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"Coraline", de Henry Selick : Un film qui fait plaisir à voir et mal aux yeux

sarah.rashidian - Posted on 19 mai 2009

C'est l’histoire d’une jeune fille qui découvre un passage secret dans sa nouvelle maison, qui la mène dans un monde où tous les éléments de sa vie sont présents en mieux. Elle découvre un véritable Eden de l’autre côté du mur, un Eden dont elle aura du mal à se détacher, surtout lorsque cette illusion de paradis se transforme en un véritable enfer où sa « fausse » mère tente de la garder prisonnière…

[flash http://www.allocine.fr/blogvision/18875464]

L’effet :

Impressionnant ! Nous ne sommes pas seulement témoins du dilemme atroce de Coraline, nous sommes à ses côtés, entraînés, comme elle, par ci par là, entre les deux mondes de part et d'autre du mur. On ne regarde pas un écran: on entre dans un univers.

- C’est bon on sait ce que c’est la 3D !

- Oui mais j’insiste ! C’est une expérience hors du commun : voir un film entièrement en 3D, passer 1h40 dans un autre monde, avoir mal à la tête tant on se sent entraîné dans les aventures des personnages, avoir mal aux yeux tant l’effet est singulier et intense, avoir mal au nez tant les lunettes sont lourdes… Oups, je réalise que cela ne donne plus trop envie de se déplacer, mais je vous assure, cela est génial et vaut amplement le déplacement. A plusieurs reprises, on a l’impression d’être les yeux de Coraline. A chaque fois qu’elle franchit le couloir pour aller dans son autre monde, elle nous emmène avec elle et, tout comme elle, on ne peut pas s’en échapper. J’étais coincée derrière mes lunettes, dans un monde imaginaire, à dix mille lieues du Mk2 Bibliothèque dans lequel je me trouvais physiquement; tellement absorbée qu’au début du film, lorsque l’on voit une main en fer coudre une poupée et l’aiguille passer à travers les boutons, j’ai été assez stupide pour me baisser en voyant l’aiguille « avancer vers moi »!

L’histoire :

C’est une histoire plutôt originale avec une morale très précieuse: gare aux enfants qui en veulent toujours plus, toujours trop; qu’ils sachent apprécier leurs parents, leurs attentions, sans s’attarder sur le manque matériel qu’ils ressentent. Coraline est pleine de sarcasmes et d’originalité; elle est intelligente, instinctive et pleine de rêves. Elle vit une aventure hors du commun et très divertissante pour nos yeux, qui passent de spectacle en spectacle et de rebondissement en rebondissement.  Tout comme « L’Etrange Noël de Mr Jack », nous sommes face à un film d’animation étrange, d'un style très particulier. C’est bien pour cela que je n’avais pas honte dans la salle, avec mes grosses lunettes rouges trois fois trop grandes pour moi et mon sourire ébahi. Je savais que ce n’était pas qu’un film pour enfant : j’étais sauvée ! J’avais le droit de me laisser divertir pendant 1h40, et il m’est même arrivé d’avoir quelques micro fous rires quand je tournais la tête et regardais mes voisins, parce que j’étais ainsi plongée dans le film que j’avais oublié que tout le monde autour de moi portait d’énormes lunettes rouges défigurantes!

J’appréhendais un peu à l’idée de voir « Coraline », du même réalisateur que « L’Etrange Noël de Mr Jack » ( non, pas Tim burton, qui a quasiment tout fait sauf la réalisation !), un film que j’ai vu beaucoup trop jeune et que je n’ai pas su apprécier : trop bizarre, trop démoniaque, trop décalé, pas mon truc. Il est vrai que c’est un style très particulier, qui peut ne pas plaire à tout le monde. Moi, je suis plutôt réticente, je n’accroche pas trop, mais je ne pense pas (pour une fois !) que ma sensibilité vis-à-vis du style soit pertinente pour vous le faire découvrir. C’est comme Tarentino ou les frères Cohen: on aime ou on n’aime pas, mais objectivement, il y a un travail de génie derrière leurs films. Trop violent, sanguinaire, machiavélique ? Certes, on peut le voir ainsi, mais il y en a qui aiment. Sachez donc, chers lecteurs, que je n’apprécie pas le style de Henry Selick, ni trop celui de Tim Burton d’ailleurs; mais bien que je sois une référence irréprochable (!), ce n’est qu’une histoire de sensibilité. Ce que je veux dire par là, c’est que bien que le style  ne me touche pas, ne me convienne pas, je reconnais que le réalisateur est quelqu’un de grandement talentueux, complètement décalé, plein d’imagination et que son travail est impressionnant. Ainsi, disons que pour les fans de Tim Burton et Henry Selick, ce film est un vrai bijou; que pour les autres, la 3 D vous éblouira quoi qu’il en soit,é mais le film moins.

Le (gros) hic : Lunettes = grosses et lourdes = tête de mouche + super inconfortable + mal aux yeux = super chiant !
Le (petit) hic : 1h40 = trop long pour un dessin animé

La 3D :

Le septième art semble entrer dans une nouvelle ère. Il y eut des avancées extraordinaires, comme le passage du muet au parlant, du noir et blanc à la couleur, et aujourd’hui on tente de passer de la 2D à la 3D.
Jeffrey Katzenberg, cocréateur des studios DreamWorks (avec Steven Spielberg et David Geffen), veut révolutionner le cinéma. Il est à l’origine du premier film entièrement conçu et réalisé en 3D : « Monstres contre Aliens ». Une de ses grandes motivations est de limiter les risques de piratage et la 3D est une arme imparable. Outre cet avantage peu glamour, la 3D est un effet d’ensemble, qui suscite une émotion incroyable. Jusque là, les films étaient tournés en 2D, puis gonflés par la suite; désormais on passe à l’étape supérieure.
On attend, en 2009, plusieurs grandes sorties en 3D : « Avatar » de James Cameron, « Tintin » de Steven Spielberg, la saga "Star Wars", etc. Il va falloir équiper les salles de cinéma, augmenter la production de lunettes funcky 3D et préparer les spéctateurs, car « attention, le cinéma entre dans la troisième dimension ! ». Il y a eu, dans le passé, des expériences de films en relief, tels « Bwana Devil » d’Arch Oboler en 1952, « La Maison de cire » d’André de Toth en 1953, « L’Etrange créature du lac noir » de Jack Arnold en 1954 ou encore « Le Crime était presque parfait » d’Alfred Hitchcock. A l’époque, tout était plus ou moins précaire : l’effet, les lunettes, etc. Il y eut ensuite, dans les années 80, des films comme « Vendredi 13 », «  Les Dents de la mer 3D » et le concert U2 3D plus récemment, très impressionants, mais sans rien d’épatant : la technique n’étatit pas encore bien approfondie. C’est sans doute la sortie du « Pôle Express » de Robert Zemeckis en Imax 3D qui va présenter les premiers réels progrès et être source d’inspiration pour Jeffrey Katzenberg, qui a décidé de produire le premier film conçu en 3D de A à Z. Qui dit nouvel effet, dit nouveau matériel: est donc apparue la première caméra équipée d’un logiciel qui permet à un metteur en scène de tourner dans un décor numérique, de varier ses angles et de réaliser manuellement ses propres mouvements de caméra comme il le ferait avec une caméra traditionnelle. C’est un équipement unique au monde et les réalisateurs de « Monstres contre Aliens » sont les premiers à avoir utilisé cette caméra. Il est agréable de se dire que l’on est à la fois en train de regarder un dessin animé et de participer à une attraction. Bientôt, voir la 3D sera sûrement devenu banal et voir un film en 2D sera comme ressortir ses vinyles ou s’attarder sur une machine à écrire : une expérience O-R-I-G-I-N-A-L-E et C-O-O-L!    

Sarah Rashidian (L2)

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