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Sur les rails de la machine Huppert.
La pièce, Un tramway est une inspiration libre d’Un tramway nommé Désir de Tennessee Williams. Warlikowski, le metteur en scène nous présente un formidable travail d’actualisation afin de réinscrire la pièce dans notre époque, de notre côté de l’Atlantique.
La traduction de Mouawad est libre, moderne, presque crue tout en gardant des envolées lyriques. La mise en scène de Warlikowski présente un intérieur moderne, fidèle à son esthétique. Le fond de la scène est occupé par un dispositif en plexiglas transparent. Le texte est entrecoupé de chansons modernes interprétées par Renate Jett.
Le spectacle mélange tous les supports, audio, vidéo… Les acteurs sont même munis de micros. Cela permet certains effets sonores intéressants, fait gagner en intensité, mais d’un autre côté, on perd l’intimité d’une pièce chuchotée dans le creux de l’oreille des spectateurs.
On se sent presque face à un spectacle, au sens de spectaculaire. On assiste en effet presque plus à un tour de force qu’à une pièce de théâtre. On vient comme admirer un son et lumière. Dans cette optique la pièce est superbe. On est englouti, dévoré par cette machine broyant tout, mélangeant sons, images, vidéos, références multiples.
Peut être trop de signes. Il s’agit d’un spectacle démesuré, à la hauteur du jeu d’Isabelle Huppert, fantastique. Elle incarne à merveille Blanche, à la limite de la schizophrénie. Mais ce si grand talent dans un si grand show écrase quelque peu les autres comédiens qui ont bien du mal à exister, à résister face à la tempête du tramway Huppert.
Un tramway d’après un Tramway nommé Désir, de Tennessee Williams
Mise en scène : Krzysztof Warlikowski
Théâtre national de l’Odéon
Jusqu’au 3 avril.
Marie-Alice Poisson, L3 Humanités