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Fernandino Scianna exposé à la Maison Européenne de la Photographie



     La première rétrospective de l’artiste en France, la Géométrie et la Passion, est une réussite malgré un titre peu alléchant.

     Clairement influencé par Henri Cartier – Bresson, photographe humaniste français, Fernandino Scianna nous propose une série de clichés en noir et blanc allant de la scène de vie jusqu’aux portraits, en passant par les paysages.
Membre de l’Agence Magnum, l’artiste, né en 1943 en Sicile et mort en 1989, a voué sa vie à la photographie et a été récompensé du Prix Nadar en 1966. Son ouvrage phare est Feste religiose in Sicilia, paru en 1965 aux éditions Bari.
Polyvalent et amoureux des voyages, le photographe expose ici 120 photographies qui retracent l’ensemble de son travail, mais aussi l’ensemble de sa vie. Ses clichés sont avant tout vivants et authentiques, l’argentique y ajoutant une note de souvenirs, de vécu. Mais ce que l’on retiendra de cette exposition, c’est l’émotion qui se dégage de ses portraits, émotion crue mais avant tout humaine.
    Fernandino Scianna illustre principalement son pays d’origine, l’Italie, qu’il représente par de nombreux clichés pris sur-le-vif, des scènes de vies volées au détour de ruelles. Ces instants dépeignent en majorité des fêtes religieuses, très présentes en Italie, mais aussi des portraits pris en cachettes, des images insolites.
Les deux clichés les plus marquants de cette série italienne sont sûrement les deux suivants : Le Portrait de Dona Maria, laquelle représente une vieille dame de face, poils au menton, regard fixe mais perçant, portrait simple mais très expressif ; et la Fête des Saints Alfio et Filadelfo,  dans laquelle la blancheur du corps d’un enfant est portée aux nues par une foule couleur ébène. Ces deux clichés illustrent bien que l’artiste se fonde avant tout sur la lumière et l’ombre pour faire ressortir les émotions humaines qu’il cherche à capter, comme il le dit dans son recueil Fernandino Scianna ( éditions de Poche ) : « Mes images sont construites à partir de l’ombre ».
    L’artiste ne s’arrête heureusement pas à l’Italie, et profite de chacun de ses voyages à travers le monde pour ajouter à son œuvre de nouveaux paysages ainsi que de nouveaux visages, aux émotions pourtant toujours similaires malgré les kilomètres qui séparent ces êtres : de la Hongrie aux Etats-Unis en passant par l’Inde, Scianna capte toujours des images insolites, des portraits émouvants, des scènes de vie étonnantes, et s’inscrit ainsi dans la lignée des photographes humanistes du XXe siècle.
     Le dernier domaine dans lequel le photographe se démarque est celui de la mode. Scianna prouve ici qu’il est totalement polyvalent : dans ses clichés des mannequins Onerlla Muti et Marpessa, le photographe arrive à dévoiler la féminité du modèle, sa douceur et sa force en jouant sur les clairs-obscurs et les étoffes.
    
    Une très belle exposition, donc, très touchante et représentative du travail général de l’artiste, complète et accessible à tous ( 3.50€ pour les tarifs réduits, 6€ pour les tarifs normaux ) dans un cadre sympathique, entre le Marais et les quais de Paris ( 5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris, Métro St Paul ).  On déplorera seulement le choix du titre ( « La Géométrie et la Passion » ) : les clichés illustrent bien la Passion, mais pas assez  l’idée de la Géométrie.

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