George Orwell : 1984
« Big Brother is watching you. » Tout le monde, de nos jours, connaît cette phrase. Elle est tirée du roman 1984 de George Orwell. Cette œuvre de science-fiction, écrite en 1948, nous dépeint la rivalité de trois superpuissances rivales règnant en souveraines sur le monde : Océania, Eurasia et Estasia. L'histoire se déroule en Océania, un super-pays qui « comprend les Amériques, les îles de l'Atlantique, y compris les îles Britanniques, l'Australie et le Sud de l'Afrique ». L’on y suit Winston Smith, un homme de trente-neuf ans habitant la ville de Londres — un Londres que le futur a métamorphosé et qui est divisé en plusieurs quartiers : le quartier des membres du « Parti », d’une part, lui-même divisé entre les habitations des membres du «Parti intérieur » et celles des membres du «Parti extérieur », et, d’autre part, les quartiers des «prolétaires ».
Smith, comme tous les habitants d’Océania (excepté les « prolétaires », livrés à eux-mêmes dans des quartiers insalubres) est sans cesse surveillé par le « Parti ». En effet celui-ci, autorité au pouvoir en Océania, est omniscient, omniprésent, omnipotent et contrôle tout dans la vie des habitants, jusqu'à leur sommeil. A chaque coin de rue se trouvent des affiches surdimensionnées représentant la tête du leader du « Parti », Big Brother, dont le regard perçant semble suivre et épier toutes les personnes passant devant lui. La surveillance des membres du « Parti » est assurée 24h / 24 grâce notamment aux « télécrans », sortes de caméras hypersensibles filmant tout et captant le moindre son, obligatoires dans tous les domiciles. En outre, chaque personne est également étroitement surveillée par ses voisins, ses collègues de bureau, voire sa propre famille, qui s'empressent de dénoncer à la « Police de la Pensée » tout agissement suspect, non conforme aux règles du « Parti ».
Bien plus : non content de contrôler la vie de chacun de ces citoyens, le « Parti » a également arrêté l'Histoire en effaçant le passé, et en s’appliquant à contrôler le présent de manière à ce que rien ne change dans l'avenir. Ainsi le travail de Winston Smith consiste-t-il à corriger les articles de journaux où le « Parti » a pu se tromper sur telle ou telle prévision — le « Parti » ayant toujours raison et étant le seul à décider de ce qui se passera comme de ce qui s'est passé. Par exemple, lorsqu’Océania, qui est constamment en guerre contre l'une des deux autres puissances, change d’adversaire, le « Parti» modifie tout ce qui est dit du passé pour faire croire qu’ aucun changement n’a eu lieu et qu’Océania a toujours été en guerre avec telle puissance et alliée avec l'autre.
Mais ce contrôle du passé ne peut se faire qu'avec le concours des citoyens, acceptant d’oublier eux-mêmes ce qui s'est réellement produit, et de se laisser imposer leurs souvenirs par le « Parti ». Tous, de fait, sont pourvus de ce qui, en « novlangue » — la langue d’Océania qui tend à remplacer l'anglais — est appelé la « double pensée », et sont capables d’oublier l'événement modifié, puis l'acte même de l’avoir oublié. Ce qui finit par réellement changer le passé. Et dans cette société, toute personne qui envisage, ne serait-ce que par la pensée, un semblant de rébellion contre le « Parti » est punie de tortures atroces et destiné à disparaître définitivement : physiquement, mais aussi jusque dans les registres de l’administration et le souvenir même de ceux qui l’ont connu.
Dans ce roman qui ne peut finir que mal, le génie de George Orwell plonge le lecteur dans un malaise dont il ne se remet que longtemps après avoir fermé le livre. La description de cette société malsaine à tout point de vue captive le lecteur autant qu'il le choque et le révulse. Il arrive ainsi que le lecteur s'arrête dans sa lecture à certains passages du texte, pétrifié par tant d'horreur, presque les larmes aux yeux à imaginer pareille société. Bref, un roman dérangeant.
Félix Martineau – L1 Humanités