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La Fabbrica

Un tourbillon de rires et de larmes, un véritable « conte ouvrier ».

La pièce nous entraine dans un tourbillon de légendes, de sorcières et d’ouvriers. Sous la forme d’un monologue − une longue lettre d’un ouvrier à sa « chère maman » − le texte est en réalité partagé entre deux acteurs, Serge Maggiani, doux et calme, parfois presque drôle, d’un rire qui vous reste sur les lèvres, et Agnès Sourdillon plus enjouée, plus entraînante. Au fil du texte ils vont interpréter tous les personnages de l’histoire : les trois Faust, Assunta, le patron… ils font revivre ces voix, ces histoires avec souvent beaucoup d’humour.  Dans sa lettre, le fils revient sur  l’histoire d’Assunta, cette « madone au visage de pierre sculptée », qui séduit les ouvriers et qui les jette dans le puits pour qu’ils ne révèlent pas le secret de ses trois seins. Le secret d’Assunta est lié à la mort du père et du grand-père de Faust, le contremaître du fils à l’usine.

La Fabbrica, une image de l’usine qui possède ses ouvrier, ils la détestent mais ils lui sont liés. Un conte sur fond de l’Histoire retraçant l’évolution de l’ouvrier, qui maître de ses outils devient  aliéné aux machines, sur un ton léger, drôle et merveilleux.Charles Tordjman, le metteur en scène, a fait le choix d’accompagner le texte de Celestini  d’un quatuor de chanteurs : un trio de femmes et un homme. La mélodie au début ravit, mais, très vite, l’alternance texte-musique fatigue. La scénographie impressionne, les acteurs semblent effectuer une chorégraphie, touchant presque par moments au mime.

On notera l’impressionnant dispositif scénique. La scène est en grande partie occupée par un parterre couleur bitume, qu’on a envie d’appeler esplanade : un quelconque rapport avec la Défense ? Peut-être. Ce parterre est surplombé par une grande construction dominée d’une baie vitrée, comme dans certains bâtiments. Cette représentation de l’usine et de son environnement est renforcée par la projection d’images sur le parterre où « Fabbrica » brille en lettres de paillettes rouges suivant l’éclairage, le tout reflété par les immenses vitres derrière lesquelles nous regardent les acteurs. A un moment la roue crantée d’une machine est projetée sur « l’esplanade », accompagnant le récit du cheminement du jeune ouvrier vers le cœur de l’usine : la cheminée. Au fil du texte une appréhension gagne le spectateur, renforcée par cette projection d’une mâchoire de fer, comme si l’ouvrier se jetant dans la gueule de l’usine était pris au piège, il en ressortira d’ailleurs avec un doigt en moins.

Il est cependant dommage que le dispositif scénique n’ai pas été pensé pour ce théâtre. En effet, placé au balcon on surplombe la scène, on a donc une vue plongeante et l’on passe à côté de toutes les projections et des effets de cette baie vitrée. Du parterre, on a une impression d’oppression, de surveillance tandis que vu de haut, le décor nous apparait comme une grande vitre inoffensive. Des images sont projetées et se reflètent sur cette baie vitrée accentuant cet impression d’étouffement. Cependant, du balcon, les reflets sont décalés voire invisibles.

Pourtant, même avec ces dysfonctionnements, cette muraille de verre reste impressionnante et l’on ne peut détacher son regard des visages qui nous contemplent, derrière la vitre.

La Fabbrica d’Ascanio Celestini, mise en scène de Charles Tordjman

Au Théâtre de la Ville

Du 5 au 16 janvier 2010

http://thetamarind.eu/fr/

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