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Le Magasin Des Suicides

Laura.vandenhede - Posted on 06 janvier 2013

                Charmant commerce, ce magasin des suicides ! Chaleureuse famille, ces Tuvache ! Avec leur sens du marketing, ils vendraient une œuvre d’art à un aveugle. En l’occurrence, tâche plus aisée, ils vendent cordes, poisons et autres outils pratiques à des dépressifs. Et ce n’est pas ce qui manque. Eux-mêmes sont tristes à souhait, leurs enfants n’échappent pas à la règle… jusqu’à la naissance d’Alan, leur pire cauchemar : l’enfant est joyeux.

Après la trilogie des Bronzés, Ridicule (1996) et Voir la mer (2011), Patrice Leconte prend un autre virage artistique en adaptant ici le roman de Jean Teulé. Il est visiblement sous l’influence de Tim Burton pour ce qui est de l’esprit des chansons, de l’humour noir très poussé… Les amateurs du genre se régaleront tant celui-ci est manié avec finesse, et apprécieront également le décalage créé avec la bonne humeur de l’enfant. Sa joie de vivre, inhérente à son âge, nous paraît excessive, placée dans un contexte de tristesse généralisée, de noirceur ambiante.

Ce que l’on peut cependant reprocher au film de Leconte, ce sont ses nombreuses infidélités à l’œuvre originale qui, bien que compréhensibles, privent en partie l’histoire de sa progression logique : le jeune Alan, censé « contaminer » sa famille par sa bonne humeur, met ici en œuvre un stratagème rapide, radical, qui impose le changement sans douceur, ni réalisme. De même, la relation amoureuse de la grande sœur est amenée trop soudainement pour être crédible (même si l’on croit aux coups de foudre), ce qui fait perdre à l’histoire un peu de son charme enfantin. On a donc là une jolie fable tout en musique sur l’importance de garder le sourire, thème apparemment un peu léger mais abordé avec la plus grande noirceur : on n’hésite pas à montrer des suicides, moments intenses très justement servis par une musique originale. On salue également la qualité des dessins et leur candeur teintée de tristesse, sui enchantent le spectateur en même temps qu’ils lui montrent des images parfois dures.

Le Magasin des Suicides remplit donc sa fonction principale de divertissement, mais parvient également à désacraliser le thème de la mort en l’abordant sans tabou et, paradoxalement, avec le sourire.

 

                                                                                                                                     Laura Vandenhede

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