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Un Homme d'Exception (A Beautiful Mind), de Ron Howard (2001)

antoninborgo - Posted on 25 novembre 2009


          Lorsqu’on évoque Russel Crowe, on a toujours à l’esprit l’invincible Maximus au milieu du Colisée aux prises avec une poignée de gladiateurs. Pourtant, un an après Gladiator de Ridley Scott, c’est un tout autre rôle qu’il incarne dans Un Homme d’Exception, film de Ron Howard sorti en 2001 et récompensé par quatre Oscars. Ici, pas de valeurs guerrières ni de combats sanglants : Russel Crowe incarne l’illustre mathématicien John Nash, né en 1928 et toujours vivant.
           Le film commence dans les années 50, à l’entrée de John Nash dans une prestigieuse école. On remarque tout de suite ce personnage qui détonne parmi tous les autres élèves sophistiqués. Nash est un surdoué, mais au dépens de ses relations avec les autres : démarche mal assurée, regard fuyant, à la fois curieux, maladroit avec les filles, « [il]en veu[t] seulement au monde entier ». Il est obsédé par ses recherches et passe par exemple des heures à observer des pigeons pour déterminer un algorithme capable de définir leur mouvement. Il veut trouver l’idée qui le propulsera au premier plan, mais n’y arrive pas et commence à sombrer dans la dépression. Son colocataire, Charles, l’invite à s’ouvrir au monde et à ne pas rester enfermé dans la bibliothèque. C’est ainsi, en essayant de trouver la meilleure façon d’aborder une belle blonde dans un bar, qu’il élabore sa « Théorie des jeux », qui a bouleversé les doctrines de l’économiste Adam Smith.
         Il est désormais reconnu parmi ses pairs comme un brillant mathématicien, et le voilà convoqué au Pentagone en pleine Guerre Froide pour décrypter des codes soviétiques cachés dans les magasines et les journaux. Parallèlement à son activité, il épouse une de ses élèves, Alicia, à qui il ne dit rien de son travail classé « secret défense ».  Mais les Russes veulent se débarrasser de ce mathématicien gênant. Il est désormais espionné, suivi et traqué. Alors qu’il faisait une conférence, il est emmené de force par un homme, le psychiatre Rosen, qui lui révèle sa schizophrénie paranoïde. Il n’y a jamais eu de colocataire nommé Charles, il n’y a jamais eu de complot soviétique et il n’y a jamais eu de codes cachés dans les journaux, excepté dans la tête du Pr Nash.
         On entre ici dans la deuxième partie du film et on quitte totalement l’ambiance légère de l’époque universitaire. Le psychiatre Rosen essaye de faire comprendre la maladie de Nash à sa femme : « Imaginez que vous appreniez tout à coup, que les gens, les endroits, les moments les plus importants pour vous, ne sont ni passés ni morts, mais pire, imaginez qu’ils n’aient jamais existé ». On suit désormais l’évolution de Nash avec sa maladie. Comme lui, on ne distingue plus réel et imaginaire et on assiste, impuissant, aux dangereuses conséquences pour son entourage. C’est une véritable descente aux enfers pour ce mathématicien qui ne parvient même plus à raisonner - sa seule raison de vivre. Il n’arrivera jamais à se débarrasser complètement de ses hallucinations, mais parviendra à cohabiter avec elles et à reprendre le contrôle de son esprit. Il obtiendra ainsi  le prix Nobel en 1994.
          Ce film est tout à fait surprenant, porté de plus par une bande originale envoûtante qui confère au film une atmosphère quasi fantastique. Russel Crowe y est stupéfiant et inattendu. On imaginait mal cet acteur interpréter un mathématicien schizophrène. Il parvient admirablement bien à recréer le désordre psychique du personnage par un simple regard. Le film montre clairement l’évolution de la maladie et les différentes étapes que le héros doit franchir pour surmonter sa maladie, et c’est ce qui fait de lui un homme d’exception.
Antonin Borgo (L1 Humanités)

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