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167 minutes to change your mind about super hero movies

Matthew Thornton - Posted on 27 février 2009

Mercredi 25 février 2009, troisième soirée ‘AlloCiné Family & Friends’

20h25. Après m’être rassasié de petits fours, je me dirige vers la porte de la salle de cinéma, où Yoann Sardet – Directeur de la Rédaction d’Allociné – m’intercepte, accompagné de son fidèle caméraman. Me voilà donc à déverser tous les a priori que j’ai sur Watchmen devant la caméra, dès ma première avant-première grâce à Allociné ! Après tout, la seule image que j’avais du film venait de sa bande annonce, qui ne se concentre que sur les scènes d’action du film ou présente des images qui ne semblent pas reliées entre elles. Elle donne l’image d’un film similaire aux autres films de super héros, alors qu’il est tellement plus !

20h55. Le film a débuté depuis moins de dix minutes. Après la scène d’assassinat d'Edward Blake (Jeffrey Dean Morgan) – alias The Comedian – un générique composé d’images quasi immobiles nous livre les événements importants qui ont marqué l’histoire du groupe de justiciers masqués appelés les ‘Minute Men’. Cela fait seulement une demi-heure que je suis installé dans mon fauteuil, mes a priori ont disparu.


 Après 300, Zack Snyder décide de s’attaquer à un monstre des ‘comics’ américains, Watchmen. Pari risqué pour ce fan qui veut tout sauf ruiner ce qui est considéré comme l’une des plus grandes bandes-dessinées au monde. Contre toute attente, je dirais qu’il a remporté son pari avec brio ; et moi qui pensais que je n’aimerais pas du tout le film !

L’histoire semble compliquée au début. Les personnages principaux sont nombreux, et nous ne découvrons leurs relations complexes que lentement, élément après élément. Pour ceux d’entre nous qui n’avaient pas lu la bande dessinée avant de s’installer dans les fauteuils du Forum des Images, le début paraissait laborieux, mais chaque scène apporte une nouvelle pièce au puzzle. En effet, Zack Snyder semble avoir respecté toutes les trames des comics pour son adaptation. Certains y voient un manque d’imagination de Snyder, indigne d’être qualifié de visionnaire ; d’autres le félicitent justement d’avoir réussi à rester si près de l’œuvre originale sans la dénaturer.

L’originalité de ce film de super-héros est que les héros y sont tout sauf attachants. Le film s’ouvre sur l’assassinat d’Edward Blake, personnage antipathique au possible aux tendances nazies, qui ne manquera à personne (comme l’affirmera Dan Dreiberg). Dans la même catégorie, Rorschach (Jacky Earle Haley) est tout simplement dérangeant, et il collectionne les scènes de violence. Même les personnages ‘raisonnables’ comme Laurie Jupiter (Malin Akerman) ou Dan Dreiberg (Patrick Wilson) ne nous touchent pas particulièrement. On s’intéresse à leur histoire par simple curiosité, et leur fin en elle-même importe peu ; en revanche les péripéties qu’ils traversent pour arriver à cette fin nous tiennent en haleine.

L’action se déroule dans des Etats-Unis déformés des années 80, où les super-héros – qu’une loi a mis à la retraite – sont en piteux état. Chacun a essayé de s’intégrer à la société qui l’entoure, avec très peu de succès car ils ont été rejetés par la population à la fin de leur ère. Seuls deux ex-‘Minute Men’ ont dévoilé leur véritable identité : Hollis Mason (Stephen McHattie), auparavant connu sous le nom de Nite Owl, qui, après avoir publié un livre sur les super héros, vit maintenant à l’arrière d’un vieux concessionnaire automobile, et Adrian Veidt (Matthew Goode), anciennement connu sous le nom d’Ozymandias. Son cas est particulier, puisqu’il a fait fortune en vendant son image et des figurines de super héros, développant ainsi Veidt Industries au-delà de ce que l’on pouvait imaginer.

Les acteurs choisis pour incarner les différents ‘Minute Men’ sont très peu connus. Il m’a fallu une recherche sur IMDB pour pouvoir tous les identifier, et, dans leur filmographie, rares étaient les films qui ne m’étaient pas inconnus. Mais dans un film comme celui-ci, qui s’appuie sur une œuvre admirée par tant de personnes, il me semble que ce manque de notoriété des acteurs est un très bon point. En effet, en regardant chaque personnage, on ne voit que le personnage, pas l’acteur qui se cache derrière lui, ce qui est le risque avec les grandes stars. Alors certes, le jeu n’est pas toujours d’une finesse extrême, mais l’effet général reste très positif, et j’ai trouvé le casting réussi.

 

La violence et le sexe sont des thèmes prédominants dans le film. L’amie qui m’a accompagné a passé la moitié du film à se cacher les yeux, pour vous donner une idée du temps que la violence occupe à l’écran. Les combats sont nombreux, et Snyder joue avec la vitesse de défilement des images pour en tirer les plus beaux effets. Le sang est très présent, et quand un homme se fait casser le bras, on se doit de voir ses os ressortir. Mais en soi la violence est de mise dans ce cadre froid, et pour une fois, bien qu’elle soit poussée à l’extrême, elle ne m’a pas dérangé ; elle m’a même parfois fait rire. Outre l’exhibitionnisme d’un Dr. Manhattan (Billy Crudup) bleu mais néanmoins nu pendant l’intégralité du film, il n’y a que quelques scènes de sexe, dont une à plusieurs centaines de mètres du sol. Celle-ci est longue, explicite et accompagnée de la chanson ‘Hallelujah’ de Leonard Cohen, qui lui donne une dimension particulière, aux limites de la pornographie.

Watchmen est très dur et très réaliste. Les jeux de couleurs et les décors sont sombres pour une bonne raison : l’auteur, Alan Moore, a voulu exprimer son pessimisme sur la nature humaine, que ce soit pendant les flash-back ou pendant les interrogations de Dr. Manhattan sur l’avenir de l’humanité. La façon de filmer en elle-même n’est pas révolutionnaire, mais le fait d’alterner constamment entre vitesse normale, ralenti et avance rapide donne un surcroît de dynamisme aux scènes d’action et est également révélateur du rythme global du film. En effet, les fameuses scènes d’action et de violence, par exemple, sont accompagnées de longues scènes dialoguées assez lentes, parfois trop longues.

En tant que parodies de super héros, les ‘Minute Men’ (ou du moins ce qu’il reste d’eux) sont d’un cynisme sans limites. The Comedian se fait sans arrêt un plaisir de plaisanter avec la mort qui l’entoure (et qu’il a souvent causée), aidé de Rorschach, qui trouve toujours une réplique parfaite quand il tue, ou, pour être exact, quand il massacre les hommes qui se mettent sur son chemin. Seulement ce cynisme-là fait rire. Les remarques de Rorschach sont tellement irrésistibles qu’on ne peut s’empêcher d’éclater de rire alors même qu’un homme est en train de se vider de son sang à terre, tué à coup de toilettes ou avec un autre objet insolite.

Un élément supplémentaire m’a charmé dans ce film, la bande originale ! Les morceaux qui nous accompagnent tout au long du film sont décalés par rapport à ce qui se passe à l’écran, mais en même temps on trouve une harmonie déconcertante. Imaginez la scène d’assassinat très violente de ‘The Comedian’ au son de ‘Unforgettable’ de Nat King Cole ! Et Zack Snyder a choisi ‘The Sound of Silence’ (Simon & Garfunkel) pour son enterrement ! Ajoutez à cela des chansons de Bob Dylan, de Jimi Hendrix, Nena ou encore Wagner, et vous obtiendrez une bande originale inoubliable, que l’on comprenne ou non les choix qui ont été faits. Bref, le Cd de la bande originale ne va pas tarder à s’ajouter à ma musicothèque…

Vous l’aurez compris, j’ai été très agréablement surpris par le film. Alors que je suis entré dans la salle en spectateur peu enthousiaste, j’envisage sérieusement à présent de louer ou d’acheter le Dvd dès sa sortie : je suis curieux de voir ce qu’ils ont pu couper dans la version de 3h25, pour proposer dans les salles un film de ‘seulement’ 2h40 !


Matthew Thornton (L1)

PS : Pour un autre point de vue sur le film, lisez l'article de Sarah, qui a également assisté à l'avant-première !

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