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La musique baroque (3/3): son apogée et sa fin (1700-1750)

(Cet article est le troisième d'une série de trois. Pour lire le premier, cliquez ici)

L’apogée et la fin de la musique baroque (1700-1750)

Le temps des querelles

Jean-Philippe Rameau (1683-1764), par la richesse de son écriture, est le maître incontesté de l’opéra français à partir des années 1730, aussi bien dans les tragédies lyriques que dans les opéras-ballets ou les comédies lyriques. Dans la querelle des bouffons, il va devenir le représentant de la tradition française de l’opéra.

Cette querelle commence en 1752, avec le succès d’une troupe de chanteurs italiens, les « Bouffons », venus interpréter un opéra-bouffe de Giovanni Battista Pergolèse (1710-1736), La Serva padrona (« La servante maîtresse »). Aussitôt, deux partis s’affrontent : le « parti italien », réuni autour de la Reine, de Rousseau, de Diderot et des encyclopédistes, qui soutient avec ferveur cette musique légère et spontanée contre le lourd appareil de l’opéra français ; et le « parti français », réuni autour du Roi, de Rameau et de l’aristocratie. La querelle dépasse le simple domaine musical : une soixantaine d’écrits polémiques, philosophiques, scientifiques ou satiriques sont imprimés. Le plus célèbre d’entre eux est la Lettre sur la musique française de Jean-Jacques Rousseau (1753). Rousseau y reproche à la musique française, et plus particulièrement à Rameau, son harmonie trop lourde et, pour alléger la musique, il préconise de favoriser la mélodie comme le font les Italiens. C’est le combat de l’harmonie contre la mélodie. On reproche également à la musique française de ne mettre en musique que les sujets mythologiques, alors que les Italiens mettent en musique tous les sujets, y compris les sujets domestiques, comme la Serva Padrona de Pergolèse, qui est une farce domestique.

L’opéra français évolue progressivement en alliant son propre style au modèle italien. Cette progression se fait essentiellement grâce à Christoph Willibald Gluck (1714-1787), qui est le grand réformateur dans les années 1770. Malgré son échec à Paris, il a marqué l’opéra français et a rendu possible une alliance entre les deux partis qui s’opposaient en France, ouvrant une nouvelle voie à la musique française.

Pour écouter un extrait de la Serva Padrona de Pergolèse, « Stizzoso, mio stizzoso », interprété par Renata Scotto, cliquez sur le player :

[flash http://www.youtube.com/watch?v=Yyhz0sbnMa0&feature=related]

Installation de la tonalité

Les réformes ne se font pas qu’en France, mais dans toute l’Europe, où on cherche un tempérament égal, c’est-à-dire la bonne façon de jouer la musique. Le compositeur qui va bouleverser la musique est Jean-Sébastien Bach (1685-1750).

Ce compositeur allemand, à partir de 1722, écrit Le Clavier bien tempéré (en allemand Das wohltemperierte Klavier), qui représente deux cycles de préludes et de fugues dans tous les tons majeurs et mineurs de la gamme chromatique. Il montre ainsi que les tonalités — ce qui va donner la couleur au morceau — sont régies par des règles. Chacune de ces pièces démontre le talent et la maîtrise de ce compositeur, qui a marqué à jamais les règles musicales. Son travail est tel qu'après Bach, la forme du « prélude et fugue », qui avait atteint son apogée, tombe en désuétude, comme s’il n’y avait plus rien à exprimer, à améliorer. À la mort du compositeur, Le Clavier bien tempéré est resté admiré et pratiqué par les plus grands musiciens, et aujourd’hui encore, nous sommes largement influencés par cette musique dite tonale.

Pour conclure, si la musique baroque couvre une longue période et prend différents aspects, elle conserve des caractéristiques nettes : la présence d’une basse continue chiffrée, le goût pour la musique contrapuntique et les ornements, qui donnent toute sa splendeur et sa richesse à la musique et à son interprète. C’est une musique destinée à éblouir et à toucher l’affect du public par le biais d’une machinerie lourde et de compositions musicales savantes.

La période baroque est une époque d’expérimentation et d’audaces, qui a vu une éclosion de traités sur la musique et qui a permis une ouverture pour une nouvelle forme de musique, plus tonale et plus réglementée.

On fait généralement coïncider la fin du baroque, en musique, avec la mort de Bach en 1750, même si la musique dite « classique », qui lui succède, n’est pas encore installée dans tous les pays et que la musique baroque persiste.

Quelques références pour poursuivre la découverte de la musique baroque :

Livres :

-Guide musique baroque, sous la direction de J.-A. Sadie, Fayard, 1995.

-La musique baroque, de C.V. Palisca, Actes Sud, 1999.

-Chroniques musiciennes d'une Europe baroque, de Denis Morrier, Fayard, 2005.

Films :

-Tous les matins du monde, d’Alain Corneau.

-Farinelli : Il Castrato, de Gérard Corbiau.

Lucie Pitzalis (L1)

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