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Silence and Darkness, sélection de courtes pièces de Samuel Beckett par la troupe « Mouth On Fire » au Focus Theater de Dublin 13/09/11.

Un spectacle de silence assourdissant et de                 ténèbres lumineuses au pays de Beckett.

 

        Samuel Beckett fit couler beaucoup d'encre sur la façon dont ses œuvres étaient mises en scène et ne supportait pas les fantaisies et expérimentations - sans doute considérait-il ses pièces comme déjà assez expérimentales dans toute leur gloire postmoderniste. Ce fut donc  un grand soulagement d'assister à cette fidèle production de quatre courtes pièces de Beckett par la compagnie Mouth On Fire au Focus Theater, dans la ville même où naquit le dramaturge. Le thème du silence et l'obscurité a été complétée par une aura générale de crasse et de morbidité dont, à mon avis, il aurait été fier.
 
 
        Melissa Nolan place la barre assez haute pour ses collègues comédiens dans le morceau d'ouverture Rockaby. Absolument terrifiante dans sa splendeur gothique, elle offre une performance spectaculaire de la glaçante pièce. Alors que certains peuvent avoir été perturbés par l'absence d'une bascule mécanique, Nolan  bascule vers la mort de son personnage, « la fin d'une longue journée », presque parfaitement. Sans ciller du regard, le visage pâle et impassible.
         Catastrophe est comme une brève pause dans le ton, car léger en comparaison avec le morceau d'ouverture - sachant que l'argument de cette pièce est inspiré à Beckett par l’écrivain prisonnier Vaclav Havel, ce n'est pas une mince affaire. Mais Beckett est un maître de la comédie noire et l’énergie de Jennifer Laverty et l 'humour de Quinn Cathal sont des antidotes forts à la représentation physique sombre de la répression qui domine la scène.
        Ensuite, soucieux que leur public replonge dans l'ombre un instant, on a droit à un spectacle exquis de A Piece of Monologue par Marcus Lamb. Son apparence horrifiante, vêtu d'une salopette sale avec des tresses grasses et les yeux hagards n'a d'égal que l'intensité de son récit répétitif. Lamb livre le récit de vie de son personnage déconstruit avec une sorte d'engagement et de concentration qu'il est rare de trouver même chez les comédiens de haut rang et elle est   accentuée encore par l'intimité du modeste Focus Theater.
         Le quatuor a été complété par Play, l’une des pièces les plus humoristiques de Beckett. Elle met en scène les participants d'un triangle amoureux enfermés dans des urnes, appelés à témoigner lorsqu’ éclairés  par un projecteur manié par un inquisiteur assis parmi le public. Cette pièce exige une bonne dose de précision technique et bien qu’il y eut quelques dérapages avec le projecteur, les acteurs ne vacillèrent pas dans leurs performances. Jennifer Laverty a été particulièrement virulente et Cathal Quinn merveilleusement nonchalant pour un homme dans une urne. Tous les trois (Melissa Nolan complétait le trio) firent honneur au dialogue de Beckett avec leur diction, leurs bouches désincarnées constituant des personnages en elles-mêmes - rappelant la fameuse pièce Not I d’ailleurs.
 
 
Avec « Silence and Darkness » , les Mouth On Fire m’ont donné la possibilité de voir certaines pièces de Beckett moins souvent mises en scène. Il est évident qu'il existe une réelle compréhension et un respect pour le travail du dramaturge et une approche cohérente tout au long de la production des costumes, des décors et de l'éclairage, qui aboutit finalement à une soirée fantastique, comme la capitale irlandaise en a de nombreuses à offrir.
 

 Milena Mc Closkey L1 Humanités

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