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Quelques impressions d'un "Nassara" au Burkina Faso
Ouagadougou, métropole en éternelle construction, poubelle à ciel ouvert. La chaleur, les odeurs, le bruit, le désordre assaillent l’étranger dès sa sortie de l’aéroport. Le voilà noyé dans les effluves de pots d’échappement, au milieu des klaxons, des scooters et des vendeurs à la sauvette. Sa couleur de peau accroche le regard des commerçants : il est pour eux une opportunité. Et dans cette cohue permanente, son identité individuelle se perd au profit d’une autre plus générale : celle de « Nassara » (ou Blanc).
Bousculé, sans cesse sollicité, il déambule dans la ville comme au sein d’un rêve diurne…
Toutefois, s’il prend la peine de quitter le bord de ce vaisseau ballotté par une houle incessante, et de s’enfoncer dans un Burkina plus traditionnel, c’est un autre pays qui s’offrira à lui. Un pays épargné par la folie urbaine et qui, au contraire, profondément détaché des biens matériels qui constituaient son quotidien d’autrefois, saura lui apprendre la vraie valeur des choses et éclairer sa conscience.
Les habitants, certes, arrêteront encore automatiquement leur attention sur lui, le laissant à la fois hésitant et intrigué, face à tous ces regards où, lui semble-t-il, à la curiosité vient s’entremêler comme une forme d’admiration secrète. C’est que l’étranger qui part à la découverte du Burkina Faso garde le souvenir de l’intérêt financier qui anime les habitants de la grande ville, et de leur âpreté au gain, et qu’il se méfie.
Mais heureusement, son désir de connaître le poussera à passer outre ses réticences premières, et à vouloir aller plus loin. Et ce qu’il découvrira alors, derrière ces yeux écarquillés et ses sourires timides, c’est bien de l’intérêt, certes, mais d’une tout autre nature : désireux d’un véritable échange, d’un véritable partage culturel. En définitive, semblable au sien.
Il s’étonnera, au travers des poignées de mains, salutations et présentations, de la hiérarchie mise en place entre les différents individus, selon leur rang social, leurs conditions physiques, leur sexe, leur âge, et du poids des traditions et des coutumes régissant non seulement les modes de vie et de pensée des habitants, mais également les mœurs et les valeurs qui sont les leurs. Et sans doute ces premiers contacts lui laisseront-ils le sentiment d’une population rurale encore très arriérée, contrastant profondément avec celle des villes où les mentalités ont déjà évolué.
De fait, de son séjour au Burkina Faso, le voyageur occidental emportera d’abord l’image d’un pays à deux visages, à deux vitesses. D’un pays où l’individualisme moderne côtoie constamment les traditions ancestrales ; et où il est possible, aussi, en plein milieu du quartier des villas modernes de la capitale, de voir passer quatre chevaux blancs galopant en liberté...
Gaétane Taillepied de Bondy – L1 Humanités