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nov.
21

L'improvisation théâtrale : du théâtre, sans tout le théâtre

Quand on dit théâtre, on pense tout de suite à certains dramaturges : Molière, Racine, Shakespeare... Ou encore aux lieux mêmes : des scènes encadrées de rideaux rouges face à des salles remplies de fauteuils où siègent des spectateurs avides de sensations, de nouvelles mises en scènes, ou simplement venus dans le but de retrouver des œuvres qu’ils chérissent. Bref, quand on dit théâtre, on a tendance à oublier qu'il peut exister sous d'autres formes, et à ne pas considérer les dérivés auxquels il a donné naissance depuis sa création. L’improvisation théâtrale, plus exactement le match d’improvisation théâtrale, fait partie de ces formes de représentation que l’on a tendance à vite juger, ignorer ou sous-estimer.

Tout d’abord, commençons par évoquer son histoire. Le match d'improvisation théâtrale est un concept qui a été créé le 21 octobre 1977 au Québec, dans le cadre du Théâtre Expérimental de Montréal, par Robert Gravel, qui souhaitait expérimenter de nouvelles formes théâtrales et approches du public. Le théâtre ayant la réputation de n’être accessible qu’à certaines classes sociales, Robert Gravel décida de casser cet élitisme en utilisant, sur le registre de la parodie, la forme d'un sport rassemblant bien plus de spectateurs : le très populaire hockey sur glace.

Cette forme de théâtre originale présente donc des comédiens, vêtus de maillots de hockey, et répartis en deux équipes (composées de trois hommes et trois femmes, parité oblige) s'affrontant dans le décor d'une patinoire (sans glace, évidemment), et créant des histoires à partir de thèmes qu'elles ne connaissent pas. Ces thèmes sont tirés au sort par un arbitre (strict et impartial) accompagné de deux assesseurs, et définissent également les conditions de l'improvisation : sa durée et la manière dont elle doit être jouée (on peut, par exemple, confronter les comédiens à de grands classiques du théâtre et de la littérature, ou bien les mettre face à des catégories plus communes de représentations, telles que les spots publicitaires, ou les bandes annonces de film).

Si la composition des matchs d’improvisation semble complexe, nous pouvons cependant les résumer en disant qu’il s’agit non seulement d'un théâtre sans décor ni accessoire, mais également d'un théâtre requérant un véritable travail d’imagination, d’assurance et d’exposition de la part du comédien. Du théâtre sans tout le théâtre donc ? Il faut le voir pour y croire. Les matchs d’improvisation se sont aujourd’hui beaucoup répandus, et on compte l’existence de nombreuses ligues d’improvisations qui continuent de répandre l’invention canadienne, et bien souvent devant des salles pleines. Une garantie : jamais vous ne verrez le même spectacle. Tout ce qui se joue devant vous est unique, et a lieu sans aucune préparation préalable. Et pourtant ce spectacle se suffit à lui-même, il se régénère et renaît sous une forme différente à chaque fois ! Et cela, le théâtre classique, bien qu'il conserve toute son importance, et perdure de générations en générations, ne pourra jamais y parvenir.

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