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janv.
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XXI, numéro 20, automne 2012

 Qu'est-ce qui nous fait remarquer un ouvrage ? Qu'est ce qui fait que c'est celui-ci et non pas son voisin que l'on va ouvrir et feuilleter ? Ce qui attire tout d'abord dans XXI c'est la revue en elle-même. Un format différent, des couleurs qui attirent l’œil, un grand portrait sur la couverture et des gros titres pleins de mystères. XXI, c'est en premier lieu, un véritable objet d'art. Alors voilà, quand on le voit, on est déjà embarqué, destiné à l'ouvrir, à faire tourner ses pages épaisses, poussé par une curiosité dévorante de savoir ce qui se cache derrière cette première page acidulée aux titres surprenants : « le diplomate du 9-3 », « les robinsons d'Amérique », « secrets de famille au cœur du monde juif » et encore « Congo les revenants ». On ouvre la revue au hasard : une photo en noir et blanc surplombe un texte ; en légende, Des Cambodgiens fuyant Phnom Penh, 17 avril 1975. Intrigué, on tourne les pages pour arriver au début de l'article. Il s'agit d'un entretien avec Rithy Panh, un cinéaste cambodgien. On passe, les feuilles volent et défile sous nos yeux une succession de dessins, de photos et bien sûr de textes.

  XXI, c'est ça : la découverte d'une nouvelle sorte de lecture, d'un nouveau type de journalisme. Ici un reportage photo retraçant quatre ans passés à sillonner les coins les plus déserts des États-Unis et à rencontrer ces hommes qui y vivent, ces « robinsons » disparus des registres officiels, qui « ne rejettent pas la technologie, mais la consommation ». Là, le récit d'une jeune israélienne, Noa, qui tente de renouer contact avec une branche palestinienne de sa famille, dont elle découvre l'existence par hasard. Elle raconte ses recherches, ses retrouvailles et les réactions des deux côtés de la famille. Ici encore un reportage BD ou récit graphique intitulé Les revenants et retraçant la rentrée au pays de milliers de Rwandais, majoritairement Hutus, après leur fuite au Congo au moment du génocide. Et là « le thé ou l'électricité », qui décrit les conséquences de l'arrivée de l'électricité dans un petit village de la montagne marocaine, qui vivait dans un autre temps jusque-là.

XXI, ce sont ces récits, ce sont ces vies, ces histoires aux couleurs du monde, violentes, émouvantes, drôles...  et toujours humaines. XXI n'est pas un journal d'actualités. Ou plutôt il l'est mais dans la mesure où il veut décrire le monde présent, celui du XXIème siècle, qui est en train de s'écrire et dont les quotidiens si différents des hommes de tous les continents font l'actualité et écrivent l’histoire. Alors, décrire la vie de Nili, juive, Hamoudi, arabe et de leur fille Tamara à Jérusalem c'est écrire le XXIème siècle ; au même titre que de parler de Harry Marne, conciliateur bénévole de 70 ans à Drancy, en Seine-Saint-Denis.

  XXI, ce sont des passionnés, des reporters, des écrivains, des photoreporters, des dessinateurs de BD qui, après des mois, voire des années, sur le terrain, tentent de comprendre le monde ou, du moins, de nous faire part de ses réalités multiples. Et au fil des pages, on apprend en effet. On découvre des vies qu'on ne soupçonnait pas, des réalités si lointaines des nôtres qu'on ne pouvait les imaginer. On découvre un monde aux mille facettes et aux mille couleurs.
 
  XXI, c'est donc un trimestriel qui donne la parole à ces milliers d'anonymes. Les journalistes de cette revue ne décrivent pas le génocide des Tutsis, le conflit israélo-palestinien, la vie dans les cités des banlieues parisiennes : ils les font vivre. Ils n'ont pas pour volonté de révéler de façon objective ces événements, à la manière des journaux s’intéressant à l'actualité immédiate. Ils rapportent des témoignages, ils décrivent des vies. Ils ne présentent pas des faits, mais racontent des histoires...vraies. Alors, comme un roman, ou un poème, ces histoires-là nous permettent aussi de mieux percevoir la réalité.
 
   Cette phrase : « Derrière chaque récit, il y a tout un monde » clôt l'éditorial de ce trimestre-ci. C'est ça XXI.
 
            Emilie Oudet, L1 Humanités

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