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Le dragon je veux bien, mais c'est quoi le rapport avec l'épée?
Dragon Sword
Dragon Sword (2004) est le genre de film qui te fait dire lors de la première vision : « Bof !». Et puis quand tu y réfléchis un peu plus tard : « En fait il y a ça, ça et ça. C’est plutôt nanar finalement ! ». Typiquement donc, le genre de film qui devient sympathique avec le temps. Il ne faut pas nécessairement attendre des années, bien au contraire, mais prendre seulement un peu de recul, afin d’apprécier pleinement les effets spéciaux ratés, l’histoire saugrenue et le casting bidon. Et quel casting !
Beaucoup d’acteurs connus sont présents, mais lorsqu’on regarde de plus près, on s’aperçoit qu’ils s’agit soit de seconds couteaux, comme Jean Pierre Castaldi ou Micheal Clarke Duncan (John Coffee dans la Ligne Verte), soit de jeunes premiers qui tardent vraiment à éclore au cinéma, comme James Purefoy (Marc Antoine dans Rome), soit d’anciennes gloires qui viennent désespérément chercher un peu d’argent afin de pouvoir survivre dans le marasme d’Hollywood, Patrick Swayze et Val Kilmer. Enfin il y a une dernière catégorie d’acteurs, ou plutôt d’actrices, avec Piper Perabo, qui vous dit quelque chose, mais quoi ? Après vérification, elle a joué dans Coyote Girls et n’est donc connue que par les jeunes adolescentes des années 2000.
Tout au long du film, il y a un décalage entre ce que le réalisateur et les acteurs veulent nous montrer et ce que le spectateur voit à l’écran. Il y tantôt de la bonne volonté, parfois un peu trop d’ailleurs, tantôt une lassitude terrible. En ce qui concerne ce dernier point, cette impression est corroborée par les deux « has-been » du film : Val Kilmer et Patrick Swayze. La brièveté de l’apparition du premier est proprement scandaleuse : en effet on le voit en tout et pour tout dans le film seulement trois ou quatre minutes. Il vient donc clairement « cachetonner ». Quant au deuxième, on sait à quel point il a été un sexe symbol pour les générations précédentes, mais dans Dragon Sword il ressemble d’avantage à Mickey Rourke dans The Wrestler. Son visage est défiguré par la chirurgie esthétique (peut-être à cause de son cancer) et ses longs cheveux blonds (gras) rappellent ceux de l’ancien boxeur.
Parlons maintenant de ce que j’appelle : « l’arnaque à la jaquette » ! Pour concocter une bonne « arnaque à la jaquette », il faut un superbe DVD qui promet monts et merveilles, pour infliger un spectacle proche du néant cinématographique. Je cite quelques exemples ; Vampire Assassin qui fait miroiter du Blade ou même Léviathan avec un pitch de propagande. Ici il en va de même pour les acteurs, qui comme je vous l’ai dit sont, pour la plupart, connus. Au niveau des incohérences, l’histoire n’est pas en reste non plus.
La veille de ses noces avec un comte (Patrick Swayze) la fille (Piper Perabo) du roi Edouard d’Angleterre disparaît mystérieusement. Pendant ce temps là, le chevalier Georges (James Purefoy), traverse la manche afin de rejoindre sa terre natale, accompagné d’un moine (Jean-Pierre Castaldi) qu’il vient de sauver du bûcher, sans que l’on ne sache d’ailleurs pourquoi il a été condamné. Lors de son évasion, notre compatriote nous gratifie d’une superbe fuite en… planche à roulette, version Moyen-Âge. Culte. Enfin, l’ami de Georges, Tarik (Micheal Clarke Duncan) ou Garth, (le nom change durant le film !) s’en va quant à lui en Espagne, afin de défier le plus grand mercenaire de l’époque: Le chevalier noir (Val Kilmer). Àprès un combat d’une mollesse infinie, Tarik se fait tuer. On a envie de dire : « Tout ça pour ça ! » Mais patience.
Georges, rencontre le comte, se lie d’amitié avec lui. Il se retrouve alors embarqué dans la mission de sauvetage de la princesse. Après un assaut des « Pictes » (peuplade d’Ecosse), enfin devrais-je plutôt dire « d’hommes de Cro-Magnon avec des kilts », tant ils sont représentés comme des animaux, voici que notre héros, un serviteur de la princesse et un enfant horripilant se retrouvent isolés du reste du groupe et tentent de retrouver la princesse par leurs propres moyens.
Cette escarmouche me permet d’établir un parallèle entre ce film et un très long épisode de la série Xéna la guerrière. Cela ne parle peut-être pas aux plus jeunes, sauf s’ils ont la TNT, mais c’était une série à la mode dans les années 2000, qui narrait les exploits d’une héroïne lesbienne, le tout dans l’univers de la mythologie grecque. Les monstres étaient mal faits ainsi que les combats qui étaient tout sauf réalistes. En cela qu’il n’y avait pas une goutte de sang à l’écran et que les méchants ne mourraient jamais, ils n’étaient qu’assommés par un coup (du plat de l’épée) sur la tête ou les fesses. Ici c’est exactement la même chose et c’est franchement amusant tant les combats sont mal chorégraphiés et les dialogues risibles. Inutile de vous dire que les Pictes sont stupides et se précipitent quasiment toujours, souvent à plusieurs, vers l’arme tenue par un des héros, afin de se faire assommer. Il faut croire qu’eux aussi ont hâte que le massacre prenne fin.
Les trois compères essaient de retrouver leur chemin dans la forêt, afin de rentrer au camp. Après une journée de marche (alors qu’ils n’ont dû s’éloigner que d’un kilomètre du camp tout au plus), ils se posent autour d’un feu et tentent de reprendre des forces. Lorsque tout à coup ils découvrent une lueur au loin, de l’autre côté du lac. Ils décident donc de s’y rendre, puisque le coin est réputé désert. Sur la route, ils tombent nez à nez avec une énorme bouse (qui se révèlera être celle d’un dragon). Après avoir mis son bras à l’intérieur et senti les excréments (oui il l’a fait !!!!!) Georges nous assène qu’elle est datée de dix à quinze jours. C’est censé être de l’humour graveleux, c’est surtout répugnant !
Finalement ils retrouvent la princesse, celle ci leur avoue qu’elle a été enlevée par un dragon. Mais elle s’est aussi amourachée de son œuf, qu’elle surveille avec attention. Il s’agit du dernier œuf de dragon qui existe sur Terre. Dans un élan de protection des animaux et afin de remercier la maman dragon qui l’a sauvé d’un horrible mariage, la princesse décide de protéger l’œuf. La jeune fille, dont on sait pertinemment qu’elle va finir avec Georges, devient alors des plus insupportables, multipliant les caprices et les brimades à l’encontre du chevalier. C’est là que l’on voit toute la limite du casting. Dragon Sword repose sur deux acteurs qui ne sont pas reconnus et même s’ils tentent de faire bonne figure, ils n’ont pas le charisme nécessaire pour faire reposer sur leurs épaules le poids du film.
À partir du moment où l’histoire est bancale ainsi que le casting, il est difficile de produire un film qui ne sombre pas dans la nanardise totale. Je ne parle volontairement pas des effets spéciaux, notamment ceux qui « représentent » le dragon, tant ils sont poussifs. Le métrage a été tourné en 2004 et les images de synthèse ressemblent à celles d’une cinématique de Playstation 1. Dix ans de retard donc pour un film qui voulait profiter de la vague d’ « heroic-fantasy » qui sévissait alors sur les grands écrans (Le Seigneur des Anneaux), mais qui accouche finalement d’une belle bouse. Qui a dit de « dragon » ?