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Yayoi Kusama, « L'autodestruction est la seule issue ».


        Peintre, sculpteure, performeuse, écrivaine et chanteuse, Yayoi Kusama développe une œuvre atypique et vertigineuse reflétant ses interrogations sur la société, le corps, la psyché. Le Centre Pompidou nous présente la première rétrospective française de cette artiste intrigante et surprenante.



        « Je suis saisie de stupeur. (…) peindre était la seule façon de me garder en vie, ou à l'inverse était une fièvre qui m'acculait en moi-même. » Une fièvre, une hallucination, voilà comment Yayoi Kusama décrit son art, et c'est bien l'impression que nous avons dès les premiers pas dans l'exposition lorsque nous rentrons dans une salle à manger illuminée par des néons violets où tout est recouvert de pois phosphorescents. C'est un univers onirique que le Centre Pompidou nous donne à découvrir dans cette rétrospective sur l'artiste japonaise dont l'influence a été largement sous-estimée. L'exposition est chronologique et l'on voit se dessiner trois parties en fonction des villes où elle travaillait.
     
 Dans la première on voit les débuts de Kusama, au Japon de 1949 à 1957. Encore influencée par le dadaïsme et le surréalisme elle expérimente différents univers dans lesquels on ne peut pas s’empêcher de rentrer au premier coup d’œil. Mais c'est surtout avec l'apparition du motif du pois, majeur dans son travail, que l'on commence à ressentir ce que l'artiste qualifiera plus tard « d'auto-anéantissement face à l'infini ». 
       Puis, New York en 1958. On est face à des tableaux énigmatiques parcourus de touches de peinture, des Réseaux Infinis aux effets presque calligraphiques, pour ensuite faire place au plein. Collages, accumulations, tout un travail sur la société de consommation qui impressionnera Andy Warhol surtout pour la question de reproductibilité des œuvres. Des objets quotidiens, domestiques, recouverts de phallus en tissu qui transfigurent l'objet. Elle commence des happenings où elle se met en abîme, des expériences psychédéliques. Puis des performances où elle s'exhibe et où elle revendique une autonomie physique, sexuelle et intellectuelle.
      Enfin, elle retourne à Tokyo en 1973 et il s'en suit une période plus noire mais qui reste dans la lignée de ses travaux précédents avec des environnements cosmiques où nos sens s’éveillent et nous perdent à la fois. Elle reprend en 1982 la sculpture avec des matières molles dans un travail similaire à celui de Louise Bourgeois, par exemple, nous avons envie de toucher, de malaxer, et c'est pour elle un moyen de connaissance du corps. Ses peintures les plus récentes ressemblent plus à un art primitif à travers lequel elle s'interroge sur la mort et la violence, mais « 
le mystère de la vie a déjà rendu son souffle ».
     Malgré la fin de l'exposition moins intéressante, nous ressortons de cette exposition avec l'impression d’être rentrés dans la psychologie de l'artiste, d'avoir compris toutes ses angoisses et son mal être duquel elle essaye de se libérer avec son art. Yayoi Kusama nous a presque transmis cet aspect compulsif et nécessaire de son travail. Un vrai dialogue s'est installé entre l'artiste et nous. Nous sommes fascinés et nos sens en demandent plus.



Yayoi Kusama au Centre Pompidou de Paris.
Du 10 octobre 2011 au 9 janvier 2012.
www.centrepompidou.fr



 Camille Duverger, L1 Humanités et Arts du Spectacle.

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