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Tim Burton et Johnny Depp : un duo unique à l'écran
Tim Burton et Johnny Depp. Deux grands noms du cinéma dont la réputation n'est plus à bâtir. L'association de leurs noms rime avec l'univers macabre et délabré de leurs oeuvres communes, dont chacune développe un nouvel aspect de leur personnalité respective.
Jeune prodige du cinéma américain, Tim Burton, grâce à sa vision unique et à sa créativité marquante, devient vite le chouchou des studios. Warner Bros lui confie même la réalisation de deux Batman, qui seront une véritable réussite. Johnny Depp, quant à lui, se cherche dans la sphère du Rock & Roll qui le fascine, sans toutefois réussir à se sentir bien dans ce milieu, se sentant trop devenir une teenage idol (Cry baby, 21 Jump Street).
Depp, en reparlant de leur rencontre, retiendra de celle-ci "une énergie, une connexion" qui est venue "immédiatement et naturellement". Le lieu ? Le tournage, ou plutôt le casting de leur futur chef-d'oeuvre commun, Edward Scissorhands, l'histoire de la créature humaine d'un génial inventeur mort avant de n'avoir pu la terminer. Conséquence: Edward doit vivre avec des ciseaux à la place des mains.
Si le jeune acteur ne savait pas à quoi s'attendre quand au résultat du casting, Tim Burton, lui, a vu comme une évidence le personnage qu'il cherchait en ce jeune acteur alors inconnu. Et son intuition ne l'a pas trompé: Johnny incarne le personnage d'Edward comme Burton l'aurait rêvé: mélancolique, rêveur, et émerveillé sans jamais verser dans la parodie ou dans le flegme. Johnny Depp devient pour Tim Burton l'incarnation de ses personnages lunaires et anti-conformistes, qu'il interprète avec brio, en respectant un équilibre dans la composition de ces héros fantaisistes que lui seul sait reproduire à la perfection.
Après ce film, la carrière de Johnny décolle: Il enchaine les tournages et commence à se faire un nom dans le cinéma américain. Il retrouve Tim Burton en 1994 pour Ed Wood, film remarquable par la symbiose entre les deux hommes. Entre chacun de leurs films communs, Depp joue dans de nombreux longs métrages, et sa prestation est souvent remarquée par le public. Il devient à Hollywood un acteur majeur, et rejoint même Brad Pitt et Georges Clooney dans le cercle des stars.
Burton, lui, entame une période beaucoup moins novatrice de sa carrière avec des films qui marchent moyennement bien et dont la créativité ressort moins que dans ses oeuvres précédentes (ainsi Mars Attack, un remake de La Planète des Singes). Mais il explose, fin 1994, avec le fabuleux Etrange Noël de Mr Jack (titre original The Nightmare before Christmas), dans lequel Johnny Depp prête sa voix au personnage principal de Mr Jack, habitant du pays des cauchemars qui rêve de fêter Noël et décide de créer le sien. Ce film d'animation atteint la quintessence de l'univers burtonnesque avec une ambiance plus délabrée et enchantée que jamais, et est un véritable succès. La série Depp/Burton se poursuit avec Sleepy Hollow, où l'acteur incarne une fois de plus avec talent le personnage parodique mais ô combien attachant d'Ichabod Crane, enquêteur de police criminelle à la sensibilité d’une gamine de six ans. Le film, par son ambiance sombre presque glauque et son personnage principal comico-dramatique, révèle encore une fois l'alchimie qui s'exerce entre les deux hommes.
Comment ne pas dire que ce duo est toujours l'un des plus appréciés du moment? Chacun de leur projet est attendu avec impatience par la majorité du public, car chacune de leur rencontre donne naissance à des films marquants et poétiques, qui portent leur signature dans chaque détail: des couleurs de costumes et de décors très sombres à la limite du gothique ou alors complètement kitsch et tape-à-l'oeil, des personnages atypiques et totalement en marge du monde dans lequel ils vivent. Du côté de Depp, la machine fonctionne à plein régime. Il est l'un des acteurs les mieux payés d'Hollywood, et enchaine les blockbusters (on pense bien sûr à la trilogie des Pirates des Caraïbes, où notre cher Johnny excelle dans une caricature de pirate qu'il a créée en observant Keith Richards. Le Capitaine Jack Sparrow évolue dans un “surjeu” total, dont on ne se lasse pas de rire, et qui fait de lui l'un des plus célèbres pirates de l'histoire d'Hollywood). On observe cependant plus récemment, du côté de Burton, un essoufflement. Qu'on se rassure, rien d'alarmant. On ose juste percevoir un léger assagissement de sa tendance à une charmante folie. On pourrait penser à une perte de l'effet de surprise que ses oeuvres suscitaient chez nous. Il continue cependant à entretenir notre imaginaire avec des productions originales (Big Fish) et folles. Mais on devine dans ses dernières réalisations (The Corpse Bride, Sweeney Todd) une limite qu'il semble poser aux excentricités de ses films.
Pas d'inquiétudes cependant, Tim n'est pas encore à la retraite, et Johnny encore moins. Ceux-ci nous préparent en effet en compagnie d'Helena Bonham Carter (Madame Burton dans la vie réelle et une habituée presque au même titre que Depp des tournages du réalisateur) un Alice au pays des merveilles qui promet d'être mémorable. A suivre…
Filmographie commune:
1990 : Edward Scissorhands (Edward aux mains d'argent)
1994 : Ed wood
The Nightmare Before Christmas (L'Etrange Noël de Mr Jack)
1999 : Sleepy Hollow
2005 : Charlie and the Chocolate Factory (Charlie et la Chocolaterie)
The Corpse Bride (Les Noces Funèbres)
2008 : Sweeney Todd : The Demon Barber of Fleet Street (Sweeney Todd : Le Barbier diabolique de Fleet Street)
2010 : Alice in Wonderland (Alice au Pays des Merveilles)
Margaux BACHELIER, L1 Humanités