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Pour être tout à fait honnête, cela faisait des mois que je guettais Là Haut. Comme le disent si bien certains de mes amis, je suis un grand nenfant, et les films Pixar gardent pour moi la même magie qu’aux premiers jours, à l’époque où Toy Story rythmait les rêves de tous les enfants américains. Ainsi, lorsque j’ai eu vent de la préparation d’un nouveau film, je me suis rué sur mon ordinateur pour voir ce que je pourrais y trouver comme informations (petite page de pub pour mon sponsor, le site où je me suis arrêté était Allociné…). A partir de ce moment-là, j’attendais avec impatience la sortie de chaque nouvelle bande annonce, de chaque petit interview avec les directeurs ou les graphistes. Pixar possède une capacité incroyable, qui est celle de nous renvoyer en enfance pendant la durée de leurs créations, que ce soit dans le domaine des courts ou des longs métrages, et Là Haut m’a paru entrer sous cette catégorie dès les premiers instants.
Les personnages de Pixar sont toujours attachants, et Là Haut ne déroge certainement pas à la règle ! Pourtant, tous les personnages du film sont très différents les uns des autres. Le personnage principal est Carl Fredricksen (Edward Asner), un vieux grincheux qui n’a jamais pu réaliser ses rêves d’enfance, et qui a le sentiment d’avoir empêché sa femme de réaliser les siens. Mais les temps changent, il ne peut plus s’adapter à son entourage et décide de rattraper le temps perdu en modifiant sa maison, pour qu’elle puisse voler et lui faire enfin visiter l’Amérique du Sud. Après tout, pour lui ,quelques milliers de ballons gonflés à l’hélium suffisent ! Sauf qu’il ne pensait pas que Russel serait de la partie. Russell (Jordan Nagai) est un scout, un « wilderness explorer » (explorateur de la nature) qui, à vrai dire, n’a jamais vraiment affronté la nature, qu’il trouve … « wild » (naturelle, sauvage). Mais il est plein de bonne volonté, et représente cette vision de chaque enfant, qui croit encore en la beauté et la perfection du monde, et il est toujours prêt à aider ceux qui en ont besoin, quel qu’en soit le coût. Malgré sa bonne volonté, il reste très maladroit et Carl le verra longtemps comme un ‘boulet’. Inutile de dire qu’il va quelque peu pimenter son voyage, Carl n’ayant vraiment pas prévu d’avoir un passager clandestin avec lui. Et puis il ne faut évidemment pas oublier Kevin et Dug (Bob Peterson), respectivement oiseau géant, reste de la préhistoire, et chien parlant !
Je l’avoue, Dug est mon personnage préféré. J’avais déjà vu sa toute première scène dans une bande annonce mais je ne m’en suis jamais lassé, et je me suis régalé pendant cette scène où on voit pour la première fois ce chien parlant avec une personnalité délirante. Moi, je le voyais comme un personnage qui était au moins l’égal des humains du film, et il a un rôle non négligeable dans l’histoire. Les directeurs voulaient que Dug parle exactement de la façon qu’un chien le ferait s’il pouvait parler, et c’est réussi. La voix (en anglais du moins) colle tout à fait au personnage, que ce soit dans l’intonation, dans l’accent et même dans son comportement, comme le fait d’intégrer à la conversation la réaction de Dug au passage soudain d’un écureuil…
Petite note sur les doublages, qui sont excellents. Les voix sont irréprochables pour les personnages, elles collent parfaitement et on ne pourrait en imaginer d’autres pour ces personnages plus farfelus les uns que les autres. Et j’ai été particulièrement surpris lorsque j’ai découvert que la même personne faisait la voix de Dug ET de Alpha (les deux chiens importants du film, qui sont aussi différents l’un de l’autre que possible) !
J’ai parlé plus tôt de Toy Story, le premier Pixar. Il est intéressant de voir comment les créations du studio ont changé depuis cette époque. Le sens derrière les films reste le même, et les histoires restent dans la même veine, mais une chose a changé radicalement en treize ans : les graphismes. Dans Là-Haut, chaque détail est important et peaufiné jusqu’à ce qu’il puisse être examiné sans révéler la moindre faille. Lorsque la maison de Carl s’envole, portée par des milliers de ballons, on peut voir et suivre des yeux chacun de ces ballons. Le style est clairement celui d’un film en images de synthèse, mais la qualité égale celle d’un film tourné avec de véritables acteurs.
L’histoire elle-même est poignante. Un film Disney a tendance à être écarté par une large partie de la population au-dessus de 15 ans, à l’exception des parents, et je pense que c’est une erreur. Là-Haut a beau être un film d’animation, cela ne l’empêche pas d’avoir une histoire complexe, de vrais personnages et une intensité qui est typique des films Pixar. Ce n’est pas un simple « dessin animé ». Avant le début du film, le rédacteur en chef d’Allociné a avoué avoir lui-même pleuré au début du film, et mon invitée m’a fait la même confession. Ce qu’il faut comprendre, c’est que derrière chaque histoire anodine, il y a un autre message ; c’est pour cela que les films Pixar conviennent non seulement aux enfants mais aussi aux adultes : chacun voit le film à son niveau, et nous pouvons découvrir de nouveaux éléments en revoyant un film que nous n’avons pas vu depuis dix ans. Je ne vous dirai évidemment pas ce qu’est le message dans ce film, seulement qu’il constitue la différence entre le héros du film et le ‘méchant’, car à la base, ces deux personnages ne sont pas si différents: simplement ils n’ont pas suivi la même voie lorsque leurs chemins se sont séparés.
Enfin il ne faut pas seulement considérer la morale du film : cela reste un excellent divertissement. Je n’ai pas arrêté de rigoler pendant tout le film (sauf au tout début, où l’humeur n’est pas exactement au rire…) et je n’étais pas le seul dans ce cas. Les gags se succèdent sans toujours nous laisser le temps de reprendre notre souffle, et je me suis souvent demandé comment les scénaristes faisaient pour tous les trouver. Après tout, ils rentrent tout à fait dans la situation, et dans un tout autre contexte ne feraient certainement pas rire les spectateurs de la sorte. Je ne peux qu’imaginer les heures que les scénaristes ont dû passer à noircir des pages, la tête appuyée sur une main et une tasse de café sans fond à disposition.
Le dixième film Pixar est tout simplement un chef d’œuvre, alliant une histoire passionnante, des personnages profonds et des graphismes à couper le souffle. Je ne peux que le recommander à tous ceux qui n’ont pas perdu leur âme d’enfant et qui sauront apprécier ce film à sa juste valeur. Et si vous êtes comme moi, vous ne verrez plus jamais les ballons de la même façon – les chiens non plus, d’ailleurs.
Matthew Thornton (L2 Humanités)