- Cette séance a réuni 13 personnes, dont O. Renaut, maître de conférences en philosophie, cinq étudiants de licence Humanités, quatre étudiants en philosophie, deux étudiants en lettres et un étudiant en psychologie.
- Le débat a débuté par un exposé explicatif sur les enjeux d'une telle notion, mené par Lucile Geoffray, étudiante en troisième année de licence Humanités. Voici un résumé:
La bioéthique est une branche de l'éthique comme on la conçoit en philosophie, mais celle-ci se focalise sur la recherche des normes morales, précisément dans le domaine du vivant, y compris dans le domaine médical, qu'il s'agisse de la recherche ou des applications des résultats.
La bioéthique est désormais un sujet d'actualité qui interroge régulièrement nos esprits. Nous sommes en effet face à des applications inédites de par l'avancée de la recherche dans le domaine du vivant. L'intérêt suscité par le sujet s'explique sans doute par la pluridisciplinarité des enjeux et la diversité des domaines en liaison avec la bioéthique - scientifiques, médicaux, biologiques mais aussi philosophiques -, interrogeant le droit comme la théologie.
En ce moment même, la législation française se penche sur le problème que pose la bioéthique : "les États Généraux de la bioéthique" (cf. liens) sont organisés durant le premier semestre 2009 dans le cadre de la révision de la loi de 2004.
Un peu d'histoire: Le terme "bioéthique" est né en 1945 lors du procès des médecins nazis, aboutissant à la création du code de Nuremberg, qui fixe des principes sur l'expérimentation médicale humaine. La République de Weimar avait cependant déjà statué, dans les années 1930, sur la notion de protection des personnes dans les pratiques de la recherche.
En 1979, T. Beauchamp et J. Childress présentent dans leur livre Principles of biomedical ethics quatre grands principes de bioéthique, qui apportent un certain cadre: le principe de bienfaisance, le principe de non-malfaisance, le principe d'autonomie, le principe de justice.
Des questionnements s'offrent donc régulièrement à nous, notamment à partir de faits d'actualité, comme l'euthanasie, la fécondation in vitro, le don anonyme d'ovocytes et de spermatozoïdes. On justifie souvent ces pratiques en faisant appel à la volonté individuelle: le droit de mourir, le droit de satisfaire le désir d'enfant biologique ou le biologique désir d'enfant. On songe à ces cas extrêmes d'actualité : cette mère autorisée à recueillir la semence de son fils décédé, ou cette femme qui a accouché de huit enfants suite à une fécondation in vitro.
Ces sujets provoquent aussi un questionnement plus large sur le rôle de médecine, de la science, des représentations dans ces applications. De quelle manière et dans quelle mesure peut-on dissocier les connaissances scientifiques de toute idéologie?
Les lois bioéthiques sont-elles concevables, utiles si elles ne sont pas universelles?
- La discussion a mis en perspective trois grands problèmes:
-la question de l'interdisciplinarité dans la recherche sur la bioéthique. La bioéthique n'est-elle qu'une affaire de scientifiques ou faut-il faire intervenir d'autres experts (philosophes, théologiens)? Comment trouver un accord dans ces conditions? Qui doit en juger?
-la question de la bioéthique dans un système d'échange, la question de la marchandisation des corps.
-la question des limites. Jusqu'où peut-on aller? Où placer la limite?