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déc.
2

Un quotidien pesant et un égoïsme sacrifié

       Michael Cunningham, Les Heures

 
     Michael Cunnigham est un auteur américain, connu notamment pour avoir écrit La Maison du bout du monde, qui fut un grand succès dans les années 1990. Il a reçu le Prix Pulitzer et le PEN/Folkner Award en 1999 pour son roman Les Heures, qui sera adapté à l’écran en 2003 par Stephen Daldry avec Meryl Streep, Nicole Kidman et Julianne Moore. Directement inspiré de l’auteur britannique Virginia Woolf (1882-1941), Les Heures fait référence au titre qu’elle voulut donner à son roman, Mrs. Dalloway. Celui-là même qui sert à mettre en parallèle les trois héroïnes de Michael Cunningham.  L’auteur nous invite, l’espace d’une journée, dans la vie de trois femmes vivant chacune à une époque différente. Avec ce procédé narratif, on se rend vite  compte des parallèles existants entre les femmes qui incarne chacune un élément important d’une histoire : Virginia Woolf, l’écrivain ; Laura Brown, la lectrice ; et Clarissa Vaughan, le personnage. Avec le même style d’écriture que la célèbre auteure britannique, Mr. Cunningham nous invite à prendre part aux réflexions existentielles de ses personnages que leurs destins lient ensemble dans un très beau dénouement.
      Virginia, qui reçoit chez elle sa famille, fait face à des choix difficiles en écrivant Mrs. Dalloway : comment résumer la vie d’une personne en une seule journée ? Doit-elle tuer son personnage principal ? Elle semble toujours ailleurs et pensive aux yeux de sa famille, surtout lorsqu’ elle se retrouve devant un oiseau mort : elle le regarde comme si elle regardait la mort en face. Pour Laura Brown, qui lit Mrs. Dalloway, son quotidien lui pèse. Chaque jour son mari part au travail la laissant seule avec leur fils. Elle décide de faire un gâteau pour l’anniversaire de son mari, mais à travers cette préparation, elle ressent comme un besoin radical de changer de vie, son train-train elle ne le supporte plus : le roman a une force si puissante sur elle qu’il est capable de modifier sa vie. Clarissa, qui organise une fête pour le prix littéraire qu’a reçu son ami Richard atteint du sida - un ami qui se rend compte qu’il l’empêche de vivre - tient à ce que tout soit parfait, mais les choses ne vont pas dans le même sens qu’elle… 
   Comment en arrive-t-on à préférer la mort à la vie ? Qu’est-ce qui nous pousse à agir ? La mort est un sujet tabou dans le monde occidental, et pourtant Michael Cunningham sait nous en parler de manière poétique bien que dramatique. De plus, Les Heures est définitivement un roman féministe où les femmes cherchent un moyen de fuir l’homme et la famille, essayant de trouver une part d’indépendance… Ces « femmes au foyer désespérées » nous parlent, à travers des gestes simples, de  leur histoire et de leurs désillusions. 
     Les clins d’œil et les parallèles avec Mrs. Dalloway sont légion, mais Michael Cunningham a su exploiter son potentiel pour réaliser une œuvre magnifique, dont les sujets sont toujours d’actualité. 
 
Michael Cunningham 
Les Heures
trad. de l’américain par Anne Damour
Belfond, 242 p., 18€ 
 
Yohann Amphoux, L1 Humanités. 
 
 

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