« La production artistique est l’une des conditions de l’existence » : à la découverte de l’art Aborigène
Au printemps 2020, en pleine crise sanitaire mondiale, le gouvernement français annonce que certaines activités et certains produits sont désormais considérés comme non essentiels. Selon le dictionnaire Larousse, quelque chose de non essentiel constitue ce qui n’est ni indispensable ni capital. En ces temps de confinement/déconfinement, les musées, les théâtres et les cinémas considérés comme non essentiels ressentent ce qualificatif comme une injustice. Au-delà de cette expression malheureuse employée par les membres du gouvernement, la crise du coronavirus interroge sur la place de l’art et des activités artistiques et culturelles dans nos sociétés modernes. L’art semble désormais relégué au rang du loisir. Il nous divertit. Face à cette période où le temps semble s’allonger comme à l’infini, la lecture de À la Recherche du temps perdu de Marcel Proust est recommandée par les blogs et autres journaux de confinement. Comme si nous lisions uniquement pour tuer le temps. Comme si les pratiques artistiques et culturelles ne seraient que des loisirs, destinés à nous occuper lorsque le travail devient moins envahissant. Comme s’il fallait être enfermé chez soi pendant de long mois pour pouvoir enfin s’adonner à l’art et à la culture.
C’est alors que je tombe par hasard sur un passage de l’ouvrage intitulé L’art Aborigène, qui nous dit que chez les Aborigènes, « la production artistique est l’une des conditions de l’existence ». Son auteur, Howard Morphy, est professeur d’anthropologie sociale à University College et doyen du Conseil pour la Recherche University de Canberra. Son ouvrage est un pilier de l’étude des œuvres des premiers humains à avoir peuplés l’Australie. Leur manière d’aborder toute pratique artistique et culturelle tranche avec notre appréhension très européenne de l’art et des artistes. L’occasion de se pencher un peu plus sur l’art aborigène : observé en premier lieu par les colons fraîchement débarqués en Australie, il a longtemps été dénigré.