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Au temps d'Alexandre le Grand...
Je m’appelle Xanthos, et fus autrefois l’un des nombreux messagers de l’empereur Alexandre le Grand.
C’est un des hommes de l’empereur, un grand gaillard appelé Darius, qui, à l’aube de mes quinze ans, vint me chercher dans l’atelier de mon père, pour me conduire au palais : j’avais eu l’immense honneur d’être recruté pour servir notre empereur tout puissant.
N’ayant jamais quitté ma ville natale d’Amphipolis, je fus, du jour au lendemain, amené à voyager dans toute la péninsule.
Dans ma vingtième année, je fus dépêché à Athènes pour délivrer un message à un puissant mercenaire de la Cité. En approchant de la ville, de loin, je pus apercevoir, s’élevant à travers les brumes matinales, la colline sacrée d’Athéna, déesse de la Guerre et de la Sagesse. Puis je parvins à l’agora et montai à l’Acropole. Je me rendis d’abord à la fontaine sacrée, afin d’y purifier mon corps. Puis je me dirigeai vers le Parthénon. Sur le parvis du temple, je me laissai tomber, accablé soudain par la fatigue. Il se passa alors une chose étonnante. Je sentis une force inconnue, réconfortante et bienveillante s’emparer de mon être, et une chaleur irradier mon corps.
Par la suite, les uns après les autres, je visitai chacun des temples, des sanctuaires de notre belle Grèce, y trouvant toujours la force de repartir.
A Delphes, quelques lunes plus tard, je pus assister aux jugements du divin Apollon rendus par la Pythie. C’était un spectacle étrange. Les consultants se pressaient de tous côtés autour de la prêtresse en transe, assise sur un trépied et entourée de vapeurs enivrantes tout droit sorties du Centre de la Terre. Elle indiquait à chacun son avenir, en mâchonnant des feuilles de lauriers. L‘on venait des contrées les plus lointaines lui demander clairvoyance et conseils.
Mais c’est à Olympie que je vis ce qui devait me marquer le plus. Alors que je me trouvais dans la cité depuis quelques heures, avec pour mission de récupérer le message envoyé par un eunuque à l’impératrice Roxane — une transaction de la plus haute importance, donc — j’eus soudain l’envie d’aller faire un tour du côté du stade, où se déroulaient les jeux. Quel spectacle inoubliable ! Toutes les cités de la Grèce avaient envoyé leurs meilleurs représentants sportifs — de véritables demi-dieux, aux corps de géants, aux muscles saillants, comme taillés dans la pierre. Et tandis que les luttes redoublaient d’intensité et de violence, j’assistai aux plus extraordinaires combats qui aient jamais existé - saisissants, hypnotiques et magnifiquement terrifiants.
Tous mes voyages ont nourri mes yeux et mon imagination, mais le seul endroit en ce monde qui puisse nourrir mon cœur, je le comprends maintenant, c’est ma ville natale. C’est là, auprès de ma douce et sage Helénê, et de ma longue descendance, que j’aspire à finir ma vie.
Il n’est pas de plus grand réconfort au cœur d’un homme que celui d’être chez soi.
Justine Leuthe – L1 Humanités