souvenirs superposés, enchâssés, fragmentaires, de 800 ans d’une histoire complexe. Les archéologues ont cependant pu identifier différents niveaux d’occupation allant du XIXe au XIIIe siècle, pour les éléments le plus anciens datables à ce jour.