Répondre au commentaire
L’électro, une musique barbare ?
Soumis par quentin.monville le mar, 12/08/2009 - 20:03 Il paraît que les musiques électroniques ne seraient pas de la Musique à proprement parler. Elles ne seraient que « bruits » ou « musique de sauvages ». Quant aux raves, et autres rassemblements, une excuse pour que les jeunes dansent et consomment des drogues. Rares sont les plus de 35 ans à adhérer à ces courants musicaux. Cependant, que dire du rock’n’roll à ses débuts ? Les poses avachies et les déhanchements sexys des chanteurs comme Elvis Presley aux Etats-Unis ou Dick Rivers en France confortaient les puritains et les parents de cette génération dans l’idée que le rock était la « musique du diable ». Aujourd’hui que reste-t-il de cette polémique ? Au fond, n’est-ce pas le propre des musiques populaires que d’être considérées comme de la « sous-musique » ?
Retournons aux sources : qu’est-ce qui a permis l’expansion du jazz ? La naissance du rock ? L’électricité. Le jazz naît certes en Louisiane du métissage entre cultures européennes et africaines, mais sa naissance « officielle », sa diffusion massive naît, elle, de l’invention du phonographe qui permet son enregistrement et sa diffusion. Le rock, lui, se développe grâce à la radio et à l’invention de la guitare électrique. En effet le nom même de rock’n’roll naît à la radio en 1955 grâce au DJ Alan Freed, qui caractérise par ce terme le style d’Elvis Presley. En effet, au milieu des années 1950, avant Elvis Presley, les radios américaines diffusent majoritairement du gospel et du blues qui l’influenceront fortement. Le rock, dans toutes ses transformations, sera toujours lié aux évolutions technologiques.
En effet, moins de 10 ans après sa naissance, les Beatles le reprennent et transforment complètement l’industrie musicale ainsi que l’idée même de création musicale. L’invention de l’enregistrement multipistes par le musicien Les Paul leurs permet de soigner la production. La possibilité de ne retravailler qu’un instrument ou une voix ouvre alors des horizons inouïs en matière de composition et d’arrangements musicaux. Dans les 70’s, les progrès technologiques et le contexte politique, comme les menaces contre la paix, donnent naissance au « New Age ». Les premiers synthétiseurs sont utilisés pas des groupes de rock planant comme Tangerine Dream ou Ash-Ra-Tempel.
Le développement des techniques informatiques va progressivement donner naissance à toutes les musiques dites électroniques et notamment la culture rave des années 90. En effet les synthétiseurs et les boîtes à rythmes remplacent les instruments classiques pour produire une musique fabriquée par les machines. Cependant, il faudra toujours des programmeurs et autres érudits des sciences informatiques pour donner naissance à ces nouveaux sons ainsi qu’à un nouveau mode d’écriture musicale. La techno s’éloigne d’ailleurs du tempo généralement binaire du rock classique pour donner naissance au BPM (beat per minute), unité rendant compte des battements d’une boite à rythme. De plus, les musiques électroniques ont la capacité, intrinsèquement liée aux conditions de leurs créations, de synthétiser les courants de la musique populaire, de les fondre et de les réinterpréter.
Toutes les transformations de la musique populaire sont donc tributaires des avancées technologiques et les exemples sont innombrables (les double-platines permettant d’allonger la durée des morceaux pour les danseurs de disco, l’amplificateur et les célèbres larsens de Jimi Hendrix, les samples et le développement du trip-hop…). La question n’est donc pas de savoir si les musiques électroniques actuelles sont « barbares », mais de se rendre compte qu’elles s’inscrivent dans une culture elle-même nourrie de la technologie. De plus, cette répulsion face aux musiques créées par ordinateur est peut-être symptomatique d’une réticence des aînés face aux progrès fulgurants et incessants de la technologie.
Quentin Monville (L1 Humanités)