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DU BINAIRE DANS L'AIR


 

 

 

Du binaire dans l'air

 

   

                                                                                                                                                        h 

 

Plus jamais nous ne pourrons ressentir la peine d'Eddy Mitchel dans « Elle avait les yeux couleurs menthe à l'eau ». Cette peine -lorsque une chanson se délivrait pour une pièce de un franc, lorsque l'on pouvait aborder la fille du jukebox sur la qualité du titre écouté- ne pourra plus jamais être vécue. Aujourd'hui nos formats MP3, nous offrent la douce illusion de posséder toute la musique que le jukebox aurait pu passer, avec la communication de cette musique en moins. Et la musique ne perd-t-elle pas une de ses fonctions premières quand on l'utilise égoïstement? La musique lorsqu'elle se compose sert à transcrire des sentiments, et même si l'écoute du titre se fait toujours, ce changement d'habitude quand à cette art n'est pas sans conséquence.

Il semble que ce moyen d'écouter la musique soit un exemple concret du post-modernisme, où les artistes ne cessent de rompre les codes. Auparavant ces ruptures permettaient aux artistes de se démarquer en offrant un produit musical plus ou moins innovant, et ainsi de gagner sa part du marché. Lorsque les premiers guitaristes utilisèrent la distorsion, ce son brutal et baveux apparut comme une révolution de style pour la jeunesse quand les générations antérieures considéraient cela comme du bruit. Aujourd'hui la musique « électro » pose un problème est-elle toujours une musique, lorsque le principe même du son est brisé? La plupart des amateurs du genre défendent leur musique avec comme argument principale l'analogie avec les débuts du « rock n roll » Mais lorsque la technique de production, la philosophie et plus simplement la musique elle-même nous poussent à remettre vraiment en question ce genre, une réflexion sur ce phénomène à l'image de notre société s'impose.

Justice, un des duos les plus populaires sur la sphère « électro » déclare à ce sujet que ce genre, s'approche plus du montage cinématographique, où les images sont remplacées par des extraits de vinyle ou par des sons que l'informatique a permis de créer ou de reproduire, que de la musique en elle même. La méthode de composition est donc très différente de ce que l'on a pu voir auparavant. Où un musicien touchait, frappait cordes ou peaux de l'instrument; recherchait une certaine harmonie entre les différents instruments, et avec le rythme. Ici l'harmonie réside dans une totale déconstruction du rythme et des sons. Mais alors comment et pourquoi pourrions nous la qualifier de musique? Peut être que ce n'est qu'une attribution gratuite due au post-modernisme, le simple acte de rupture permet-il de devenir art?

Concrètement la musique « électro » est une « rhétorique musicale », ce n'est ni plus, ni moins qu'une autre façon de faire de la musique. Elle peux être seul à elle même ou utilisée pour elle même ou dans d'autre style de musique. C'est véritablement dans les styles d' «  électro », comme le dub, la minimal ou encore la transe que l'on cerne vraiment ce concept musical. L'arborescence est si vaste qu'il est assez difficile de vraiment cerner ce qui en est de ce qui n'en est pas. De David Guetta à Daft Punk en passant par Krawftwerk, les sons et les ambitions de chacun de ces artistes sont si différents que l'on éprouve une grande difficulté et beaucoup d'appréhension à les mettre dans un même grand sac d'« électro ». Le genre « électro » n'a donc que le nom, il faut reconnaître à chaque style un genre à part entière, et parfois à chaque artiste. « le nom » car c'est faire un raccourci intellectuel- comme celui de voir en la possession massive de titres sur un MP3, toute l'étendue que peux offrir la musique- que de croire que l' « électro » est un seul style de cette art. C'est comme s'arrêter à « la peinture » dans la mesure où on utilise des couleurs et du papier, avec ici la musique assisté par ordinateur. L' « électro » n'est donc pas une musique puisque c'est une technique permettant d'offrir à un public une entité musicale originale. Au même titre que les gouaches et huiles transportables ont permis à certains de se lancer dans la reproduction de la nature deux siècles plus tôt.

L'émergence récente de cet audacieux concept, avec ses débuts de popularité dans la fin du vingtième siècle, ne permet pas cependant de conclure aussi nettement sur la définition ainsi faites. Il faudra attendre de voir les influences de cette musique sur des artistes toujours plus innovants avant de pouvoir vraiment discuter de ce qu'il en est. Ceci est simplement une photographie de ce que peut être l' « électro » en 2010. Pour finir, l'ambition de l' « électro » est d'apporter à la musique une application pratique de cette maxime de Godart « Il est bon de connaître les codes, mais il aussi bon de les briser ». Les adeptes de cet étrange phénomène connaisse leurs classiques sur le bout des doigts, et s'amusent à les détourner


Je tient à remercier les lumières de Monsieur V.F, oiseau de nuit et Dj parisien au tigre,qui ont permis la rédaction de cette article. « With wisdom »


Théophile Vast, L1 Humanité

 

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