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"Largo Winch", de Jérôme Salle (2008)
Quand le milliardaire Nerio Winch est retrouvé noyé, beaucoup de questions se posent. On veut savoir ce qui s’est passé, mais surtout qui succèdera au fondateur du puissant groupe W. Sa mort est vite déclarée accidentelle, mais reste le problème de la succession. Nerio avait, semble-t-il, pris ses précautions en adoptant un garçon, une trentaine d’années plus tôt, pour en faire son héritier. Ce dernier, prénommé Largo, n’est pas prêt à faire son entrée dans le monde de l’économie : emprisonné pour possession de drogue au même moment, le jeune rebelle n’a pas le profil de son père. Mais il réapparait, remet en cause la thèse de l'accident... et dérange, car d’autres souhaitaient succéder à Nério Winch.
Eloge à Tomer Sisley
On sait tous que Tomer Sisley est un humoriste, mais on ne sait pas trop ce qu’il fait. Il n’a pas connu le succès d'un Jamel Debbouze ou d'un Gad Elmaleh, mais il est évident que ce film va lui ouvrir beaucoup de portes. Rebelle avec classe, Tomer Sisley/Largo Winch impose sa présence. Malgré l’importante différence physique avec le personnage de BD qu’il incarne, il a tout à fait le profil de « l’héritier malgré lui ». Cet avis est partagé par le dessinateur de la bande dessinée, Jean Van Hamme, qui, lors de l'avant-première organisée par AlloCiné, a salué la prestation de l'acteur. Avec son accent américain parfait, notre héros nous émerveille tout au long du film. De même, le jonglage entre le français, le serbe et l’anglais est très agréable, car il met en valeur un Largo polyglotte et un film finalement universel.
Mélanie Thierry passe de l’ange au démon
On l’a vue cette même année jouer la vierge dans "Babylon A.D", rôle qui lui allait à merveille grâce à sa « blondeur innocente », ses beaux yeux bleus et son regard perdu. Ici, on la retrouve dans un rôle tout à fait différent, on pourrait même dire opposé : la tigresse au double jeu qui ment, qui tue... et qui n’est plus si vierge que cela!
Un film à l'américaine ?
Il est difficile de faire un bon film d’action sans risquer d’"américaniser" la chose. C’était pourtant l’intention de Jérôme Salle lorsqu’il s’est lancé dans ce projet. Il y a vraiment mis du sien, et pour cause : il a pris en majeure partie des acteurs français, a refusé de tourner à New York (là où se trouve le groupe « W » dans la BD) et a favorisé Hong Kong pour poursuivre le boycott. Mais tout cela paraît pourtant inefficace et le film se fait même «traiter » de « James bond à la française », ce qui fait cauchemarder le réalisateur. C'est pourtant justifié : lorsqu’on voit le film, on ne peut que ressentir l’inspiration américaine, des scènes d’action à l’histoire d’amour. On a les cascades, les méchants qu’on croyait gentils, les gentils qu’on croyait méchants, les trahisons, les surprises finales. Bref, chassez l'Amérique et l'Amérique revient au galop ! Les blagues, en revanche, sont bien françaises pour la plupart, peu prévisibles et bien senties. S'il y a bien quelque chose qu’on ne nous volera pas, c’est l’humour français!
Côté structure, les scènes du début sont un peu trop séquencées. On montre des images du passé et du présent simplement pour expliquer la situation au spectateur. Le procédé permet de maintenir le suspense, mais il est légèrement désagréable, car on se sent perdu à force d'être confronté à tant d'informations simultanées. Par la suite, les séquences sont beaucoup plus agréables, quand on commence peu à peu à bien comprendre l'histoire et l'enjeu.
Il n'empêche que le film est vraiment réussi : moment très agréable garanti! Les paysages sont somptueux, les acteurs, surprenants. Tomer Sisley nous hypnotise avec son anglais parfait et sa présence. Mélanie Thierry est belle et féroce. Gilbert Melki est sympathique dans un rôle qui rappelle celui d'Alfred, le majordome de Batman, calme, dévoué et presque un second père. Bref, un film divertissant et captivant grâce à des acteurs bien choisis.
Sarah Rashidian (L2)